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Lifestyle - Festival International du film de Marrakech

Guillermo del Toro aux jeunes cinéastes : N’oubliez pas d’emporter avec vous votre passeport, mais aussi vos racines

Durant une heure trente, le metteur en scène a converti plus d’un infidèle.

Le metteur en scène mexicain Guillermo del Toro au Festival international de Marrakech. Photo AFP/Fadel Senna

Devant un parterre d’aficionados, de curieux, de fidèles à son cinéma – car quand on rentre dans son univers comme on rentre en religion –, Guillermo del Toro, metteur en scène mexicain de Labyrinthe de Pan et de The Shape of Water (Oscar du meilleur film 2017), a livré dans cette conversation, qui allait au-delà de son format même, une véritable leçon de cinéma et de vie. « Cette vie à qui seule la mort donne un sens. »

Guillermo del Toro qui, à la fin de chaque phrase évoque avec humour le couscous qui lui donne cet embonpoint, est remonté à son enfance : ses fantômes, la légion de monstres qui l’ont accompagné, qu’il a domptés et qui, grâce à la magie du cinéma, deviendront des demi-dieux et souvent ses amis.

Son enfance ? Elle est peuplée d’images saintes, d’une mère qui brandit le péché originel à toute occasion, d’un papa qui achète une encyclopédie de la santé et qui fait du petit Guillermo « le plus jeune hypocondriaque ». « Ce sont l’art, l’amitié, l’amour qui font de vous un humain », dit-il en évoquant ses expériences passées. Des paroles qui créent l’émotion dans la salle comble et qui, spontanément, tissent des liens entre des personnes qui ne se connaissent pas mais qui se sont retrouvées pour s’inspirer de cette philosophie, voire de ce regard plein d’humanité porté sur l’existence. « L’acte de regarder est si personnel et puissant qu’il provoque une empathie. » Les yeux sont d’ailleurs si présents dans son cinéma qu’ils en deviennent prédominants. « Le plus grand acte d’amour est de regarder l’autre, dira-t-il encore. Regarder l’autre au fond de lui-même au-delà de toute la couverture qui l’entoure et briser les barrières des différences. Nous pouvons parler de la même chose mais chaque vision sera différente », poursuit-il.


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Échecs et positivité
Le cinéaste a bien évidemment évoqué ses débuts en cinéma et sa trajectoire. « Aujourd’hui, la vie des autres semble belle, un peu comme dans Instagram mais le long Instagram de notre vie peut être bourré de peines. Le mien est jalonné d’échecs. Mais cela ne me dérange pas, dit-il, car l’échec est le fuel de ma vie. J’ai certainement de la peine parce que mon film Crimson Peak n’a pas été compris, mais j’ai appris et je vais de l’avant. Je continue à filmer. D’ailleurs, ce n’est pas le succès qui m’intéresse, mais uniquement l’empathie. Que le public comprenne ce que j’ai voulu exprimer. Si vous aimez Crimson Peak, alors vous êtes mon ami », s’esclaffe-t-il.

Guillermo del Toro livre ses petits secrets, son know how en ces termes : « Rien n’est aléatoire dans mes films : le choix des couleurs, des vêtements, des objets, des mouvements. Le choix d’un habit ou même de chaussures nous informe sur le personnage. Ainsi, le costume de Cary Grant dans Vertigo est pour moi le Mona Lisa des vêtements. La garde-robe est le dialogue entre chacun et le monde. Quant à la mise en scène, elle doit ressembler à une symphonie. Les mouvements et les rythmes sont une sorte de mélodie et les acteurs évoluent comme dans une danse. »

Difficile de rapporter tout ce que ce monsieur généreux est venu partager avec son public à Marrakech mais la salle semblait plongée dans un silence presque sacré surtout lorsqu’il conseille à un jeune cinéaste marocain qui veut embrasser le métier : « N’oubliez pas d’emporter avec vous votre passeport, mais aussi vos racines. »


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