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À La Une - Conflit

Attaque chimique présumée en Syrie : un prélude à une offensive contre Idleb ?

"Cette affaire peut être utilisée par le régime, avec le soutien tacite ou la participation militaire active de son allié russe, afin de tenter de reconquérir Idleb", juge Julien Théron, de l'Institut d'études politiques de Paris.

Un garçon syrien soigné dans un hôpital d'Alep, le 24 novembre 2018. AFP / George OURFALIAN

La trêve observée de facto dans le nord de la Syrie semble plus que jamais fragilisée après une attaque chimique présumée à Alep, sous contrôle du régime syrien, qui a provoqué des représailles russes. Si les circonstances exactes de cette attaque samedi demeurent floues, elle risque de fragiliser l'accord déjà précaire conclu entre Moscou et Ankara le 17 septembre pour empêcher une offensive d'envergure des forces syriennes contre Idleb, ultime bastion insurgé en Syrie.

Que s'est-il passé samedi?

Les médias syriens ont accusé des "groupes terroristes" -une terminologie habituelle du régime qui ne fait pas de distinction entre jihadistes et rebelles- d'avoir mené samedi soir une attaque au "gaz toxique" dans trois quartiers d'Alep.

Selon un photographe de l'AFP sur place, des dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants, ont afflué dans la nuit de samedi à dimanche vers un hôpital d'Alep, certains allongés sur les brancards du Croissant-Rouge ou portés par des proches. Près de 107 personnes ont été hospitalisées en raison de difficultés respiratoires, liées à une "probable" attaque "au gaz de chlore", selon l'agence officielle Sana, qui cite le directeur des services de santé d'Alep. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a lui fait état de 94 cas de suffocation, affirmant que la majorité des patients avaient pu quitter l'hôpital le lendemain matin. L'ONG, qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, a affirmé qu'une "odeur de chlore" avait été détectée à Alep.

En représailles, la Russie a mené des frappes aériennes en Syrie contre les positions de "terroristes" syriens qu'elle a accusé d'avoir mené l'attaque. "Toutes les cibles ont été détruites", a indiqué le ministère russe de la Défense.



Quel contexte?

Ces raids russes, les premiers en plus de deux mois, ont visé des secteurs contrôlés par les jihadistes et les rebelles dans la région d'Idleb (nord-ouest), le dernier bastion insurgé en Syrie. Des "groupes terroristes" ont tiré à partir de ces secteurs à l'aide de lance-grenades des "explosifs contenant apparemment du chlore", selon l'armée russe.

En septembre, un accord a été conclu à Sotchi (sud de la Russie) entre Moscou, allié du régime, et Ankara, parrain traditionnel des rebelles. Il prévoit la mise en place d'une trêve et la création d'une "zone démilitarisée". Celle-ci a pour but de séparer les territoires tenus par les insurgés de ceux tenus par le régime dans les provinces voisines d'Idleb, d'Alep, de Hama et Lattaquié.

Mais sa mise en œuvre a buté sur le refus des jihadistes de déserter cette zone tampon à la mi-octobre, comme le stipule le texte. Et la région est depuis plusieurs semaines le théâtre de bombardements et d'affrontements sporadiques entre forces du régime et jihadistes. Dominés par le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS), une émanation de l'ex branche syrienne d'el-Qaëda, les jihadistes contrôlent environ 70% de cette future "zone démilitarisée", selon l'OSDH.


(Lire aussi : « Raëd Farès était la révolution syrienne dans tous les sens du terme »)


Quels scénarios?

Les frappes russes jettent une ombre sur l'accord russo-turc et leurs conséquences pourraient être multiples, préviennent les analystes. "L'attaque puis les bombardements russes révèlent clairement la faiblesse de l'accord sur Idleb", résume Aaron Stein, de l'Atlantic Council.

Pour Julien Théron, de l'Institut d'études politiques de Paris, Moscou espère "forcer la Turquie à intervenir" contre HTS à Idleb, pour obtenir le départ des jihadistes, comme le stipule l'accord. "Mais cela implique qu'Ankara contrôle in fine le terrain", ce qui selon lui déplairait à Damas, qui a maintes fois qualifié de "temporaire" l'accord de Sotchi, affichant sa volonté de reconquérir l'ensemble du pays.

Pour le négociateur en chef de l'opposition en exil, Nasr al-Hariri, l'attaque chimique présumée à Alep pourrait avoir été lancée sur ordre du gouvernement qui cherche "un prétexte pour lancer une opération militaire dans le nord syrien".

"Cette affaire peut être utilisée par le régime, avec le soutien tacite ou la participation militaire active de son allié russe, afin de tenter de reconquérir Idleb", juge M. Théron. Mais "Idleb est une zone complexe à reconquérir, et les risques sont importants", avertit-il, comme Nawar Oliver, du centre Omran basé en Turquie, pour qui "les Russes n'ont pas les moyens de lancer une attaque au sol parce qu'ils n'ont tout simplement pas les forces terrestres" nécessaires.


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commentaires (3)

De toute façon que cela soit un prétexte ou que cela puisse être un autre les forces de la résistance nettoieront toute la Syrie des bactéries qui l'infestent. Les héros ne sont pas HOMMES à se laisser endormir ou berner par cette cayra.

FRIK-A-FRAK

18 h 28, le 27 novembre 2018

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Commentaires (3)

  • De toute façon que cela soit un prétexte ou que cela puisse être un autre les forces de la résistance nettoieront toute la Syrie des bactéries qui l'infestent. Les héros ne sont pas HOMMES à se laisser endormir ou berner par cette cayra.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 28, le 27 novembre 2018

  • A qui rocouera ce "crime" On verra bientot

    Chammas frederico

    14 h 02, le 27 novembre 2018

  • UN COUP MONTE DE TOUTES PIECES POUR LEGITIMER TOUTE INTERVENTION MILITAIRE... MAIS TOUTE OPERATION CONTRE IDLEB CONSACRERA LES DEUX SYRIES EN PERSPECTIVE DEJA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 47, le 27 novembre 2018

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