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À La Une - Repère

Ce qui est réellement reproché à Carlos Ghosn

Le président évincé de Nissan est-il soupçonné de fraude fiscale ? Qu'en est-il des autres accusations d'abus de biens sociaux, de détournement de faux et d'emplois fictifs ? Qui est Greg Kelly ? 

Le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, lors d'une conférence de presse à Chennai, en Inde, le 16 juillet 2013. AFP / Manjunath Kiran

De nombreuses révélations sortent dans la presse japonaise sur les malversations dont se serait rendu coupable Carlos Ghosn actuellement en détention au Japon, mais il faut distinguer ce qui est officiel et ce qui ne relève que de fuites. Voici le point sur la situation:


Est-il soupçonné de fraude fiscale ?

Non. Après de premières informations confuses, il est apparu que les fausses déclarations dont est soupçonné M. Ghosn n'ont aucun rapport avec ses revenus déclarés au service japonais des impôts, mais concernent un document destiné aux marchés financiers.

Carlos Ghosn est soupçonné d'avoir certifié, en tant que PDG de Nissan, des rapports financiers annuels remis par le groupe aux autorités financières japonaises entre 2011 et 2015, tout en sachant qu'ils comportaient des inexactitudes concernant ses propres revenus. Si ces soupçons étaient avérés, il serait alors pénalement responsable des fausses informations figurant dans ce document appelé "yukashoken hokokusho".



"Les entreprises cotées sont tenues d'émettre chaque année ce document. Doivent y figurer toutes les informations financières sur le groupe ainsi que le montant des rétributions collectives des dirigeants et le détail individuel pour ceux qui perçoivent plus de 100 millions de yens (770.000 euros) par an. Il faut détailler les sommes perçues de la part de l'entreprise principale mais aussi de filiales", explique à l'AFP Jun Yokoyama, juriste financier de Daiwa Securities. "Ce document est destiné à dresser un état des lieux complet de la situation et des finances de l'entreprise à destination des marchés, des analystes et des investisseurs. Cela n'a rien à voir avec la déclaration de revenus fournie au service des impôts qui est un document individuel non publié", ajoute-t-il.

En cas de découverte de manquement à cette législation, la peine est en théorie sévère, mais cela dépend du type d'inexactitude commise, précise à l'AFP une source officielle du secteur financier. En théorie, "plus l'inexactitude est de nature à fausser le jugement des investisseurs, plus la sanction est élevée". "Il n'y a pas de procédure de contrôle externe systématique des informations publiées, car elles sont supposées être exactes puisque certifiées" par le patron. "En revanche, les autorités peuvent engager des procédures en cas de découverte de malversation", précise la même source.


(Lire aussi : Une arrestation, des accusations et beaucoup de questions : on fait le point sur l’affaire Ghosn)


Quid des soupçons d'abus de biens sociaux, détournement de fonds, faux emploi, etc. ?

Aucune source officielle ne détaille ces soupçons.

Outre les fausses déclarations, seul jusqu'à présent le patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, a mentionné des faits d'abus de biens sociaux "dont la gravité est telle que, selon un expert, se justifie pleinement le fait de proposer sa révocation". En revanche, il n'a donné aucun exemple concret.

Tous les cas précis apparus ensuite découlent de la presse japonaise et la liste s'enrichit chaque jour. La source n'est jamais mentionnée mais il s'agit probablement de fuites émanant de l'enquête interne conduite par Nissan et transmise à la justice.

D'après ces informations, les revenus non déclarés de M. Ghosn émanent notamment d'une filiale de Nissan basée au Pays-Bas. Il aurait eu l'usage exclusif de quatre résidences de luxe dans quatre pays, maisons payées par la même filiale créée en 2010 et dont le but initial était d'investir dans des start-up. Il aurait aussi offert un emploi fictif à sa sœur.

Il aurait encore payé avec des fonds de Nissan plusieurs voyages en famille. Rien ne permet à l'heure actuelle de confirmer l'exactitude de ces informations qui en outre ne constituent pas le motif pour lequel Carlos Ghosn a été interpellé.


(Pour aller plus loin : L’acquisition de la maison de Carlos Ghosn à Beyrouth en question)


Qui est Greg Kelly, le bras droit de Carlos Ghosn également arrêté ?

Greg Kelly a rarement fait parler de lui, mais chez Nissan il était perçu comme l'homme de confiance du président évincé.

Entré dans la filiale américaine de Nissan en 1988 après avoir exercé la profession d'avocat, cet Américain de 62 ans, diplômé en droit, a progressivement gravi les échelons jusqu'à devenir un membre de la direction du groupe en 2008, chargé d'organiser les tâches du président. Un an plus tard, il cumule d'autres fonctions, dont celles de la direction des ressources humaines de l'ensemble du groupe et sa communication. Il s'est hissé sur un fauteuil d'administrateur en juin 2012. L'intitulé de sa fonction est d'ailleurs limité depuis 2015 à ce titre.

"Il travaillait étroitement avec Carlos Ghosn dont il avait toute la confiance", témoigne un ex-employé de Nissan qui a un temps travaillé sous les ordres de M. Kelly.

Celui que d'aucuns au sein du groupe appelait "l'éminence grise" de Carlos Ghosn "était perçu comme influent", indique la même source. Un son de cloche que corroborent d'autres témoignages recueillis par la presse.

Cité par le quotidien économique Nikkei, Jim Press, qui a été conseiller pour l'Alliance Renault-Nissan, insiste en revanche sur "ses réelles capacités et son sens de l'éthique".



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De nombreuses révélations sortent dans la presse japonaise sur les malversations dont se serait rendu coupable Carlos Ghosn actuellement en détention au Japon, mais il faut distinguer ce qui est officiel et ce qui ne relève que de fuites. Voici le point sur la situation:Est-il soupçonné de fraude fiscale ?Non. Après de premières informations confuses, il est apparu que les fausses...

commentaires (5)

Je pense, que dis je, j'affirme que Carlos est victime d'un complot politico économique. J'accuse tout ce petit monde au col blanc de chercher sa MORT d'abord professionnelle ensuite physique. On pourra l'emprisonner , le taxer d'une amende record mais on ne pourra jamais tuer son génie. Il s'en sortira et ira pratiquer sa science ailleurs . En Chine par exemple. Voilà pourquoi je crains plus pour sa vie.

FRIK-A-FRAK

10 h 28, le 23 novembre 2018

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Commentaires (5)

  • Je pense, que dis je, j'affirme que Carlos est victime d'un complot politico économique. J'accuse tout ce petit monde au col blanc de chercher sa MORT d'abord professionnelle ensuite physique. On pourra l'emprisonner , le taxer d'une amende record mais on ne pourra jamais tuer son génie. Il s'en sortira et ira pratiquer sa science ailleurs . En Chine par exemple. Voilà pourquoi je crains plus pour sa vie.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 28, le 23 novembre 2018

  • Plus le temps passe, plus il semble que les fausses rumeurs vont s'estomper. Au bout du compte, les sous fifres Japonais qui n'ont pu trouver les solutions pour sauver leurs industries essayent d’évincer celui qui a su, lui, le faire. C'est plutôt une guerre de jalousie et surtout une tentative de reprise en main des sociétés Japonaises par des Japonais. Je ne doute aucunement que Mr. Ghosn ait usé de ses pouvoirs a des fins personnelles, c'est courant et même une pratique habituelle dans les milieux des affaires. CF'est une récompense indirecte pour les services rendus. Tant que cela n'a rien a faire avec des détournements de fonds ou de triches fiscales ou autres, je ne voit pas ou le problème se pose. M'enfin, laissons l’enquête suivre son cours et au final la vérité éclatera. La bas au moins, elle une chance de le faire...

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 17, le 23 novembre 2018

  • DU BLA... BLA... BLA... PARAIT-IL ! LES JAPONAIS VOULAIENT SE DEFAIRE DE GHOSN. ILS L,ONT FAIT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 51, le 23 novembre 2018

  • alors l'AFP , y a t il ou n'y a t il pas fraude fiscale ? sinon pour ce qui est de ses revenus salariaux pt't pour ceux non declares a l'etranger ?

    Gaby SIOUFI

    07 h 46, le 23 novembre 2018

  • Ridicule, ridicule et mille ridicules. Quelques dirigeants japonais de Nissan ont probablement déclenché ce tremblement de terre par esprit de revanche pensant qu'ils pouvaient renverser le cours de l'histoire dans ce groupe sans trop de difficultés. L'état japonais commence à prendre conscience des effets destructeurs de cette opération ... Carlos Ghosn n'est pas irremplaçable, n'est pas éternel... certes, mais sa révocation dans les conditions que l'on connait ne va-t-elle pas assombrir l'avenir de Nissan ? Attention à l'après Ghosn, il n'est pas sur d'être aussi radieux. N'oublions pas que c'est son management qui a apporté l'embellie à ce groupe !

    Sarkis Serge Tateossian

    01 h 25, le 23 novembre 2018

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