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À La Une - automobile

Ghosn écarté, France et Japon réaffirment leur soutien à l'Alliance Renault-Nissan

Le conseil d'administration de Nissan, dans lequel siègent deux représentants de Renault, a jugé à l'unanimité que les soupçons pesant sur Carlos Ghosn, maître d'oeuvre du mariage franco-japonais, suffisaient pour le chasser de son poste de président.

L'emblématique président de Nissan, Carlos Ghosn, détenu à Tokyo pour des malversations présumées, a été limogé jeudi par le géant de l'automobile japonais. Photo AFP / Ludovic MARIN

La France et le Japon ont réaffirmé jeudi leur soutien à l'Alliance Renault-Nissan, peu après que le conseil d'administration du géant de l'automobile japonais a décidé de limoger son emblématique président Carlos Ghosn, détenu à Tokyo pour des malversations présumées.
Les ministres de l'économie français et japonais Bruno le Maire et Hiroshige Seko ont réaffirmé leur soutien "à l'alliance formée entre Renault et Nissan et leur souhait partagé de maintenir cette coopération gagnante" dans un communiqué conjoint publié après une rencontre à Paris.

La direction de Nissan a elle annoncé que la coopération avec son partenaire français de longue date Renault "restait intacte", à l'issue d'une réunion extraordinaire qui a duré plus de 4 heures à Yokohama, en banlieue de la capitale japonaise.
En soirée, une source de l'Elysée à Paris a balayé l'idée d'un complot qui viserait à faire éclater l'alliance: "je ne peux pas croire à une déclaration de guerre pour faire sortir Nissan de l'alliance avec une machination derrière". Selon cette source, "il y a une volonté de part et d'autre qu'il faut que (l'alliance) reste quelque chose de long terme".

Le conseil d'administration de Nissan, dans lequel siègent deux représentants de Renault, a jugé à l'unanimité que les soupçons pesant sur Carlos Ghosn, maître d'oeuvre du mariage franco-japonais, suffisaient pour le chasser de son poste de président.
Nissan a justifié dans un communiqué son éviction par "des actes graves confirmés", mentionnant "une minimisation de ses revenus durant une longue période dans les rapports financiers, une utilisation frauduleuse à des fins personnelles de fonds d'investissements et de notes de frais".



Hiroto Saikawa, patron exécutif du constructeur japonais, avait demandé publiquement cette révocation dès lundi, lors d'une conférence de presse entièrement à charge contre Carlos Ghosn, son ancien mentor. 
Il était pressenti pour prendre la présidence par intérim du conseil d'administration, mais aucun remplaçant n'a été nommé. Le poste sera pourvu ultérieurement.

Cette révocation scelle pour Carlos Ghosn, qui à 64 ans est l'un des plus puissants capitaines d'industrie du monde, la fin de près de 20 ans passés à la tête de Nissan, la majeure partie du temps comme PDG puis à la présidence du conseil. Il risque la même sanction chez Mitsubishi Motors qui a rejoint l'alliance en 2016: un conseil d'administration se réunira lundi.
Le Franco-Libano-Brésilien reste officiellement PDG de Renault mais "temporairement empêché" comme le constatait pudiquement le constructeur français dans un communiqué mardi. Les rênes de Renault sont tenues désormais par son numéro deux, Thierry Bolloré, qui assure l'intérim.
La vie de Carlos Ghosn, qui a uni ces trois constructeurs pour en faire le numéro un mondial de l'automobile, a basculé quand son avion s'est posé lundi au Japon. Aussitôt arrêté, il est resté silencieux depuis, dans sa cellule d'un centre de détention de Tokyo.


(Lire aussi : L'affaire Ghosn, un "coup d'Etat" interne fomenté par Nissan ?)



"Faute grave"
Officiellement, M. Ghosn est pour l'heure accusé d'avoir, avec des complices, "minimisé sa rétribution à cinq reprises dans des rapports remis entre juin 2011 et juin 2015", en déclarant aux services financiers une somme totale de 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d'euros) au lieu de près de 10 milliards de yens. 
"Ce type de déclaration mensongère constitue une des fautes les plus graves au regard de la législation imposée aux entreprises cotées", a déclaré jeudi à la presse Shin Kukimoto, procureur adjoint de Tokyo.
Les révélations pleuvent dans les médias japonais sur d'autres délits dont se serait rendu coupable Carlos Ghosn, par exemple en offrant un emploi fictif à sa soeur.

Les soupçons pesant sur lui découlent d'une enquête interne conduite par Nissan au cours des derniers mois. 
Mercredi, le tribunal a décidé de prolonger de 10 jours sa détention afin de poursuivre les investigations. Et cette période pourrait se prolonger bien au-delà, en vertu des règles du système judiciaire japonais.
Le groupe Nissan, en tant qu'entité morale, peut en théorie aussi faire l'objet de poursuites, a précisé le représentant du parquet. 


(Portrait : Carlos Ghosn, la chute d'un symbole)


Une fusion en discussion?
Face à cette affaire qui ébranle l'Alliance comme jamais depuis sa naissance en 1999, le gouvernement français est très rapidement monté au créneau pour rassurer sur l'avenir du constructeur au losange, dont l'État détient 15%.
Si, au Japon, la tonalité est officiellement la même, la presse locale fourmille de déclarations anonymes de responsables de Nissan affirmant que le groupe veut revoir la structure de celle-ci, "condition nécessaire pour qu'elle continue", selon l'un d'eux.
L'un des objectifs serait de modifier les rapports de force matérialisés dans les participations croisées: Renault détient 43% de Nissan, mais le Japonais, qui domine son allié en termes de chiffre d'affaires, n'en possède que 15%, une situation source de rancoeurs dans l'archipel.

Selon le quotidien économique Nikkei, qui cite un dirigeant de Nissan, Carlos Ghosn cherchait à intégrer les deux groupes, et "il était possible qu'un plan concret soit prêt au printemps prochain", un scénario de fusion ouvertement rejeté par M. Saikawa.
De tels scénarios circulent depuis un certain temps dans la presse. En mars dernier, l'agence Bloomberg avait évoqué une fusion des deux groupes. 
Dans une interview à l'AFP, en février, M. Ghosn avait dit vouloir "continuer la convergence" entre les trois entités (Renault-Nissan-Mitsubishi) et déclaré, à propos des participations croisées: "Tout est sur la table. Il n'y a pas de tabou, pas d'interdit".



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commentaires (12)

Merci de lire : Y aura-t-il une direction bicéphale Franco-japonaise ? Si oui est-elle une solution viable ?

Sarkis Serge Tateossian

10 h 11, le 23 novembre 2018

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Commentaires (12)

  • Merci de lire : Y aura-t-il une direction bicéphale Franco-japonaise ? Si oui est-elle une solution viable ?

    Sarkis Serge Tateossian

    10 h 11, le 23 novembre 2018

  • Deux choses distinctes. 1- les raisons de cet evencement de Carlos Ghosn. Plus personne n'en doute de la machination dont il a été l'objet. 2- l'intérêt d'un tel groupe à l'échelle mondiale qui consiste à esquiver la vérité et tenir la langue de bois afin de protéger "l'alliance" Nissan-Renault. Hélas c'est la seule façon de sauver le groupe (les apparences), le temps de trouver une solution à la crise. La position officielle de la France est normale. Ca va permettre à la France de surveiller l'étape suivante de la stratégie japonaise pour agir en conséquence. Et les japonais vont maintenant observer les réactions françaises afin de redéfinir leurs forces et places au sein du groupe. Qui prendra la place de Carlos Ghosn ? Sera-t-il japonais ou français ? Le groupe survivra-t-il à ce chamboulement forcé de la part des Japon dis ? Y aura-t-il une direction bicéphale, Franco-japonais ? Si oui, est une solution viable ? Ce sont des questions qui se posent désormais. Je souhaite le meilleur pour Renault également pour Nissan. Cela va de soi.

    Sarkis Serge Tateossian

    00 h 39, le 23 novembre 2018

  • La France n'a pas dit un mot sur l'arrestation scandaleuse. Seul l'argent qui compte.

    Shou fi

    22 h 38, le 22 novembre 2018

  • Rectification sur mon message précédent : 180.000 bulletins de salaires gestion de 20 usines gestions de 20 sociétés

    FAKHOURI

    15 h 05, le 22 novembre 2018

  • Il y a qulque chose en dessous mais les japonais veulent être indépendant de Renault ils ont fait tout ce patatras.

    Eleni Caridopoulou

    12 h 53, le 22 novembre 2018

  • Allez génie mondial Carlos Ghosn laisse passer la kabale, sorts toi de la vivant et VA EN CHINE PROPOSER TES SERVICES. ON NE TUERA JAMAIS TON INTELLIGENCE.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 26, le 22 novembre 2018

  • j'ai vécu la même déchéance je n'ai pas le génie de Carlos Ghosn j'étais nommé directeur informatique pour l'Europe, je me suis trouvé d'une foire de matériel : Bull, Honeywell, Burroughs, IBM, et 1800 programmes de langage different J'ai réorganisé complètement ce bazar J'ai mis en place 3 IBM de grande taille, fait convertir 1800 programme en Cobol IBM en écrivant moi même des convertisseurs langage, Je gérais 2000 bulletins de salaires, gestion de production, comptabilité des 20 sociétés du groupe de façon cohérente. Je devenais trop puissant dans le groupe. Une fois cette transformation finie, on m'a promis de l'avancement : un poste de placard pour être remplacé par un favori du directeur financier qui venait d'arriver dans le groupe. J'ai démissionné

    FAKHOURI

    12 h 08, le 22 novembre 2018

  • Ces mises à mort sont dégoûtantes!

    NAUFAL SORAYA

    11 h 03, le 22 novembre 2018

  • Si Mr GHOSN reste en prison c'est qu'il y a de forts soupçons qui pèsent sur lui. Nous ne sommes pas au liban et le droit passe avant tout quelque soit la personnalité soupçonnée. J'entends beaucoup dire que Mr GHOSN est le sauveur et est derrière la réussite de Renault et de Nissan, c'est vrai, et personne ne le conteste, seulement Mr GHOSN a été GRACIEUSEMENT payé et même surpayé pour son travail, mais uniquement pour son travail et non pas pour des maisons financées par Nissan et dont certaines sont habitées par des membres de sa famille. Bien sûr la présomption d'innocence existe, alors attendons, mais n'idéalisons pas telle ou telle personne avec le seul prétexte c'est un compatriote.

    Citoyen

    10 h 30, le 22 novembre 2018

  • ILS SONT EUX DERRIERE SA DISGRACE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 14, le 22 novembre 2018

  • Un coup d'Etat qui prend le monde entier - et au premier chef la France - de court. Ghosn est un immense capitaine d'industrie et après lui le déluge. Je note avec plaisir que le Liban officiel est sorti de son apathie et a dépêché l'ambassadeur du Liban à Tokyo auprès de Carlos Ghosn qui croupit en prison comme un vulgaire malfrat lui qui a révolutionné l'industrie automobile. #GhosnJAiMalAMaBranche.

    Marionet

    09 h 45, le 22 novembre 2018

  • Comment peut on déjà prendre une décision alors que l'enquête est encore en cours. Et on nous dit de faire confiance à des juridictions de pays " au dessus de tout soupçon ".

    FRIK-A-FRAK

    05 h 54, le 22 novembre 2018

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