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Économie - Automobile

Carlos Ghosn toujours en détention, le scandale pourrait s’étendre à Nissan

L’arrestation de l’homme d’affaires franco-libano-brésilien menace l’équilibre de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors.

Carlos Ghosn en 2009 posant devant le Land Glider développé Nissan. Yoshikazu Tsuno/AFP

La situation se complique pour Carlos Ghosn, trois jours après son arrestation à Tokyo sur des soupçons de malversations financières.

Le tribunal de Tokyo a en effet décidé hier de prolonger de dix jours la garde à vue de l’homme d’affaires franco-libano-brésilien, patron du nouveau numéro un mondial de l’automobile Renault-Nissan-Mitsubishi, selon les grands médias japonais. Greg Kelly, un des collaborateurs de Carlos Ghosn, a également vu sa durée de détention jusqu’au 30 novembre, toujours selon les médias. Plus tôt dans la journée, la presse avait indiqué que l’actuel patron exécutif de Nissan, Hiroto Saikawa, qui a confirmé l’affaire devant la presse lundi soir, ainsi que l’ex-numéro deux de Nissan Toshiyuki Suga devaient aussi être entendus par les enquêteurs. Joints par l’AFP, le tribunal et le bureau du procureur ont indiqué ne pas commenter ce type de décisions sur un cas particulier.

Âgé de 64 ans, Carlos Ghosn est détenu « seul » dans des conditions « spartiates » dans le centre de Katsushika, selon Ayano Kanezuka, avocate du barreau de Tokyo. L’homme d’affaires a été appréhendé lundi dans son jet privé à peine arrivé sur le tarmac de l’aéroport de Haneda.

Acquisition de biens personnels

Le parquet de Tokyo lui reproche d’avoir « conspiré pour minimiser sa rétribution à cinq reprises entre juin 2011 et juin 2015 », en déclarant une somme totale de 4,9 milliards de yens (environ 37 millions d’euros) au lieu de près de 10 milliards de yens. « En outre, de nombreuses autres malversations ont été découvertes, telles que l’utilisation de biens de l’entreprise à des fins personnelles », avait indiqué Nissan, lundi. Le quotidien japonais Asahi affirme notamment en citant des sources anonymes, proches du parquet japonais, que Carlos Ghosn a utilisé l’entreprise japonaise, dont il est le président non exécutif, pour financer l’acquisition de biens personnels à Beyrouth, Paris, Rio et Amsterdam.

Dans la capitale libanaise, un maison que Carlos Ghosn a achetée en 2016 puis a rénovée pour un montant évalué entre 2 et 3 millions de dollars est concernée, a rapporté mardi notre confrère Le Commerce du Levant. Le magazine ajoute, citant le site japonais Asia Nikkei, que les transactions auraient été effectuées via une société affiliée au constructeur automobile Nissan, censée financer des start-up et qui aurait déboursé en tout 17,8 millions de dollars pour satisfaire les envies d’immobilier de l’homme d’affaires.

Il reste que le groupe Nissan pourrait également faire l’objet de poursuites judiciaires, en tant que personne morale. Le parquet estime, selon la presse nippone, que si faute il y a, la responsabilité en incombe aussi à l’entreprise : c’est en effet elle qui a remis aux autorités les documents financiers inexacts dans lesquels M. Ghosn aurait dissimulé une partie importante de ses revenus. Les personnes matériellement impliquées dans les éventuelles falsifications peuvent quant à elles voir leur peine allégée en cas de coopération avec la justice, et ce en vertu d’une récente loi qui n’a pour le moment été utilisée que dans un autre cas.

Fusion rejetée par Nissan ?

Au-delà du sort personnel de M. Ghosn, c’est toute l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, dont il orchestrait le fragile équilibre, qui tangue à la suite de ce coup de tonnerre. L’affaire survient au moment où le PDG de l’ensemble aux 10,6 millions de véhicules travaillait, selon le Financial Times, à une fusion entre Renault et Nissan, une opération que le constructeur japonais rejetait et cherchait à bloquer de crainte qu’elle ne grave dans le marbre son statut de « second ordre » dans la structure, toujours selon le quotidien.

M. Ghosn voulait rendre les liens « irréversibles » entre Renault et Nissan, a commenté dans une note Kentaro Harada, analyste chez SMBC Nikko Securities. « Nous ne pouvons pas exclure la possibilité que l’alliance se retrouve affaiblie (…) Cela va-t-il changer l’équilibre du pouvoir (entre les parties française et japonaise), c’est la principale question », souligne-t-il.

L’agence de notation Standard and Poor’s a d’ailleurs annoncé mardi qu’elle envisageait de baisser la note de la dette à long terme de Nissan, en raison particulièrement des doutes autour de ce mariage à trois. Soucieux de rassurer, les gouvernements français et japonais ont réaffirmé mardi dans un communiqué commun leur « important soutien » à l’alliance entre les trois constructeurs, dont les titres avaient chuté la veille suite à l’annonce de l’arrestation. Le conseil d’administration de Nissan doit se prononcer aujourd’hui sur une proposition de limogeage de son président. Mitsubishi Motors (MMC) prévoit, quant à lui, de le « démettre rapidement ». Un conseil doit se tenir la semaine prochaine, selon un porte-parole de la société.

Bolloré assure l’intérim chez Renault

Côté français, le conseil d’administration de Renault a désigné mardi soir le numéro deux de l’entreprise, Thierry Bolloré, pour assurer l’intérim de Carlos Ghosn, qui reste pour l’instant PDG. le conseil d’administration de Renault a demandé à Nissan « de lui transmettre l’ensemble des informations en sa possession dans le cadre des investigations internes dont M. Ghosn a fait l’objet », disant ne pas être « en mesure de se prononcer sur les éléments dont disposeraient Nissan et les autorités judiciaires japonaises » à l’encontre de l’homme d’affaires.

Thierry Bolloré, 55 ans, que M. Ghosn avait choisi comme bras droit en février dernier, s’est vu confier « à titre provisoire » la direction exécutive du groupe et disposera donc des « mêmes pouvoirs » que le PDG « temporairement empêché ». La question-clef pour le constructeur français est de « préserver les intérêts de Renault et d’assurer la pérennité de l’alliance » avec les constructeurs japonais Nissan et Mitsubishi Motors.

Les trois principaux syndicats du groupe Renault ont réagi hier aux décisions prises sur la gouvernance du constructeur automobile, la CFE-CGC « approuvant » le dispositif, dont la CGT « prend note », tandis que la CFDT s’est dit « rassurée ». Enfin l’eurodéputé Rassemblement national (Rassemblement national, ex-FN) Bruno Gollnisch, petit actionnaire du groupe Renault, a fait parler de lui plus tard dans la journée en présentant sa candidature à la présidence du groupe automobile. Un autre actionnaire du groupe a, lui, décidé de porter plainte à Paris pour « abus de bien social » et « diffusion de fausse information au marché » afin d’obtenir réparation pour la chute du titre du constructeur français suite à l’annonce de l’arrestation de Carlos Ghosn.

La situation se complique pour Carlos Ghosn, trois jours après son arrestation à Tokyo sur des soupçons de malversations financières.Le tribunal de Tokyo a en effet décidé hier de prolonger de dix jours la garde à vue de l’homme d’affaires franco-libano-brésilien, patron du nouveau numéro un mondial de l’automobile Renault-Nissan-Mitsubishi, selon les grands médias japonais. Greg...

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