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Liban - Citoyen grognon

Assez ! Khalass ! Enough !

Pour entraîner une poignée de soldats à marcher au pas, rien de mieux qu’une bonne fermeture par l’armée du centre-ville de Beyrouth et de ses routes environnantes, périmètre du port y compris. Au grand dam des automobilistes bloqués, des heures durant et depuis les premières heures de la matinée, dans des embouteillages monstres aux entrées de la capitale. Jusqu’à des dizaines de kilomètres à la ronde, routes secondaires incluses.

Hier, sur l’unique autoroute reliant le Nord au Sud via la capitale, des dizaines de milliers de citoyens ont une nouvelle fois fait les frais du mépris que leur vouent les autorités. Alors qu’ils se rendaient à leur travail, qu’ils accompagnaient leurs enfants à l’école ou qu’ils vaquaient à leurs occupations quotidiennes, ils ont dû se rendre à l’évidence. Ils étaient complètement coincés dans le trafic routier. Impossible de rouler, même au ralenti. Impossible d’arriver à temps à destination. Pas même la moindre chance de trouver une voie dégagée pour s’y engouffrer.

Emprisonnés, immobilisés pare-chocs contre pare-chocs, ils n’ont eu d’autre choix que de prendre leur mal en patience, et d’attendre le déblocage des routes pour arriver à destination exténués, scandalisés, les nerfs à bout, avec plusieurs heures de retard.

Et tant pis pour l’élève qui a raté son examen. Tant pis pour la femme enceinte saisie de contractions en voiture. Tant pis pour le voyageur en partance qui a raté son vol. Tant pis pour l’ambulance qui n’a pu récupérer son malade. Tant pis pour le temps et l’argent perdus. Tant pis pour l’insulte faite au citoyen.

Assez ! Khalass ! Enough ! Basta !

En quelle langue le Libanais doit-il crier pour faire entendre son ras-le-bol face à la légèreté avec laquelle il est traité ? Y a-t-il ici-bas quelqu’un pour le prendre en considération ?

Ce scandaleux blocage des principaux axes routiers du cœur de la capitale, avec son effet boule de neige, un jour de semaine, n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Et montre l’ampleur du fossé qui sépare la classe au pouvoir, d’un peuple qui n’aspire au final qu’à une bonne qualité de vie. Chaque année et durant une longue semaine, ce même show se répète inlassablement, en préparation du défilé militaire qui ponctue les célébrations de l’Indépendance, le 22 novembre, avenue du port de Beyrouth. Malgré la paralysie qu’il entraîne aux niveaux économique, social, humain, éducatif… Malgré la transformation d’un trajet d’une vingtaine de kilomètres en un interminable cauchemar de trois heures et demie. Malgré les humiliations qu’il fait subir à une population outrée, plus soucieuse d’être traitée avec respect que de faire les frais de célébrations auxquelles elle n’est même pas conviée.

Mais visiblement, les responsables n’en ont rien à cirer et s’entêtent à ne rien apprendre des expériences passées. Tout juste ont-ils marmonné hier quelques excuses laconiques, tout en invitant les citoyens à faire preuve d’un chouia de « compréhension », indépendance oblige.

Pour entraîner une poignée de soldats à marcher au pas, rien de mieux qu’une bonne fermeture par l’armée du centre-ville de Beyrouth et de ses routes environnantes, périmètre du port y compris. Au grand dam des automobilistes bloqués, des heures durant et depuis les premières heures de la matinée, dans des embouteillages monstres aux entrées de la capitale. Jusqu’à des dizaines...

commentaires (6)

A l'instar du mouvement féministe saoudien..., porter la Abaya à l'envers, il faut faire une journée au Liban durant laquelle les mécontents porteraient des pulls à l'envers pour exprimer leur ras-le-bol.

Shou fi

14 h 26, le 17 novembre 2018

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Commentaires (6)

  • A l'instar du mouvement féministe saoudien..., porter la Abaya à l'envers, il faut faire une journée au Liban durant laquelle les mécontents porteraient des pulls à l'envers pour exprimer leur ras-le-bol.

    Shou fi

    14 h 26, le 17 novembre 2018

  • C'est bien fait pour vous, peuple libanais qui avait voté pour les mêmes politiciens véreux. Vous n'êtes pas capable de descendre dans la rue pour manifester contre ces politiciens qui vous détruisent à petit feu et qui surtout détruisent votre pays. Merci mon dieu, j'habite loin de ce pays. Mais croyez moi, je souffre pour vous.

    Achkar Carlos

    13 h 01, le 17 novembre 2018

  • Et si, à titre d'essai pendant un mois et des Lundi matin si possible, on cessait systématiquement de publier la moindre photo des dirigeants Libanais ... ?

    Remy Martin

    09 h 45, le 17 novembre 2018

  • On n’a que ce qu’on merite. Comme on les a reelu ils sont devenus invulnerable. Bien fait pour nous peuple ignorant et imbecile

    ayda ka

    08 h 08, le 17 novembre 2018

  • "citoyen grognon" - à juste titre! Il semble qu'ici, le citoyen ne serve qu'à payer des impôts et déposer des bulletins dans les urnes.

    Yves Prevost

    07 h 20, le 17 novembre 2018

  • Il n'y a pas un seul responsable intelligent au sommet de l'état pour décider que cette préparation de la cérémonie peut se faire la nuit ? Mais peut être que le respect du peuple est peu de chose a côté du sommeil des "élites"

    yves kerlidou

    06 h 57, le 17 novembre 2018

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