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À La Une - Proche-Orient

Le Hamas face à Israël à Gaza : ce qu'il faut savoir

Le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza a salué comme une "victoire" la démission du ministre de la Défense israélien Avigdor Lieberman opposé au cessez-le-feu avec les groupes palestiniens. Qu'en est-il vraiment?


Des partisans du Hamas brûlant une photo de l'ancien ministre idraélien de la Défense Avigdor Lieberman, devant le siège du Hamas à Gaza, le 14 novembre 2018. AFP / MAHMUD HAMS

Quel est le contexte ?

- Des années d'hostilités et trois guerres entre Israël et le Hamas et ses alliés depuis 2008.
- Le Hamas refuse de reconnaître Israël. L'Etat hébreu considère le Hamas comme "terroriste" et soumet Gaza à un blocus depuis plus de 10 ans.
- Un territoire éprouvé par la pauvreté et les pénuries. Une Autorité palestinienne dominée par le Fateh - rival du Hamas - qui inflige des mesures aggravant encore les maux à Gaza.
- Aucune perspective apparente de règlement politique.

Les tensions sont exacerbées depuis le début le 30 mars d'une mobilisation anti-israélienne appelée "grande marche du retour". Manifestations et violences le long de la frontière, échanges de roquettes palestiniennes et de frappes israéliennes ont fait au moins 235 morts palestiniens selon les sources à Gaza. Deux soldats israéliens ont été tués. Un Palestinien est mort en Israël sous une roquette palestinienne.

Israël accuse le Hamas d'orchestrer cette "marche". Le Hamas a fait la démonstration qu'il en contrôlait largement l'intensité.


Que s'est-il passé cette semaine ?

La plus sévère confrontation depuis 2014 a rapproché les protagonistes de la guerre. Au lendemain d'une incursion de l'armée israélienne qui tourne mal, les groupes palestiniens tirent un missile contre un car, blessant un soldat israélien, et déclenchent lundi un barrage de centaines de roquettes contre Israël. Israël riposte en frappant des dizaines de position du Hamas et de son allié, le Jihad islamique.

Un cessez-le-feu par entremise égyptienne est annoncé mardi. Avigdor Lieberman dénonce une "capitulation" mercredi et annonce sa démission, laissant le gouvernement avec une majorité d'une voix.


(Lire aussi : Lieberman, le belliqueux à l’épreuve de Gaza)



Qu'a obtenu le Hamas ?

Le Hamas et le Jihad islamique proclament "une victoire politique". Le Hamas pèse sur la politique israélienne et voit le Premier ministre Benjamin Netanyahu confirmer d'un cessez-le-feu ce qu'il a dit quelques jours auparavant : qu'il cherche à éviter la guerre.

Après des mois de tensions, la "marche du retour" paraissait dans l'impasse. Mais, en octobre, suivant une stratégie sujette à maintes spéculations, et avec l'intercession de différents acteurs internationaux, Israël laisse entrer dans Gaza du fioul payé par le Qatar pour pallier la pénurie de courant. En novembre, Israël laisse passer des valises de dollars qataris principalement pour payer les fonctionnaires du Hamas.

L’Égypte et l'ONU poursuivent leurs efforts en vue d'une trêve durable impliquant un calme le long de la frontière en échange d'un allègement du blocus. Le blocus étant toujours là, "on ne peut pas dire que les +marches du retour+ ont atteint tous leurs objectifs", nuance Mukhaimer Abou Saada, professeur de science politique à l'université al-Azhar de Gaza. "Mais c'est bien mieux qu'avant. L'électricité est désormais disponible huit heures par jour au lieu de quatre".






Qu'en pensent les Gazaouis ?

Les évènements de la semaine les ont ralliés derrière la "résistance" contre Israël, dit Mukhaimer Abou Saada. "Mais s'il y a une guerre, cela pourrait changer", nuance-t-il. Les habitants de l'enclave veulent avant tout éviter un nouveau conflit. Quant à la contestation sociale, le Hamas en a sévèrement réprimé les signes depuis 2014.


(Lire aussi : La quatrième guerre entre le Hamas et Israël évitée de justesse)



Et la "cause" palestinienne ?

Les discussions indirectes entre le Hamas et Israël ont renforcé l'isolement de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, basée à Ramallah en Cisjordanie occupée et interlocutrice reconnue par la communauté internationale mais ignorée dans les dernières négociations autour de Gaza.

Le Hamas a évincé l'Autorité palestinienne de Gaza par la force en 2007. M. Abbas voit pour le moment échouer ses efforts pour rétablir son autorité à Gaza. Singulièrement, c'est l'un des avocats historiques d'une solution négociée avec Israël qui est court-circuité.

Gaza et Ramallah paraissent bien distantes. Dans les prochains mois est attendue une initiative diplomatique américaine dont l'Autorité palestinienne redoute qu'elle éloigne encore davantage la Cisjordanie et Gaza, censées former un jour un Etat indépendant.

La division profite à Israël, dit Jamal al-Fadi, professeur de science politique à Gaza. "On ne peut pas avoir de résultats face à Israël si ce n'est par l'unité".


Nouvelle escalade?

Cette trêve comme toutes autres est fragile, à la merci d'un dérapage ou d'une manipulation. Dans le contexte préélectoral créé par la démission de M. Lieberman, M. Netanyahu est critiqué par ses concitoyens pour ne pas avoir frappé plus durement le Hamas. La question de la riposte à la prochaine escalade est ainsi posée.

"Les jours à venir seront difficiles" pour Gaza, prédit Jamal al-Fadi. "C'était un gouvernement de droite et les élections amèneront un gouvernement de droite", et "malheureusement l'agression contre le peuple palestinien continuera".



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