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Liban - Vient de paraître

Gisèle Kayata Eid : « Le monde s’est uniformisé autour de la consommation »

Gisèle Kayata Eid participe à une rencontre-débat sur le thème « Consommer ou se consommer » qui se tiendra demain, jeudi 8 novembre, dans le cadre du Salon du livre francophone de Beyrouth, à l’occasion de la parution de son livre « Consommation Inc. »

Gisèle Kayata Eid.

Dans le cadre du Salon du livre francophone de Beyrouth, l’écrivaine Gisèle Kayata Eid nous donne rendez-vous demain, jeudi 8 novembre, à l’occasion d’un débat sur la société de consommation, accompagné du lancement de son ouvrage Consommation Inc.

Journaliste, écrivaine et chargée de cours à Montréal et Beyrouth, elle a une formation en sciences politiques. Elle assure des cours dans le cadre du master en information et communication à l’Université Saint-Joseph. Chroniqueuse pour l’Agenda culturel depuis trois ans, elle partage avec les lecteurs à travers des écrits ses observations sur l’évolution de la société de consommation à travers le monde. Dans le but de compléter ses billets d’humeur, elle a rédigé un essai intitulé Consommation Inc., en phase avec le thème des dangers de l’hyperconsommation. Son ouvrage est une synthèse de sa réflexion personnelle dans une société en pleine mutation qui dévie de façon dramatique vers l’individualisme, la consommation irresponsable et la destruction de son environnement naturel.


Se reconnaître uniquement par le regard des autres
L’écrivaine nous alarme sur les effets néfastes des changements sociétaux. Selon elle, « tout montre que l’on est rentré dans une folie de la consommation ». Elle nous expose notamment ses observations sur les conséquences de l’implantation de centres commerciaux dans des milieux éloignés de cette culture de consommation. Elle cite à titre d’exemple l’implantation d’un centre à Bratislava qui a des conséquences sur les habitudes locales : « Auparavant, les enfants passaient le dimanche en famille, maintenant ils les envoient au centre commercial. » Selon Mme Kayata Eid, la culture de l’achat ne reflète ni le vécu ni la réalité locale. L’impérialisme des chaînes de grande distribution ne s’adapte ni à la culture, ni à l’histoire du lieu d’implantation, mais répond davantage à l’anonymat du client en tant que citoyen du monde et « étranger de sa propre contée ».


Nécessité de ranimer les cultures
« Les centres commerciaux ont tué l’âme des villes ». Mme Kayata Eid prend exemple d’observations à travers des voyages en Europe, en Afrique et en Amérique pour nous mettre en relief les effets néfastes de l’hyperconsommation multidimensionnelle. L’implantation de multinationales transforme les rapports entre clients, salariés et dirigeants puisqu’une distance entre les individus diminue toute forme d’humanisme. L’auteure prend à titre d’exemple la délocalisation d’un salarié qui sera rarement remise en cause selon le souhait du travailleur, puisque les actionnaires souhaitent uniquement disposer d’un maximum de capital. En effet, l’aspect compréhension et négociation entre humains est balayé par les aspirations purement commerciales. Ainsi, les rapports humains entre le travailleur et son directeur sont anéantis : « Tu deviens un pion dans une machine qui nourrit la société de consommation. » D’autres exemples illustrent la réflexion de l’auteure : les petits commerces qui constituent l’histoire d’un quartier disparaissent progressivement, les structures familiales et communautaires sont en danger et les individus prennent le chemin de l’exode vers les villes afin de trouver du travail au détriment des campagnes qui se vident. L’écrivaine nous invite donc à une réflexion sur le retour à notre culture et à la convivialité orientale.


Pas de retour en arrière
Au-delà de la réflexion et du constat sur l’hyperconsommation, Mme Kayata Eid prend de la hauteur au sujet de cette problématique afin d’ouvrir le débat. Selon la journaliste, un retour en arrière n’est pas possible ; sauver la planète des effets de l’industrialisation semble compliqué, mais une prise de position de l’individu en tant qu’acteur dans cette société de consommation est un espoir pour le futur : « Dans la vie, ce qui est important, c’est le chemin que tu prends, plutôt que la réalité. » La valeur marchande de l’individu nuit au vivre-ensemble puisque ce phénomène aspire à un sentiment d’exclusion, souvent à l’origine de conflits et de guerres. Ici, Mme Kayata Eid prend l’exemple des conflits qui sévissent en République démocratique du Congo et qui suivent une logique purement commerciale de l’extraction de ressources naturelles. Cependant, l’optimisme et la prise de position sont des éléments qui permettent progressivement de lutter contre ces bouleversements : « Faire quelque chose au lieu d’être le dindon de la farce. » Pour l’auteure, « l’importance est d’informer les autres, les gens ne se rendent pas compte des conséquences de leurs comportements ».

Fort de ce message humaniste, le débat de jeudi s’insère dans le cadre de cet appel à la discussion et aspire à une réflexion collective sur l’évolution de notre société.


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commentaires (1)

Très belle réflexion citoyenne pour une prise de conscience de notre mode de vie parfois superflu, éloigné de l'essentiel et de nos fondamentaux. La culture, la spiritualité, le civisme, et tant d'autres valeurs qui sont menacées ou oubliées par les contraintes de la vie citadines, une vie citadine ayant souvent comme seuls critères la consommation et le profit. Bravo pour cette initiative enrichissante.

Sarkis Serge Tateossian

09 h 43, le 07 novembre 2018

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Commentaires (1)

  • Très belle réflexion citoyenne pour une prise de conscience de notre mode de vie parfois superflu, éloigné de l'essentiel et de nos fondamentaux. La culture, la spiritualité, le civisme, et tant d'autres valeurs qui sont menacées ou oubliées par les contraintes de la vie citadines, une vie citadine ayant souvent comme seuls critères la consommation et le profit. Bravo pour cette initiative enrichissante.

    Sarkis Serge Tateossian

    09 h 43, le 07 novembre 2018

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