D’une belle ville côtière ayant vocation à attirer les touristes, Jounieh, au nord de Beyrouth, est devenue l’une des cités les plus polluées du monde, occupant la cinquième position dans le monde arabe (après Dubaï, Riyad, al-Ahmadi au Koweït et Bagdad) et la vingt-troisième place à l’échelle mondiale, selon un dernier rapport de Greenpeace, publié la semaine dernière. Le document est basé sur une analyse des données captées par Sentinel 5P, un satellite entré en activité du 1er juin au 30 août 2018, qui fournit des données détaillées sur les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) dans l’atmosphère.
Julien Jreissati, chargé de campagnes dans le monde arabe pour Greenpeace Méditerranée, explique à L’Orient-Le Jour que « le NO2 résulte de la combustion d’énergie fossile comme le pétrole, le gaz naturel… ». À Jounieh, les sources principales de NO2 restent « la centrale de Zouk, les navires de production d’électricité, les générateurs des quartiers et le trafic routier », souligne-t-il. « Le rapport ne définit pas la part de chaque source dans cette pollution, poursuit-il. Par contre, il définit l’émission de NO2 en cours de semaine et le week-end. Aussi, en fin de semaine, celle-ci baisse de 27 %, parce que le trafic routier est moins important. »
Cette triste réalité a mobilisé les députés du Ftouh-Kesrouan : Farid el-Khazen, Chamel Roukoz, Neemat Frem, Roger Azar et Chawki Daccache. Ceux-ci ont tenu samedi une réunion au Regency Palace, à Adma, en présence du ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, César Abi Khalil. Ce dernier a constaté que la pollution de l’air à Jounieh et dans les environs « n’est pas nouvelle dans les villes côtières du Liban », soulignant que le problème est partiellement dû à la géographie de la région, les montagnes empêchant une bonne ventilation des villes, mais aussi aux générateurs des quartiers, au trafic routier et aux usines industrielles.
(Lire aussi : EDL réfute la mise en cause par Greenpeace de la centrale de Zouk)
Préserver la santé des citoyens
De leur côté, les parlementaires ont proposé une série de solutions, insistant notamment sur la nécessité d’entamer les travaux d’agrandissement de l’autoroute du Kesrouan le plus rapidement possible et d’assurer l’alimentation du Kesrouan-Ftouh en électricité 24 heures sur 24.
Pour Julien Jreissati, les solutions doivent être écologiques et durables. Se penchant sur le secteur de l’énergie, il souligne à L’OLJ la nécessité de « mettre en place une stratégie pour combler le déficit en électricité, et ce en ayant recours aux énergies renouvelables avec le développement des champs d’énergie solaire ». Selon lui, « cela permettra de bannir les générateurs qui sont excessivement polluants et d’autant plus dangereux qu’ils sont entre les habitations ». M. Jreissati affirme dans ce cadre que ce projet est écologique et économique « puisque le coût des énergies renouvelables a baissé de plus de 80 % au cours des dernières années ». « À Dubaï, les autorités ont réussi à décrocher une offre pour développer un projet d’énergie solaire à trois cents le kilowatt par heure, affirme-t-il. Au Maroc, d’ici à 2020, l’énergie proviendra à 42 % de l’énergie renouvelable. Une proportion qui atteindra les 52 % d’ici à 2030. Nous sommes bien loin de ces pays et même de l’Égypte où plusieurs champs d’énergie solaire et éolienne sont déjà en opération. »
En ce qui concerne le secteur des transports, M. Jreissati constate qu’au Liban, il existe une voiture pour trois personnes. Insistant sur la nécessité de penser à protéger la santé de la population, il met l’accent sur la nécessité de « rendre les voitures moins attrayantes, en augmentant les taxes sur celles qui sont les plus polluantes comme celles dotées de gros moteurs, et de développer un réseau de transports publics qui soit durable et efficace ».
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commentaires (9)
Au Maroc, dans 2 ans , 42 %de l’énergie viendra de l’énergie renouvelable....il s’agit d’un pays pauvre du Maghreb....houhou?! y’a quelqu’un au Liban ?
L’azuréen
21 h 50, le 05 novembre 2018