Birmanie: le parti d'Aung San Suu Kyi perd des sièges à une élection partielle

Le parti de la dirigeante contestée Aung San Suu Kyi a déclaré dimanche avoir perdu samedi six circonscriptions sur treize lors d'une élection partielle considérée comme un test du soutien dont il dispose à la mi-mandat.

"Actuellement, nous avons gagné sept sièges et en avons perdu dans six circonscriptions", a déclaré à l'AFP le Dr Myo Nyunt, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) au pouvoir.

Les résultats officiels de cette élection partielle n'ont pas encore été rendus publics par la commission électorale, mais des résultats préliminaires montrent que le parti de l'Union de la solidarité et du développement (USDP), aligné sur les militaires, a ravi trois sièges à la LND.

Le Dr Myo Nyunt a estimé que la perte de six sièges était due à l'impopularité du parti de Aung San Suu Kyi auprès des minorités ethniques et des fonctionnaires. "Nous avons appris que les groupes ethniques ne sont pas satisfaits de nos résultats concernant le processus de paix", a-t-il dit.

Aung San Suu Kyi, portée par la Ligue nationale pour la démocratie (LND), est arrivée au pouvoir en 2015 et a mis fin à des décennies de junte militaire, mais son mandat a depuis été assombri par son silence autour de la crise des Rohingyas, minorité musulmane poussée à l'exil, et par la stagnation des négociations de paix avec des groupes d'insurgés dans des zones frontalières délaissées.

Cette déception s'est traduite dans les résultats mitigés de l'élection partielle de samedi, où étaient en jeu 13 mandats dans les chambres basse et haute du parlement ainsi que dans les assemblées régionales.

L'analyste politique Maung Maung Soe a expliqué à l'AFP que la faible participation au scrutin dans la plupart des circonscriptions avait pénalisé la LDN et que l'apathie des électeurs pourrait avoir un impact réel aux prochaines élections en 2020. En revanche, l'USDP aligné sur les militaires bénéficie d'un soutien inébranlable.

"Bien que les partisans de la LDN soient nombreux, ils perdent actuellement des sympathisants au sein des minorités ethniques et parmi les intellectuels ainsi que dans les medias", a-t-il estimé.

Pour les défenseurs de la liberté de la presse, l'image de Suu Kyi a été ternie par la condamnation à sept ans de prison de deux journalistes de Reuters qui avaient fait état du meurtre de 10 Rohingyas par les militaires.