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Malgré le grand ménage, les "junk news" prospèrent toujours sur les réseaux sociaux

Des chercheurs de l'Oxford Internet Institute ont conclu que Facebook et Twitter regorgeaient toujours de "commentaires extrémistes, sensationnalistes, conspirateurs", ainsi que de formes d'informations "de mauvaise qualité", que l'on appelle des "junk news".

Des étudiants brésiliens, lors d'une séance de sensibilisation sur les "fake news" à Sao Paulo. Photo d'illustration AFP Photo/Miguel SCHINCARIOL

Malgré une traque sans merci menée par les grands réseaux sociaux, les "junk news" s'y répandent, d'après des experts, à un rythme bien plus rapide avant les élections américaines du 6 novembre que lors de la campagne présidentielle de 2016. 

Des chercheurs de l'Oxford Internet Institute ont conclu que Facebook et Twitter regorgeaient toujours de "commentaires extrémistes, sensationnalistes, conspirateurs", ainsi que de formes d'informations "de mauvaise qualité", que l'on appelle des "junk news".
Après l'analyse de 2,5 millions de tweets et de 6.986 pages Facebook sur une période de trente jours, ils ont déterminé que moins de 5% des sources référencées sur les réseaux sociaux émanaient d'institutions officielles, d'experts ou des candidats eux-mêmes.
"Nous avons découvert que la proportion de junk news circulant sur les réseaux sociaux avait augmenté aux Etats-Unis depuis 2016, les utilisateurs partageant une proportion plus importante de junk news que de liens vers des contenus professionnels", indiquent ces chercheurs dans leur rapport publié jeudi. Selon eux, ces informations poubelles, "qui se concentraient auparavant dans la base de soutien au président (Donald) Trump, se diffusent désormais au sein de communautés conservatrices traditionnelles".

Philip Howard, directeur de l'institut et auteur de cette étude, a précisé que ces travaux n'avaient pas vocation à déterminer la quantité de "junk news" provenant de comptes automatiques, ou "bots", ni si elles étaient pilotées par des entités étrangères.
Mais il a souligné que "ce style de production de junk news est probablement d'origine russe". "C'est ce que les Russes ont utilisé pendant l'élection de 2016 et maintenant il y a des sources nationales qui copient ce style", a-t-il ajouté.
Il a par ailleurs estimé que les efforts de Twitter et Facebook pour éradiquer la désinformation de leurs plateformes n'étaient que du "fignolage" et que "de toute évidence, de petits fignolages ne produisent pas un grand impact". En réaction, les deux géants d'internet ont critiqué les conclusions et les méthodes utilisées par les chercheurs.


(Lire aussi dans le Commerce du Levant : Stéphane Bazan : « Le Liban, un terreau fertile pour les “fake news” »)



Discours contradictoires
"Nous respectons et nous apprécions les solides études indépendantes, mais nous remettons en question certaines des conclusions" de celle-ci, a indiqué à l'AFP une porte-parole de Twitter.
"De nombreux liens considérés comme +mauvais+ par les chercheurs viennent de médias illustrant les opinions de la société américaine", a-t-elle poursuivi. "Les interdire de notre service serait une réaction impulsive et nuirait grandement au débat public".
Selon le groupe, de nombreuses sources citées dans cette étude "ne sont pas étrangères, ni des bots et, pour la plupart, ne sont pas coordonnées. Ce sont de vraies personnes qui partagent des informations qui reflètent leurs opinions".

Facebook a mis en avant d'autres études suggérant une baisse de la désinformation. "Les conclusions de cette étude ne devraient être considérées comme faisant autorité sur le sujet", a indiqué le premier réseau social au monde dans un communiqué, arguant que la principale conclusion --à savoir davantage de "junk news" qu'en 2016-- "s'appuie en réalité sur des données de Twitter ayant été extrapolées aux +réseaux sociaux+ au sens large".

Les chercheurs d'Oxford ont noté que leur définition de "junk news" découlait de critères spécifiques, comme le manque de pratiques du journalisme professionnel, l'utilisation d'hyperboles ou de titres trompeurs, ou encore des sources d'information non fiables. 
Jennifer Grygiel, professeure spécialisée dans les réseaux sociaux à l'université de Syracuse, qui n'a pas participé à l'étude de l'Oxford Internet Institute, a dit ne pas être surprise par les conclusions, en raison de la conception même de ces plateformes.
"Parce que tout clic génère du chiffre d'affaires, les réseaux sociaux promeuvent les junk news", a-t-elle expliqué. "Si vous avez le sentiment que ça commence à ressembler à de la télé-réalité, c'est normal. C'est comme ça que le système a été construit".
Selon elle, les algorithmes de Twitter donnent la priorité aux comptes certifiés, mais les célébrités sont davantage susceptibles d'en avoir que les universitaires, ce qui peut entraîner une prolifération de ragots et d'informations dignes de tabloïds.
Les réseaux sociaux, relève-t-elle, ont bien commencé à lutter contre les opérations "coordonnées et illégitimes" d'entités étrangères, mais cela n'a pas affecté les "junk news".


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