Khashoggi: Amnesty appelle à briser le silence face à l'Arabie saoudite

Amnesty International a appelé vendredi les Etats membres de l'ONU à briser le silence face à l'Arabie saoudite, les exhortant à surveiller la "cruauté" du royaume après le meurtre de Jamal Khashoggi.

La mort de ce journaliste saoudien, tué le 2 octobre au sein du consulat de l'Arabie saoudite à Istanbul, a provoqué une vague d'indignation à travers le monde. Fin octobre, le procureur général saoudien a indiqué qu'il s'agissait d'un acte "prémédité".

"Les Etats membres (de l'ONU) doivent mettre un terme à leur silence assourdissant face à l'Arabie saoudite et faire leur devoir, qui est de surveiller attentivement la cruauté dans le royaume", a déclaré dans un communiqué la directrice des campagnes d'Amnesty International au Moyen-Orient, Samah Hadid. "L'épouvantable mort de Jamal Khashoggi a montré jusqu'où peuvent aller les autorités saoudiennes dans leur répression de toute opposition pacifique, une répression qui n'a fait que s'intensifier depuis que Mohammad ben Salmane est devenu prince héritier", a-t-elle accusé.

Jusqu'à l'assassinat de M. Khashoggi, cette répression "a été volontairement ignorée par les Etats membres de l'ONU", a-t-elle affirmé. "La communauté internationale a le devoir de demander des comptes au gouvernement saoudien pour ses incessantes violations des droits humains dans le pays (en Arabie saoudite, ndlr) et dans le conflit au Yémen", où une coalition menée par Riyad soutient les forces progouvernementales face aux rebelles houthis, a souligné Mme Hadid.

Cet appel d'Amnesty International intervient peu après celui de Hatice Cengiz, la fiancée turque de Jamal Khashoggi, qui a réclamé "à la communauté internationale des mesures réelles, sérieuses et concrètes pour mettre au jour la vérité et traduire les responsables (du meurtre) devant la justice".

Les autorités saoudiennes ont mis plusieurs jours avant de reconnaître que le journaliste avait bien été assassiné lors de sa visite au consulat.

Plusieurs responsables et médias turcs ont directement incriminé le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane. Riyad s'efforce de le dédouaner en insistant sur le caractère "non autorisé" de l'opération.