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Culture - Théâtre

Michalik, ce jeune homme aux huit Molière

Trois ans après « Le Porteur d’histoire » et son triomphe, Alexis Michalik revient au théâtre al-Bustan avec sa nouvelle pièce « Intra-Muros »*, qui fait un tabac actuellement au théâtre de la Pépinière à Paris. Rencontre avec un... porteur d’histoires et un rassembleur.

La troupe de la pièce « Intra-Muros » écrite et mise en scène par Alexis Michalik.

Le théâtre est pour lui, à coup sûr, un moyen de fonder et d’entretenir une communauté d’hommes et de femmes capables de vivre ensemble, de s’adapter tout naturellement à chaque endroit différent et à chaque situation afin de servir la scène. À seulement 35 ans, Alexis Michalik a déjà enfilé tous les costumes avec un esprit stakhanoviste comme il se plaît à se décrire. Né le 13 décembre 1982, d’un père artiste peintre d’origine polonaise et d’une mère britannique, il décroche son premier rôle au théâtre dans une adaptation de Roméo et Juliette d’Irina Brook alors qu’il n’a que 19 ans. En plus du théâtre, il se fait une place à la télévision et au cinéma en tant que scénariste et acteur. Attiré par le théâtre classique, il adapte de nombreuses pièces françaises et étrangère qui remportent un franc succès. Il décroche d’ailleurs le Molière de l’auteur francophone et celui du meilleur metteur en scène pour un spectacle dans un théâtre privé en 2014.

Élève appliqué à l’école, Alexis Michalik n’a jamais été dans la procrastination. « Un devoir à faire était toujours fait le même soir, dit-il, afin que je puisse passer à autre chose, éventuellement jouer. » Très tôt, il a été exposé à une vie culturelle très riche. Des salles de cinéma au théâtre, il a vite tracé sa voie, il voulait être acteur et écrivait déjà. « Le matin, dit-il, quand je me lève, j’ai besoin de m’activer, d’être productif.»

Charlie Chaplin ne disait-il pas que l’obstination est le chemin de la réussite ? En classe de 6e, pour une pièce de théâtre à l’école, il est désigné pour jouer le chef d’orchestre. Depuis, il ne cesse de diriger. Quatre pièces à succès à son actif (Le Porteur d’histoire, Le Cercle des illusionnistes, Edmond et Intra-Muros) se jouent actuellement et simultanément à Paris.


On ne s’improvise par conteur

À l’échelle du monde, des régions, de chaque communauté, de la famille, les histoires peuplent, scandent et rythment la vie des hommes. Alexis Michalik n’est pas seulement un metteur en scène et un auteur, il est surtout un créateur d’histoires et un rassembleur.

Il choisit ses acteurs après les avoir vu jouer, « mais ils se doivent, relève-t-il, d’être d’abord des gens de troupe, capables de mettre leur ego de côté au service du spectacle et, comme le spectacle dure longtemps, ils doivent interagir en bons camarades pour pouvoir cohabiter ». Et d’ajouter : « Je conduis mes acteurs avec beaucoup de précision, mais j’essaie de leur donner beaucoup de liberté. J’installe une trame narrative avec une idée de mise en scène à travers laquelle je visualise en premier lieu une histoire à raconter suffisamment réaliste pour que j’éprouve le désir avec ardeur de l’autogénérer continuellement. C’est ainsi que la pièce Intra-Muros a fonctionné. En répétitions, je ne fournis pas un texte mais une situation, un canevas sur lequel nous créons ensemble, mes acteurs et moi, les lignes directives. Ils improvisent, je corrige et nous progressons à partir d’un squelette de scène. Cela donne un résultat très réaliste. Le théâtre est un art éphémère et vivant que je peux toujours faire évoluer et modifier au gré des répétitions. » Et Michalik d’avouer : « après trois représentions du Porteur d’histoires, j’ai modifié la fin. Pour Intra-Muros, nous abordions chaque jour la répétition en mettant à l’épreuve les découvertes de la veille, prêts à croire que la véritable pièce nous échappait une fois de plus et qu’il fallait la faire progresser. Je ne pars jamais du principe que j’ai défini la façon dont la pièce devait être jouée ».

Dans les spectacles d’Alexis Michalik, on ne détecte jamais de rôle principal, et le sens de la hiérarchie est inexistant. Pour lui, le théâtre n’est pas une compétition, mais une histoire transmise dans un esprit communautaire et utopiste. Tout le monde y trouve son compte.

Abattre les murs

L’histoire permet de mettre des mots sur les souffrances et les peurs des hommes. L’histoire permet d’adapter la réalité à sa propre vision du monde. Intra-Muros a vu le jour après une visite effectuée par Alexis Michalik et son actrice dans une maison centrale (type de prison qui prend en charge les condamnés à de longues peines) où les détenus devaient lui remettre le prix du meilleur court métrage. Suite à cette rencontre riche d’échanges et d’expériences inhabituels, Alexis Michalik copmrend que les prisonniers s’avèrent être de fervents cinéphiles et surtout des êtres humains à qui le temps (sujet incontournable) de raconter leurs histoires manque. Le jeune metteur en scène décide alors de mettre le sien au service de ce récit en essayant de trouver des réponses à l’absurdité de la vie. Il imagine une prison où un metteur en scène sur le retour vient dispenser son premier cours de théâtre avec toutes les difficultés que cela implique. Pour avoir vu ses pièces précédentes, il n’est pas difficile d’imaginer qu’une fois de plus, Alexis Michalik va brouiller les cartes et transporter le spectateur vers des lieux inattendus.

Une mise en scène de Michalik, c’est toujours une merveilleuse machine et la mise en marche de mécanismes qui fonctionnent à chaque fois. Une belle aventure menée par un grand porteur d’histoires.


* « Intra-Muros », texte et mise en scène d’Alexis Michalik. Avec Bernard Blancan, Paul Jeanson, Fayçal Safi, Élisabeth Ventura, Alice de Lencquesaing et le musicien Raphaël Charpentier

Ce soir et demain dimanche 28 octobre, à 20h30. Durée : 1h45 min

À partir de 13 ans. Persona Productions

Billets chez Antoine Ticketing.



Pour mémoire
En attendant Alexis Michalik et son « Porteur d’Histoire »

Le théâtre est pour lui, à coup sûr, un moyen de fonder et d’entretenir une communauté d’hommes et de femmes capables de vivre ensemble, de s’adapter tout naturellement à chaque endroit différent et à chaque situation afin de servir la scène. À seulement 35 ans, Alexis Michalik a déjà enfilé tous les costumes avec un esprit stakhanoviste comme il se plaît à se décrire. Né...

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