Comme si notre propre décrépitude ne nous suffisait pas, il nous faut en plus gérer celle des Palestiniens ayant pris racine dans les favelas de Aïn el-Héloué et Miyé w Miyé. La classe politique a beau vitupérer contre l’implantation, ça reste quand même une greffe durable.
Mais quelle formidable machine à remonter le temps que ces camps palestiniens ! Dans un décor plus proche de Mad Max que d’une page de couverture de Maisons & Jardins, ils ont réussi à produire une belle réminiscence de la chienlit des années 70-80 : l’attardé mental qui tire, l’enturbanné qui le cache, la noria des hirsutes armés qui grenouillent au milieu des taudis… et les myriades de groupuscules, de dissidents, de factieux, de réfractaires et autres électrons libres qui se font allumer les uns les autres. Bref, un microcosme du futur État palestinien tant promis.
Tout cela, sous le regard torve d’un État libanais virtuel, qui n’a pas trouvé mieux que de sous-traiter son boulot auprès d’une « force conjointe palestinienne de sécurité », en fait un komintern de patibulaires fichés comme de dangereux terroristes internationaux. Le pays se surprend ainsi à voir s’agiter ces paumés de la religion, transformés soudain en preux chevaliers de l’État de droit. Une brigade d’intervention, version raclure.
En somme, un État qui ronfle, une dette extérieure qui gonfle, un gouvernement qui n’en finit pas de courir après ses affaires courantes, et des miliciens palestiniens qui s’envoient des roquettes à la figure en se promettant la victoire, au milieu d’une population qui crève la dalle. C’est ce qui s’appelle vendre du rêve au paradis du cauchemar.
Aux dernières nouvelles, une énième trêve a été conclue, jetant un calme précaire sur ces lieux symboles de l’art de vivre. Au rythme où ils sont signés, ces cessez-le-feu devraient être édités et reliés plein cuir. Pour sûr, ils feraient s’écrouler les étagères de la Bibliothèque nationale.
Aïn el-Héloué et Miyé w Miyé, zones délabrées et paradis des mutants bienheureux… Et ce n’est pas un outrage, mais un diagnostic.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (8)
l’auteur de cet article est fort pour blablater, mais il en oublie l’essentiel: c’est l’état libanais dirigé par le président Charles Helou et représenté par le Général Boustany à la conférence du Caire en 1969, qui va officiellement autoriser les groupes armés palestiniens à s’installer au Liban sud afin de mener des attaques contre l’armée israélienne! Pourquoi l’ont ils fait? peut-être que l’auteur pourra répondre sans faire des détours inutiles.
Fredy Hakim
00 h 29, le 20 octobre 2018