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Moyen Orient et Monde - Reportage

Réouverture de Nassib : tout un symbole pour Damas

Alors que le poste-frontière séparant la Syrie de la Jordanie a rouvert ses portes aux passagers et marchandises, une délégation d’hommes d’affaires syriens a annoncé vouloir reprendre les échanges dans la région.

Des voitures venant de Jordanie passent la frontière syrienne, au poste-frontière de Nassib. Omar Sanadiki/Reuters

C’est un coup de communication a priori réussi pour la Syrie. Lundi matin, 8h00, la grille en métal noir du poste-frontière de Jaber, côté jordanien, s’est officiellement ouverte. La nouvelle a été rendue publique au dernier moment, dimanche soir, par un communiqué de la porte-parole du gouvernement jordanien. Dès le lendemain matin, quelques voitures immatriculées en Jordanie attendent avant de se faire contrôler, et fouiller. Une avalanche de journalistes se précipite pour interroger les premiers arrivés. « J’étais le dernier à rentrer de Syrie il y a trois ans ! » se réjouit Mohammad Hicham Falioune, businessman syrien vivant en Jordanie, encerclé par une vingtaine de caméras. Il est aujourd’hui le premier à traverser la frontière, côté jordanien cette fois-ci. Esquissant un large sourire au volant de sa Mercedes, il souhaite « montrer à tout le monde que la Syrie est un pays sûr ».

Après la grille, on entre dans la zone militaire côté Jordanie. C’est ici que les passagers doivent enregistrer leur voiture et présenter leurs papiers à la douane. Seules les voitures jordaniennes ont le droit, pour l’instant, de traverser la frontière. Mohammad al-Nadi tend un billet de 10 dinars aux autorités, pour sa voiture. Avant, il était chauffeur de taxi entre la Syrie et la Jordanie. De nationalité jordanienne, on l’a rapatrié dans son pays, et il exerce son métier désormais dans la ville frontalière de Ramtha. « Je suis très content, je ne peux pas l’expliquer… J’espère vraiment que la situation sera comme avant, voire mieux! » sourit-il. Aujourd’hui, il indique se rendre en Syrie pour le tourisme. « La Syrie me manque beaucoup, le souk al-Hamidiya, à Damas, en particulier. Les gens aussi me manquent. On est une seule et même famille, seulement la frontière nous sépare. J’espère que les gens vont arrêter de s’entre-tuer. Chaque chose a un début et une fin, et cette fois-ci, si Dieu le veut, c’est la fin. »

Le point de passage de Nassib (du côté syrien) a fermé en 2015, lorsque les rebelles ont pris son contrôle, avant d’être récupéré par l’armée syrienne en juillet dernier. De l’autre côté, Ibrahim Badrane, la trentaine, présente son passeport jordanien à la police des frontières. « Je suis heureux d’être parmi les premiers à traverser, dit-il, et c’est sûr, il y aura plus de gens ces prochains jours, pour le travail ou le tourisme. Moi, j’y vais pour visiter. J’ai envie de voir Damas et ses marchés locaux, et je veux voir ce qu’il s’est passé en Syrie. » Un couple jordano-syrien sort de la zone de contrôle. « On a tenu à venir le premier jour, explique Ahmad Ajlouni. La famille de ma femme est en Syrie, donc avant, on y allait régulièrement, mais avec cette guerre absurde, on a arrêté. Maintenant, on est très content de pouvoir retrouver nos proches là-bas. » Sa femme, Wafa’ Anomani, renchérit : « Je suis très heureuse de retrouver mon pays ! Grâce à Dieu, notre famille à Damas nous a dit que la situation est sécurisée. » Une fois leurs passeports tamponnés, les passagers venant de Jordanie roulent ensuite vers les autorités syriennes, à un ou deux kilomètres plus loin. À la fin de la journée, 70 voitures sont allées en Syrie, et 10 en Jordanie.

Toujours dans la partie jordanienne, la zone franche est désertique. À côté d’une mosquée au dôme doré, tous les commerces duty free sont fermés. Un employé passe le balai dans l’un des bureaux de change. Ce n’est que mardi matin que seize entreprises ont rouvert leurs portes, a indiqué un officiel des douanes jordaniennes. Avant la fermeture de la frontière il y a trois ans, elles étaient 172. D’autres enseignes attendent encore l’approbation du gouvernement jordanien pour rouvrir. C’est que le poste-frontière de Nassib est l’un des points de passage les plus importants du Moyen-Orient. Avant le début de la crise syrienne, en 2011, des centaines de camions circulaient chaque jour. La Jordanie utilisait Nassib pour exporter ses marchandises vers le Liban, la Turquie et l’Europe. La Syrie, quant à elle, tout comme le Liban, exportait ses biens en direction de la Jordanie et des pays du Golfe. Pour la Jordanie, les échanges commerciaux par voie terrestre avec la Syrie représentaient, en 2010, 615 millions de dollars.


(Lire aussi : Industriels et agriculteurs libanais optimistes après la réouverture du passage frontalier de Nassib)


« La restauration des liens »
Alors, symboliquement, les premiers arrivants de Syrie sont une délégation d’hommes d’affaires syriens. Accompagnés par des journalistes syriens, ils sont une trentaine à débarquer au poste-frontière avant d’être accueillis par une délégation jordanienne. « Bienvenue ! » lancent les Jordaniens aux Syriens, en les embrassant et en leur serrant la main les uns après les autres, devant une foule de caméras. Les sourires sont sur toutes les lèvres. « C’est notre première visite depuis environ sept ans aujourd’hui! s’exclame Akram Khtout, président de l’association des exportations de Syrie. Nous retrouvons nos frères en Jordanie et le sourire est redevenu visible et, si Dieu le veut, le sourire sera traduit sur le terrain par l’économie. »

Ces membres de chambres de commerce syriennes ne sont pas venus parler politique, annoncent-ils. Mais économie. Ils s’installent dans une salle de réception à l’intérieur du poste-frontière côté jordanien, et répondent individuellement aux questions des journalistes. Ils ont un message à faire passer : l’économie de Syrie est de retour. « La reconstruction n’est pas seulement la restauration de la pierre, mais aussi la restauration des liens », dit Mazen Galaramit, membre de la Chambre de commerce de Deir ez-Zor. « C’est-à-dire un agrandissement du cercle de production et la possibilité de réexportation de zones vitales. Personne ne peut ignorer notre emplacement dans le monde et l’activité économique syrienne. » Membre de la Chambre de commerce de Damas, Maher Zeyat ajoute : « En Syrie, la sécurité est revenue et de nombreux Syriens retournent d’Europe, d’Amérique, et la Syrie a besoin de ses citoyens pour la reconstruction. »

Les Syriens réfugiés en Jordanie, 1,3 million selon les autorités jordaniennes, ne se sont pourtant pas précipités pour rentrer dans leur pays. Au total, 248 personnes ont traversé la frontière des deux côtés, selon le ministère des Transports, lundi soir. 162 Jordaniens, 37 Syriens et quelques personnes d’autres nationalités. Une réouverture timide pour le symbole qu’elle représente.


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C’est un coup de communication a priori réussi pour la Syrie. Lundi matin, 8h00, la grille en métal noir du poste-frontière de Jaber, côté jordanien, s’est officiellement ouverte. La nouvelle a été rendue publique au dernier moment, dimanche soir, par un communiqué de la porte-parole du gouvernement jordanien. Dès le lendemain matin, quelques voitures immatriculées en Jordanie...

commentaires (2)

faut conclure qu'a ce jour : 1- les refugies de ce cote-ci de la frontiere ne sont pas mieux traites par leur gouv. que ceux chez nous autres pour ce qui est leur retour 2-y a QUE les syriens qui crient victoire de la reouverture - bcp plus timidement les jordaniens en attendant, les etats du Golf n'ont toujours pas decide d'accepter l'importation des produits syriens et/ou ceux transitant par la syrie.

Gaby SIOUFI

11 h 03, le 17 octobre 2018

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Commentaires (2)

  • faut conclure qu'a ce jour : 1- les refugies de ce cote-ci de la frontiere ne sont pas mieux traites par leur gouv. que ceux chez nous autres pour ce qui est leur retour 2-y a QUE les syriens qui crient victoire de la reouverture - bcp plus timidement les jordaniens en attendant, les etats du Golf n'ont toujours pas decide d'accepter l'importation des produits syriens et/ou ceux transitant par la syrie.

    Gaby SIOUFI

    11 h 03, le 17 octobre 2018

  • Je revois 7 ans plus tard une réalité sur le terrain qui n'avait pas été prédite par ceux qui annoncent en catimini CETTE VICTOIRE HISTORIQUE DU HÉROS BACHAR AL ASSAD. IDLIB SERA LA DER DES DER. NI 2ÈME NI 3ÈME CHANCE À CES CRÉTINS DE TERRORISTES WAHABITES.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 55, le 17 octobre 2018

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