Rechercher
Rechercher

Liban - Clandestins

« Pas besoin de les chercher, les passeurs viennent vous trouver pour proposer leurs services »

Samer Nejmeh, un Syrien marié à une Palestinienne, raconte son aller-retour Arida-Nicosie-Arida.

Entassés dans de petits bateaux, ils quittent clandestinement le Liban pour Chypre.

« Tous les jours, à différentes heures de la journée, de petits bateaux transportant des clandestins quittent illégalement les ports du Liban-Nord. Ils partent de Abdé, de Arida, de Qalamoun, de Chekka et de Tripoli, même du port officiel de Tripoli. Je sais que parler me met en danger, mais je suis un homme qui a perdu son fils, simplement parce que j’ai rêvé d’une vie meilleure hors du Liban », raconte à L’Orient-Le Jour Samer Nejmeh, un Syrien marié à une Palestinienne du Liban, du camp de Beddaoui, et qui a perdu son fils, Khaled, lors d’un naufrage au large de Tripoli le 22 septembre dernier. Ce jour-là une barque de pêcheurs transportant clandestinement 39 passagers syriens et palestiniens, de Arida vers Chypre, avait coulé. Seul le petit Khaled n’a pas survécu. Il était avec sa mère et sa sœur âgée de huit ans.

« La barque s’est renversée, tous les passagers ont réussi à remettre la tête au-dessus de l’eau sauf mon fils qui s’est noyé », dit-il.

Samer Nejmeh, peintre en bâtiment, âgé de 32 ans, originaire de Damas, est parti clandestinement pour Chypre en août dernier, un mois et demi avant le départ de sa femme et de ses deux enfants qui devaient le rejoindre.

« Nous ne sommes pas partis ensemble car je n’avais pas les moyens de payer le passeur. Il voulait 1 200 dollars par personne. J’ai vendu mes meubles et je me suis endetté. Et je me suis préparé au voyage », note-t-il.

« Nous avons embarqué de Arida. Le voyage en bateau a duré 16 heures. Nous sommes arrivés à Nicosie. Nous étions une trentaine de passagers. Nous avons été placés dans un camp de réfugiés. Ma femme et moi avons ensuite débrouillé la somme de 1 200 dollars afin qu’elle me rejoigne avec nos enfants. Cette fois-ci le passeur voulait 1 000 dollars l’adulte et 100 dollars l’enfant. D’ailleurs ce sont les prix pratiqués actuellement », raconte-t-il.

Libanais, Syriens, Palestiniens et Égyptiens

À la question de savoir comment il a fait la connaissance du passeur, il précise : « Ce sont eux qui vous trouvent pour proposer leurs services. Vous n’avez même pas besoin de les chercher. J’étais dans un café de Beddaoui, non loin du camp palestinien où nous vivons. J’y ai rencontré un homme et nous avons commencé à parler. Je lui ai évoqué mes problèmes et mes conditions de vie. Ce passeur, un Syrien nommé Moustapha Ghazali, qui est actuellement arrêté, a tout de suite proposé son aide. » « Les passeurs sont libanais et syriens, mais ceux qui profitent le plus, les vrais mafieux, ce sont les passeurs chypriotes qui facilitent l’arrivée des bateaux. Ce sont eux qui prennent la plus grosse partie de l’argent », note-t-il, ajoutant que « les passagers clandestins qui prennent les bateaux, à partir des côtes du Liban-Nord, sont libanais, syriens, palestiniens et égyptiens ».

« Mon plan était de partir à Chypre, y rester. Avec le métier que je fais, j’aurais pu avoir de l’argent, vivre mieux qu’au Liban, assurer un meilleur avenir à mes enfants. Mais les choses ont malheureusement pris une autre tournure », poursuit-il.

Samer Nejmeh est arrivé de Damas au Liban en 2011, au début des événements en Syrie. Il est rentré de Chypre une semaine après le naufrage de son fils.

« J’ai été trouver à nouveau les passeurs, je les ai suppliés de prendre le bateau avec eux pour retourner vers Arida. Le voyage a pris 17 heures. Et contrairement à tous les départs clandestins du Liban, le bateau au départ de Chypre ne transportait pas de passagers. Une fois à Arida, le barque a été amarrée au même endroit que celui du départ, mon départ, un mois et demi plus tôt », souligne-t-il en conclusion.


Pour mémoire

Douze Syriens perdent la vie en tentant de rentrer illégalement au Liban

Lire aussi

Passeur de yazidis, un business dangereux et lucratif

« Tous les jours, à différentes heures de la journée, de petits bateaux transportant des clandestins quittent illégalement les ports du Liban-Nord. Ils partent de Abdé, de Arida, de Qalamoun, de Chekka et de Tripoli, même du port officiel de Tripoli. Je sais que parler me met en danger, mais je suis un homme qui a perdu son fils, simplement parce que j’ai rêvé d’une vie...

commentaires (2)

Si par ce moyen on renvoyait les migrants syriens aux européens responsable et initiateur du complot anti état syrien , j'y souscris sans aucun remord.

FRIK-A-FRAK

10 h 08, le 16 octobre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Si par ce moyen on renvoyait les migrants syriens aux européens responsable et initiateur du complot anti état syrien , j'y souscris sans aucun remord.

    FRIK-A-FRAK

    10 h 08, le 16 octobre 2018

  • MANQUE DE CONTROLE SUR LE LITTORAL LIBANAIS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 00, le 16 octobre 2018

Retour en haut