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Lifestyle - L’aile ou la cuisse

East Village, un burger, et c’est tout

Le King des burgers. Photo DR

En vous dirigeant vers East Village, à Badaro, vous risquez fort de ne pas le trouver. Il n’y a aucun signe visible, sinon un panneau installé… à l’intérieur ! Une fois arrivés, vous découvrirez l’espace, ouvert sur une cuisine apparente, dans un design assez sympa, inspiré de l’esprit new-yorkais. Sauf que, avec une cuisine ouverte, il faut rigoureusement respecter certaines règles conformes à toutes les normes d’hygiène. Sinon, pourquoi opter pour ce choix ? Ici, l’équipe de travail ne porte pas de filets pour cheveux et les serveurs entrent et sortent de la zone « propre » sans aucune restriction, comme s’il s’agissait d’un prolongement de leur espace de travail.

Le service à East Village est plus que médiocre. Peu importe la qualité des plats, c’est toujours la première chose que le client remarque. Ouvert depuis presque quatre ans, il est étonnant que le personnel soit aussi peu professionnel. Lorsque nous sommes arrivés, tous les serveurs étaient derrière le bar et manipulaient leur téléphone. Aucun d’entre eux n’a pris la peine de sortir, de nous accueillir ou de nous diriger vers une table. Aucune excuse et, de plus, c’était en début de soirée, l’endroit était encore presque vide, avec à peine quelques clients déjà installés... Ce n’était là que la première des nombreuses déceptions à venir. Nous avions déjà commandé nos boissons lorsque la serveuse est enfin apparue avec les menus, dévoilant par la même occasion et très vite son manque de connaissances en matière de vin. Nous ne les avons reçues que lorsque les plats principaux nous ont été servis, sans avoir manqué de rappeler que nous avions très soif. Les serveurs étaient sans doute trop occupés à se parler.

En attendant nos hors-d’œuvre, nous nous sommes appliqués à éviter les gouttes d’eau qui pleuvaient sur nous et notre table, coulant des bouches d’aération situées au-dessus de nos têtes. La climatisation, trop froide, n’a pas rendu l’attente plus facile. De plus, assis sur une chaise à moitié cassée, il a fallu subir la fumée des cigarettes de la plupart des clients, bien que nous soyons dans une zone fermée. Et, dans tout cet inconfort et cette incompétence, pas de beurre, pas d’olives, rien.

Fautes de goût et de grammaire

Quelques minutes plus tard, les premières entrées sont servies. Les « épinards et artichauts » et le « bacon et poireaux » avaient le même goût vu la quantité de fromage fondu qui les recouvrait, étouffant ainsi toute autre saveur. Les deux à déguster avec le même pain croustillant fait maison. Le ceviche de crevettes était rafraîchissant, surtout avec les savoureuses échalotes et le zeste de citron vert qui l’accompagnaient. Pareil pour le BlueFin Tuna Poke, accompagné de dés de mangue et de papier nori. Cependant, la Shrimp Kale Caesar Salad était insipide. D’ailleurs, quelqu’un devrait faire remarquer aux responsables que c’est « Caesar » et non pas « Ceasar » – du nom d’un restaurateur, pas du consul romain, tout comme c’est « coriandre » et non pas « corriandre » et vérifier l’orthographe des mots avant de les mettre dans leurs menus… Quelques minutes plus tard, le fromage de chèvre truffé nous est enfin servi avec le même pita cuit au four. Le goût était bon, mais la portion petite, tout comme les deux premiers. Impossible de partager. Les edamame étaient trop mous et manquaient de gros sel, la Grilled Oyster Mushrooms Salad aurait été plus intéressante s’il y avait plus de champignons dans le plat, et sa vinaigrette à l’estragon ne lui rendait pas vraiment justice. Quant au Grilled Baby Calamari, il a été servi trempé dans une vinaigrette à base de citron qui ressemblait plus à une soupe qu’à une sauce vinaigrette.

C’est alors que débarquent, en avance, nos champignons sautés, qui devaient accompagner notre plat principal, parce que, nous a-t-on expliqué, « ils étaient prêts en cuisine avant le reste ! ». De plus, il ne s’agissait même pas de champignons frais, mais de champignons en conserve, moelleux et moites. C’est alors, aussi, que nous avons (encore une fois) rappelé à notre serveuse notre commande de boissons qui n’était toujours pas arrivée. Elle avait oublié ! Mais lorsqu’on a enfin pu se désaltérer, les cocktails étaient excellents. Félicitations au barman ! Puis est arrivé le King of Burgers, sans doute l’un des meilleurs de Beyrouth. Un vrai King. King en taille, car il est composé de 250g de galette de viande ; King en saveur, car il est produit à partir d’une viande US Prime Black Angus – la marbrure supérieure est ce qui rend le bœuf Black Angus si tendre et juteux, et King à cause de son prix, 30 $ la pièce ! Dommage, cependant, qu’il soit servi ainsi, de côté dans l’assiette, au lieu d’être déjà placé dans le sandwich avec les cornichons, tomates, oignons et sauce burger. Pour obtenir un bacon croustillant, il faut le préciser dans la commande, sinon il arrivera moite, tout comme les frites malheureusement servies avec du parmesan et de l’huile de truffe. Pour le Bourbon Pepper Steak, une viande australienne grass-fed, il est servi en médaillon dans une grande poêle, sans aucun accompagnement. La viande n’était pas excellente, et sa sauce manquait de punch.

Pendant tout le repas, la serveuse n’est pas venue nettoyer la table de toutes les miettes de pita dispersées. Même quand elle a débarrassé les entrées, elle n’a pas pris le soin de le faire. C’est un peu comme si elle faisait ce métier contre son gré. C’était tellement évident que, lorsque nous lui avons demandé les menus pour choisir nos desserts, elle a préféré ne pas se déplacer pour les ramener, mais nous les énumérer oralement… Quoi qu’il en soit, le Apple Crumble et son biscuit fait maison contiennent beaucoup plus de crumble que de pommes cuites, ce qui le rend très sec. Le crumble à moitié brûlé n’a pas arrangé les choses. Le Chocolate Fudge Brownie était bien trop sucré, mais la glace faite maison était très rafraîchissante et savoureuse, en particulier celle au caramel salé.

Dans l’ensemble, East Village est assez cher avec un tarif de 60 dollars par personne. Si vous commandez un hors-d’œuvre, le King of Burgers avec des frites truffées, un dessert et un cocktail, vous êtes déjà à 69 dollars. C’est certainement l’un des meilleurs hamburgers en ville, mais il ne justifie pas ce prix excessif, surtout avec un service aussi médiocre.

EAST VILLAGE Badaro, rue principale, immeuble al-Barakat ; Achrafieh, rue Georges Naccache, immeuble Karam

DATA

Son : niveau max = 100,3 dB, TWA = 71,6 dB

Qualité de l’air : 86/100 (moyen), COV 0,23ppm, Humidité 66 %, Température +19°C

NOTES

Son : 2,5/5

Décoration : 3,5/5

Personnel : 1/5

Plats : 3/5

Propreté : 2/5

Avis : moyen

Prix : élevé

En résumé…

On aime bien : les cocktails, le fromage de chèvre truffé, le ceviche de crevettes, le King of Burgers, la glace maison au caramel salé.

On aime moins : le service médiocre, les edamame, la Shrimp Kale Caesar Salad, le apple crumble, les fumeurs à l’intérieur.

Le conseil : allez-y au moins une fois pour goûter au King of Burgers, qui vaut la peine, et savourer un bon cocktail. Mais assurez-vous de choisir une table loin des conduits d’air conditionné.


*Critique gastronomique

Il agit dans l’ombre, même si sa signature énigmatique lui donne des airs de gentlemen franco-anglais. Cordon Courtine sévit dans les restaurants de la capitale undercover pour y goûter le meilleur, et parfois le pire. Il revient, un samedi sur deux, pour vous donner ses impressions, toujours très objectives, sur tout ce qui fait la (bonne) réputation d’un restaurant, des saveurs aux odeurs, en passant par la décoration et la propreté des lieux. Bon appétit.

FB : www.facebook.com/CordonCourtine/

Insta : cordon.courtine

E-mail : cordoncourtine@gmail.com 


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En vous dirigeant vers East Village, à Badaro, vous risquez fort de ne pas le trouver. Il n’y a aucun signe visible, sinon un panneau installé… à l’intérieur ! Une fois arrivés, vous découvrirez l’espace, ouvert sur une cuisine apparente, dans un design assez sympa, inspiré de l’esprit new-yorkais. Sauf que, avec une cuisine ouverte, il faut rigoureusement respecter certaines...

commentaires (3)

ET cet article est sense etre compris comment ? Le resto en question n'etant pas l'ADRESSE avec un GRAND A, super connue par les libanais,et l'OLJ publie quand meme TOUT cet article, ET pour finir par le lyncher ? Curieux quand meme !

Gaby SIOUFI

09 h 09, le 14 octobre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • ET cet article est sense etre compris comment ? Le resto en question n'etant pas l'ADRESSE avec un GRAND A, super connue par les libanais,et l'OLJ publie quand meme TOUT cet article, ET pour finir par le lyncher ? Curieux quand meme !

    Gaby SIOUFI

    09 h 09, le 14 octobre 2018

  • Je me permettrai de relever un detail dans cette delicieuse critique assassine amplement meritee. Pour ma part, il y a quelques mois, m’etant egare dans ce resto, j’avais quitte l’etablissement sans meme entamer mon plat, l’observation de toutes les lacunes presentes ayant deja puise toutes mes forces. Concernant les frites aux truffes, il serait utile d’avertir les consommateurs que l’huile de truffe qui n’a rien a voir avec les truffes, est une composition synthetique qui a froid et en tres petite quantite peut effectivement parfumer artificiellement un plat, mais en cuisson a haute temperature obligatoire avec les frites ou les pizzas, elle devient un veritable poison. D’ou les maux d’estomac et les sensations de lourdeur et d’indigestion dans les heures qui suivent.

    Cadige William

    10 h 21, le 13 octobre 2018

  • Et le restaurant tient 4 ans avec un service pareil?

    NAUFAL SORAYA

    07 h 36, le 13 octobre 2018

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