On a beaucoup commenté hier dans certains milieux diplomatiques l’affirmation selon laquelle ce sont des « calculs de ménagère » qui empêchent, jusqu’à présent, la formation d’un nouveau gouvernement, une expression reproduite dans l’édition de lundi de L’Orient-Le Jour.
« M. Bassil se livre à des calculs de ménagère, à l’heure où tout le monde fait des concessions pour permettre au cabinet de voir le jour », avait écrit L’OLJ ce jour-là, citant « les milieux du Hezbollah ». De fait, le Hezbollah ne manque pas une seule occasion d’exprimer son impatience de voir le nouveau gouvernement formé. Cette impatience, conjuguée à la pointe adressée à M. Bassil, n’en est donc que plus significative. Les « calculs de ménagère » de M. Bassil n’irritent pas seulement les milieux diplomatiques, mais le Hezbollah aussi, et probablement le mouvement Amal. Si on ajoute ce tandem chiite aux Forces libanaises, au PSP et aux Marada, force est de constater que, sur ce point précis, le CPL se retrouve bien isolé, et même seul contre tous.
« Est-il concevable qu’un pays soit paralysé depuis plusieurs mois, alors que les indices économiques négatifs s’accumulent ; est-il concevable que tout s’arrête pour un siège que se disputent deux forces. Nous savons pourtant que c’est celui qui fait preuve de la plus grande souplesse (…) qui finit par gagner le cœur et l’estime des Libanais », a plaidé de son côté le député Ali Fayad, qui a fait hier l’apologie de « la souplesse et l’ouverture qui conduisent à la solution ».
M. Fayad a été jusqu’à envisager un nouveau délai raisonnable d’attente, en affirmant que « celui qui a attendu tout ce temps n’aura pas de problème à attendre dix jours de plus ».
Beaucoup voient dans ce « signal » du Hezbollah l’annonce que le temps de l’attente est sur le point d’expirer, et qu’une véritable lueur d’espoir pointe à l’horizon.
(Lire aussi : Prudence dans les milieux du PSP sur les tractations ministérielles)
Impatience
Par ailleurs, les cercles diplomatiques cités plus haut signalent qu’une certaine « impatience » commence à se manifester dans les milieux des investisseurs ayant participé à la CEDRE, à Paris, au printemps passé. Ces milieux estiment, en particulier, « qu’il est dommage » que l’on retarde encore les divers programmes de développement envisagés par la CEDRE, pour une enveloppe de 11,2 milliards de dollars, alors qu’un consensus interne sur la nécessité des réformes prévues par le programme est désormais acquis. Et de relever qu’au départ, l’adhésion du Hezbollah n’était pas évidente.
On juge, d’autre part, dans les milieux précités, que les ingérences étrangères ne freinent pas vraiment la formation d’un nouveau gouvernement, et que ce sont les chicaneries internes qui jouent, sur ce plan, le rôle principal.
Cette conviction du parti de Hassan Nasrallah s’inscrit en faux par rapport aux appréciations des milieux diplomatiques que nous citons. Mais elles s’expliquent, selon les observateurs, par la volonté du Hezbollah de faire feu de tout bois, profitant du vent contraire qui souffle sur l’Arabie saoudite, après l’affaire Khashoggi.
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commentaires (5)
Il n'est ni seul , ni isolé Gebran Bassil ... Parce qu'il n'a pas de temps à perdre pour savoir qui est d'accord avec lui et qui ne l'est pas . Et puis cest un type qui travaille d'arrache-pied ici et ailleurs , au point qu'on serait porté à croire qu'il a le don d'ubiquité ... Alors que les autres , tous les autres attendent que les alouettes leur tombent toutes rôties . Et cela dérange ,tout de même, beaucoup .. Et tant pis !!!
Hitti arlette
16 h 48, le 09 octobre 2018