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Liban - Gouvernement

Prudence dans les milieux du PSP sur les tractations ministérielles

« Il n’y a aucune honte à faire des concessions au profit du pays », écrit Walid Joumblatt sur son compte, avant de supprimer ce tweet.

Walid Joumblatt et Gebran Bassil lors d’un dîner à Clemenceau, le 19 décembre 2017. Photo Twitter/Walid Joumblatt

C’est un important tweet que le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a posté hier sur son compte personnel. « Cessons de bâtir des châteaux de cartes. La conjoncture actuelle ne permet pas ce luxe à l’heure où la dette (publique) s’accroît à tout moment en raison du gaspillage, de la corruption et des dépenses arbitraires. Ni les conférences ni personne ne nous sauvera. Le compromis est nécessaire, et il n’y a pas de honte à faire des concessions au profit du pays », a écrit le leader druze. Il s’agit de la toute première fois, depuis le début des tractations gouvernementales, que M. Joumblatt évoque de possibles « concessions » pour mettre sur pied le futur cabinet Hariri. Même s’il s’était dit à plusieurs reprises prêt à « discuter de propositions sérieuses ».

Pour rappel, une sérieuse querelle oppose M. Joumblatt à son principal adversaire sur la scène druze, le chef du Parti démocrate libanais, Talal Arslane, autour de leurs représentations respectives au sein de la future équipe ministérielle. Et pour cause : fort des résultats des législatives de mai dernier, M. Joumblatt voudrait nommer les trois ministres druzes dans une formule de trente. En face, Talal Arslane, appuyé par le Courant patriotique libre, tient à prendre part au gouvernement en arguant, lui aussi… des résultats du scrutin de mai.

Mais contrairement à ce que d’aucuns auraient pu espérer, le tweet de M. Joumblatt ne signifie aucunement qu’il s’agit d’une nouvelle position à même d’accélérer la mise sur pied du cabinet. Loin de là. Le leader druze n’a d’ailleurs pas manqué de supprimer le tweet en question. Une façon pour lui de faire barrage à toutes les explications et interprétations qu’une telle position pourrait susciter. Il l’a, en revanche, remplacé par une photo montrant une personne dans une chambre constituée de cerfs-volants.

Expliquant la position du leader de Moukhtara, Bilal Abdallah, député joumblattiste du Chouf, souligne à L’Orient-Le Jour que M. Joumblatt attend toujours « les propositions sérieuses » pour en discuter, avant d’opter pour des « concessions prématurées ». « Par son tweet, le chef du PSP a voulu exhorter tous les protagonistes à faire preuve de modestie, pour faciliter la tâche de Saad Hariri », ajoute M. Abdallah, qui estime que M. Joumblatt tente de distiller une atmosphère de calme qui permettrait au gouvernement de voir le jour.

À une question portant sur une possible solution du nœud druze, en nommant une personnalité indépendante proche du président de la Chambre, Nabih Berry, et du Premier ministre désigné, Bilal Abdallah répond d’un ton catégorique : « Il n’y a pas de nœud druze. » Il précise, cependant, que la solution évoquée plus haut est une option ouverte. « Mais nous attendons toujours les propositions sérieuses », précise le député du Chouf.


(Lire aussi : Avec ses « calculs de ménagère », le chef du CPL se retrouve bien isolé


Le Futur : non à un gouvernement déséquilibré

Sauf que ces formules semblent encore loin d’arriver à Moukhtara. C’est au moins l’impression que l’on dégage de la Maison du Centre. Dans ces milieux, on explique à L’OLJ que pour Gebran Bassil, répondre favorablement aux demandes à caractère gouvernemental de Walid Joumblatt serait un coup dur porté au CPL qui a pris fait et cause pour M. Arslane.

Une position qui laisserait entendre que le Premier ministre désigné semble être au pied du mur entre ses deux alliés, en l’occurrence le chef du PSP et le courant aouniste. Sauf que chez les haririens, et dans une volonté manifeste de préserver la pérennité du compromis présidentiel de 2016, (conclu entre Michel Aoun, alors député du Kesrouan, et Saad Hariri), on préfère ne pas aller aussi loin. On se contente d’assurer que M. Hariri ne formera pas un gouvernement auquel ne participeraient pas ses alliés « traditionnels », à savoir le PSP et les Forces libanaises, dans la mesure où il ne serait pas dans son intérêt de diriger un cabinet déséquilibré (en faveur du Hezbollah et ses alliés).

Toujours dans les milieux proches de la Maison du Centre, on assure que le Premier ministre désigné est pressé de former son équipe dans les plus brefs délais. Mais on souligne toutefois que le président de la République est supposé être encore plus pressé. Le Futur renvoie ainsi la balle de nouveau dans le camp de Baabda, mais aussi du chef du CPL. D’autant que le conflit opposant ce dernier aux FL ne fait que prendre de l’ampleur. Tout comme Moukhtara, Meerab semble attendre des propositions concernant sa représentation au sein du futur cabinet. Mais selon les haririens, « Gebran Bassil mène une guerre d’élimination préventive contre les FL, pour des raisons liées à des calculs à long terme. Cependant, Saad Hariri est toujours attaché à la mouture qu’il avait présentée le 3 septembre dernier au chef de l’État ». La formule en question accorde quatre ministères aux FL, contrairement à la volonté de M. Bassil, qui estime que le parti de Samir Geagea n’a droit qu’à trois ministres.



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C’est un important tweet que le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a posté hier sur son compte personnel. « Cessons de bâtir des châteaux de cartes. La conjoncture actuelle ne permet pas ce luxe à l’heure où la dette (publique) s’accroît à tout moment en raison du gaspillage, de la corruption et des dépenses arbitraires. Ni les conférences ni personne ne...

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Quelle chance...sur la photo nous avons deux Joumblatt pour le prix d'un ! Irène Saïd

Irene Said

08 h 45, le 09 octobre 2018

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Commentaires (1)

  • Quelle chance...sur la photo nous avons deux Joumblatt pour le prix d'un ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 45, le 09 octobre 2018

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