« Si le Liban reste sans gouvernement, c’est lui seul qui en pâtira. L’absence de gouvernement au Liban n’a aucun impact sur les développements régionaux et seuls les Libanais en souffriront. » C’est par cette phrase qu’un diplomate étranger accrédité au Liban résume la situation gouvernementale, dans l’espoir de pousser les parties politiques concernées à réagir positivement. Le diplomate précité réduit ainsi l’influence des facteurs externes sur la formation du cabinet, pour insister sur les calculs des parties locales, qui ne parviennent pas à se convaincre de la nécessité de faire des concessions réciproques.
C’est pourtant un appel en ce sens qu’a adressé jeudi soir le Premier ministre désigné Saad Hariri aux parties politiques dans le cadre de l’entretien télévisé accordé à Marcel Ghanem.
Depuis cet entretien, un vent d’optimisme semble souffler. M. Hariri a en effet annoncé que le Liban devrait avoir un nouveau gouvernement dans une dizaine de jours. Et le lendemain, le ministre des Affaires étrangères et chef du CPL Gebran Bassil s’est aussi montré positif dans une conférence de presse donnée au siège principal de son parti. Il a ainsi expliqué clairement que les différentes parties ont opté pour un gouvernement d’union (ou de coalition) nationale, dans lequel la plupart des composantes seraient représentées. Mais pour connaître la part de chacune au sein du gouvernement, le critère le plus plausible est la référence aux résultats des élections législatives. Selon M. Bassil, si l’on prend en compte ces résultats, la composition du gouvernement deviendra très facile sur le plan de la distribution des parts. Mais le problème, c’est que justement, certaines parties veulent passer outre aux résultats des dernières législatives et faire comme si elles n’avaient pas eu lieu. Pour le ministre sortant, tout le problème est là, et si l’on respecte ce critère, les « trois nœuds » seront facilement résolus.
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Il a ainsi démenti toutes les allégations selon lesquelles le CPL et le chef de l’État voudraient obtenir le tiers de blocage (ou de garantie), c’est-à-dire onze ministres dans une équipe de trente. Gebran Bassil a insisté sur le fait qu’une telle condition est en général demandée par l’opposition au sein d’un gouvernement de coalition ou d’entente pour avoir prise sur les décisions qui exigent un vote aux deux tiers des voix ministérielles ou pour faire sauter le quorum d’une réunion du Conseil des ministres lorsqu’elle n’est pas d’accord avec l’ordre du jour. Mais elle ne peut pas être exigée par le président de la République ou par le Premier ministre qui briguent la majorité des voix ministérielles, à travers des alliances, sachant que leurs deux signatures sont exigées pour que le gouvernement soit formé officiellement.
Tout en reconnaissant que la Constitution ne pose aucun délai au Premier ministre désigné, M. Bassil estime toutefois que ce dernier devrait se fixer une date limite. Selon lui, il doit prendre une décision et la soumettre au président de la République. « Si ce dernier est d’accord, l’annonce devra être faite et la partie qui n’est pas d’accord pourra se retirer. Même s’il s’agit de nous ! » En disant cela, le ministre se fait l’écho de propos attribués au chef de l’État, selon lesquels il faut prendre une décision et les parties qui ne seront pas satisfaites pourront se retirer, même s’il s’agit de son propre camp politique.
Pour le chef de l’État, en effet, il n’est pas question de céder à ce qu’on appelle « le chantage du temps » pour accepter une formule gouvernementale qui ressemblerait à l’actuelle. En d’autres termes, il n’est pas question d’accepter un gouvernement avec une composition sensiblement conforme à celui actuellement en place, car il serait paralysé dès qu’il s’agirait d’examiner un dossier sensible.Le chef de l’État estime qu’il a réussi de grandes actions au cours des deux premières années de son mandat, mais elles ont souvent été réalisées à l’arraché et après de longs débats.
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De plus, ce gouvernement n’a pas pu traiter de nombreux dossiers vitaux pour les citoyens à cause du blocage interne. C’est pourquoi reproduire le même modèle aujourd’hui, après les élections législatives, serait un retour en arrière sur le plan politique, et une voie ouverte pour de nouvelles paralysies de l’exécutif qui auraient un effet terrible sur le moral des Libanais et sur leur quotidien. Patienter encore un peu pour obtenir une formule gouvernementale à la hauteur des attentes des Libanais et qui pourrait fonctionner efficacement et régler les nombreux dossiers en suspens, telle est donc la priorité exprimée par le chef de l’État et reprise par le chef du CPL dans sa conférence de presse d’hier.
Mais en réclamant une équipe gouvernementale efficace et productive, Gebran Bassil est accusé d’entraver ou de retarder la formation du gouvernement. Le ministre a balayé hier ces accusations en affirmant que, pour lui, entraver la formation du gouvernement signifierait se tirer une balle dans le pied. Il s’est battu, comme tous les partisans de Michel Aoun, pour que ce dernier soit élu à la présidence de la République et son souci est de faire en sorte que ce mandat soit l’un des plus réussis de l’histoire du Liban moderne. D’abord pour montrer la justesse des options de son camp, et ensuite parce que si ce mandat n’est pas à la hauteur des attentes des Libanais, tout le concept du « président fort de sa popularité qui lui permet d’influer sur le cours des événements » sera mis en échec et le Liban reviendra à la situation d’avant, celle d’un président sans réel pouvoir car privé de légitimité populaire. Selon les sources proches du CPL, il est donc illogique d’accuser Gebran Bassil d’avoir ouvert la bataille présidentielle et d’œuvrer pour devenir le successeur du général Aoun en posant des conditions au sujet de la formation du gouvernement. Selon ces sources, lui et son camp ont une seule priorité : faire réussir le mandat Aoun, qui entamera le 31 octobre sa troisième année. Si ce mandat échoue, ni Gebran Bassil ni aucun autre président dit fort n’auront plus de chances d’être élus.
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commentaires (8)
hehe on savait a la base déjà .. qu'ils (le CPL et pire leur partisans) allaient rejeter le blame sur les autres comme toujours … le mandat du president est effectivement soutenue par la majorité en commençant par les FL sauf qu'il ne faut pas oublier les affaires hérites (des gouvernements passes) font eux aussi partie du CV du CPL …. car ils faisaient a par entière partie des gouvernement passes !! et la ce qui m'intrigue ce n'est pas le faite de leur participation aux gouvernement passer mais leur envie d'en avoir encore et encore plus dommage on peut tromper certaines personnes quelques temps mais on ne peut tromper tout le monde tout le temps
Bery tus
22 h 34, le 06 octobre 2018