Rechercher
Rechercher

Liban - Sécurité

Près de 70 % du territoire libanais a été nettoyé des mines

Un séminaire organisé par le LMAC et l’ambassade du Japon a permis de sensibiliser au danger toujours présent des mines.

Depuis dix-neuf ans, le Centre libanais d’action contre les mines (LMAC) voit s’allonger la liste des victimes des mines et des munitions toujours actives. Et cette année encore, le général Ziad Nasr, son directeur, déplore dix-neuf nouvelles victimes, dont « quatre morts et deux blessés graves qu’on a dû amputer ». « Cette année, il n’y a pas eu d’enfants mais les années précédentes, il y en avait, indique-t-il. (…) L’année dernière, nous avons eu vingt-sept victimes. » Depuis les premiers jours de la guerre civile, les mines ont fait 3 738 victimes au Liban, selon le LMAC.

Le déminage du Liban est organisé par le LMAC, en coopération avec différentes organisations non gouvernementales. Toutes ONG confondues, ce sont pas moins de trente-huit équipes humanitaires qui interviennent, dont vingt-trois déminent le terrain. Une opération de déminage coûte cependant très cher. Humanity and Inclusion (anciennement Handicap International, présent au Liban depuis 2007) mobilise quatre équipes de déminage pour un coût de 1 500 000 dollars par an. Les ONG manquent régulièrement de financement, ce qui les rend particulièrement dépendantes des pays donateurs.

Le Mines Advisory Group (MAG), une ONG britannique intervenant au Liban depuis 2000, est par exemple financé par cinq gouvernements – néerlandais, japonais, américain, norvégien, britannique – et par l’Union européenne. De fait, depuis 2015, le gouvernement japonais s’est particulièrement investi dans le financement des ONG à hauteur de 4 millions de dollars, pour préparer le futur du Liban. « Malgré l’urgence et l’importance des opérations de déminage », l’ambassadeur du Japon, Matahiro Yamaguchi, se dit « sincèrement persuadé que les actions antimines ne sont pas suffisantes sans sensibilisation ».


Déminer, oui, mais où ?
Lorsque l’on interroge un Libanais sur la localisation des mines restantes sur le territoire, la réponse fuse, immédiatement : « Au Sud. » La guerre de 2006 et les milliers de mines laissées par Israël autour de la ligne bleue sont encore très présentes dans les esprits. En un an, pas moins de 8 000 mines antipersonnel ont été neutralisées le long de la ligne bleue par les équipes du MAG. David Willey, directeur national de l’organisation au Liban, estime qu’il y a encore beaucoup à faire : au total, 350 000 mines auraient été disséminées le long de la frontière.

Le sud du Liban n’est pas la seule partie du territoire toujours minée, contrairement à ce que l’on pourrait croire. « Nous avons nettoyé 69 % du territoire. Si les principales zones contaminées sont situées au Sud, il reste au Liban de nombreux endroits encore contaminés au Nord, dans la Békaa ou encore plus récemment à Ersal », en conséquence de la guerre syrienne, d’après le général Ziad Nasr du LMAC.

Près de 700 000 mètres carrés ont été déminés depuis 2011 par Humanity and Inclusion, l’équivalent de cent terrains de football. L’ONG est toujours active au nord du Liban, dans les jurd de Batroun, Jbeil, Bécharré et Koura. Des régions minées lors de la guerre civile et aujourd’hui très touristiques. « Nous avons ce problème », reconnaît le général Ziad Nasr, « mais nous maintenons ces chemins de randonnées avec la signalétique adaptée : des pancartes, des indications écrites ou avec des signaux (tête de mort, poison...) pour indiquer que la zone est contaminée.

Il y a donc un gros travail de sensibilisation à faire, auprès des touristes qui s’aventurent hors des chemins balisés mais surtout auprès des enfants, qui représentent la plus grande source d’inquiétude. Le but est de leur faire assimiler un message, simple : “Ne pas toucher, ne pas s’approcher, appeler à l’aide.” Dans les écoles, les ONG montrent des images des différents engins explosifs présents dans leur environnement pour éviter qu’ils ne soient tentés de les manipuler. Les parents doivent eux aussi être informés, séparément, car ils sont différemment affectés. » « Les hommes travaillent le plus souvent à l’extérieur, on peut penser que ce sont eux qui courent le plus de risques », selon David Willey du Mines Advisory Group, « mais nous intervenons plus auprès des femmes, qui ont bien plus de contrôle sur ce que peuvent risquer leurs enfants ».

Il n’y a pas que les enfants qui sont exposés aux risques des mines non explosées : le manque de pâtures au Sud pousse parfois les fermiers en quête de meilleures ressources à s’aventurer sur des terrains dangereux. À Baaloul, au sud-est de la Békaa, le MAG intervient également auprès des familles de réfugiés qui vivent à proximité de munitions à fragmentations.


2021 : un Liban sans mines ?
« Ce n’est pas suffisant » pour l’association de victimes al-Jahra, « nous sommes toujours profondément en danger, nous avons toujours autant de problèmes », selon son porte-parole Imad K. Khoshman. L’assistance économique aux victimes, à leurs familles, leur réinsertion sur le marché de l’emploi, les aides au développement, la mise en place d’un projet de développement durable… Autant de problèmes qui demandent toujours plus de fonds. David Ligneau, le directeur du programme d’action contre les mines pour Humanity & Inclusion, s’inquiète du futur des terrains qui seront déminés demain. Ses équipes travaillent en ce moment même autour de la forêt des Cèdres de Tannourine : « C’est la responsabilité de chacun de tout mettre en œuvre afin que cette réserve des Cèdres – la plus grande du Liban – soit protégée parce que c’est tout simplement magnifique. »

Le plan stratégique national prévoit un déminage total du Liban à l’horizon 2021. Malgré toutes les opérations de déminage, du côté du Mines Advisory Group, un Liban totalement dépourvu de tout dérivé explosif et des mines ne paraît envisageable qu’en 2025. Dans une autre ONG, on souffle que la signature par le Liban de la Convention sur les mines antipersonnel (adoptée en septembre 1997 et entrée en vigueur en 1999) apporterait d’autres fonds pour atteindre cet objectif.


Lire aussi
Près de 30 % du territoire libanais reste miné

Mines et sous-munitions : Les deux tiers du Liban-Sud nettoyés

Depuis dix-neuf ans, le Centre libanais d’action contre les mines (LMAC) voit s’allonger la liste des victimes des mines et des munitions toujours actives. Et cette année encore, le général Ziad Nasr, son directeur, déplore dix-neuf nouvelles victimes, dont « quatre morts et deux blessés graves qu’on a dû amputer ». « Cette année, il n’y a pas eu d’enfants mais...

commentaires (1)

EST-ON SUR QUE C,EST DE TOUT LE TERRITOIRE LIBANAIS... HEZBOLLAHLAND TOUT AUSSI ?

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 01, le 04 octobre 2018

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • EST-ON SUR QUE C,EST DE TOUT LE TERRITOIRE LIBANAIS... HEZBOLLAHLAND TOUT AUSSI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 01, le 04 octobre 2018

Retour en haut