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Liban - Opposition

Samy Gemayel : Il est temps d’aborder le problème souverainiste « une bonne fois pour toutes »

Le chef des Kataëb plaide pour la mise sur pied d’un cabinet de spécialistes, et pour la tenue d’un dialogue entre les chefs des groupes parlementaires.


Samy Gemayel entouré par les journalistes lors de la rencontre tenue hier à Saïfi.

Après une période de « silence politique » consacrée à l’examen des résultats des législatives, le chef des Kataëb Samy Gemayel semble de plus en plus convaincu de son positionnement de fer de lance de l’opposition. D’autant qu’il est déterminé à ne pas « plier face à la mainmise sur la décision politique du pays ». Celle-ci, à ses yeux, n’est autre que le résultat du compromis présidentiel conclu il y a près de deux ans entre le chef de l’État, Michel Aoun, alors député du Kesrouan, et Saad Hariri, leader du courant du Futur.

C’est donc à partir de son positionnement dont il tient à assurer « l’indépendance » que le leader des Kataëb, préoccupé par le souci de préserver la souveraineté de l’État, plaide pour la tenue d’un dialogue auquel prendraient part tous les chefs des groupes parlementaires, pour discuter de la crise politique du pays, et de sa décision « hypothéquée » en profondeur.

« Ce n’est pas la formation du gouvernement qui réglera le problème du pays. Il est grand temps de mettre la crise politique sur le tapis, afin de l’étudier en profondeur une bonne fois pour toutes. D’autant qu’il y a un grave problème lié à la souveraineté de l’État et au monopole du port des armes », explique Samy Gemayel lors d’une rencontre avec les médias tenue au siège des Kataëb à Saïfi.

Selon lui, « le pays vit aujourd’hui un déséquilibre politique qui lui a fait perdre sa neutralité ». Mais M. Gemayel confie ne pas être « surpris » de voir M. Aoun prendre fait et cause pour un camp bien déterminé, en l’occurrence le 8 Mars, à plusieurs reprises. « La position du chef de l’État est connue depuis 2006 », souligne-t-il en réponse à une question de L’Orient-Le Jour, tout en insistant sur le fait que le parti Kataëb « sera toujours là pour tenter de rectifier le tir ». Certains rappellent dans ce cadre que le chef des Kataëb avait profité de la séance plénière du Parlement, tenue il y a une dizaine de jours, pour proposer au président de la Chambre Nabih Berry la tenue de ce dialogue, mais il s’est heurté au veto de ce dernier. Une position qui refléterait l’opposition de la caste politique à tout dialogue qui plancherait sur les problèmes politiques du pays. Mais Samy Gemayel persiste et signe : « Ce refus de la part de la classe politique ne signifie pas que nous allons nous taire. D’autant que ce qui nous importe reste la préservation des intérêts du Liban. »

Par son timing, la proposition de M. Gemayel revêt une importance certaine. Elle intervient à l’heure où Israël a ouvertement menacé le Liban par la bouche du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a accusé le Hezbollah de cacher des missiles dans des sites secrets avoisinant l’aéroport de Beyrouth. Des propos auxquels le ministre sortant des Affaires étrangères Gebran Bassil a réagi en organisant une tournée avec les ambassadeurs accrédités au Liban sur les sites en question. Commentant cet épineux dossier, Samy Gemayel stigmatise la menace israélienne, et insiste sur le fait que « tous les Libanais s’accordent à la refuser ». Il rappelle que « seule l’armée fait l’unanimité des Libanais qui l’ont chargée de les défendre ».


(Lire aussi : Samy Gemayel annonce une « feuille de route économique »)


Un gouvernement de spécialistes
Il va sans dire que le dialogue pour lequel plaide le chef des Kataëb devrait aller de pair avec la formation d’un gouvernement. Mais pour Samy Gemayel, un gouvernement issu du clientélisme que se disputent les protagonistes n’est pas la solution convenable.Conscient des conséquences néfastes de la léthargie observée au niveau des tractations gouvernementales, Samy Gemayel qualifie d’« intolérable » la guerre des quotes-parts à laquelle se sont livrés les partis politiques à l’heure où le pays risque de s’effondrer. Mais à la faveur de sa détermination à « œuvrer pour sauver le Liban », M. Gemayel préfère profiter de cette léthargie pour « proposer autre chose ». D’autant que « l’échec à former une équipe ministérielle dans les circonstances actuelles est un crime à l’encontre du pays », comme il le souligne. « Il faut mettre sur pied un cabinet de spécialistes qui plancherait sur les problèmes économiques et les crises liées au quotidien des Libanais, et qui sauverait le Liban dans les plus brefs délais », explique-t-il. Et de poursuivre : « À partir de notre positionnement politique indépendant et d’opposants à la ligne politique actuelle, nous proposons une solution globale à même de jeter les bases d’un nouveau mode de gestion des affaires publiques. »

Si certains seraient tentés d’interpréter ces propos comme un refus des Kataëb de prendre part au futur cabinet Hariri, le député du Metn perçoit les choses sous un angle plus global. Aussi déclare-t-il sans détour : « Aujourd’hui, il n’est pas question pour nous de nous ranger dans un camp politique. Nous sommes contre la ligne politique actuelle, ainsi que le compromis élargi de 2016. Nous avons notre proposition, et nous sommes forts de la confiance des gens. » Il répondait ainsi aux informations qui ont circulé récemment dans les médias et selon lesquelles les contacts actuellement en cours avec le Courant patriotique libre pourraient déboucher sur une entente entre les deux partis. Un geste qui intervient à l’heure où les Kataëb et les Forces libanaises semblent déployer des efforts pour ramener à la normale leurs rapports, perturbés depuis la signature de l’accord de Meerab entre les FL et le CPL, le 18 janvier 2016.

Samy Gemayel s’empresse toutefois de nuancer ses propos : « Nous sommes prêts à collaborer avec tout parti avec lequel nous convergeons sur certains points, tels que la libération de la décision de l’État, la préservation de la souveraineté, la réforme de la situation économique et la décentralisation. Mais cela ne signifie pas que nous renoncerons à nos convictions et constantes », dit-il, tout en confiant que son parti converge avec celui de Gebran Bassil sur la décentralisation.

À la faveur d’un pragmatisme politique, le chef des Kataëb estime toutefois que « personne ne voudrait d’un nouvel accord politique, parce que tout le monde est attaché à la logique de partage du gâteau ». « Mais nous ne ferons pas partie de ceux qui se partagent les parts. Et nous n’allons pas nous plier au camp qui gouverne le pays aujourd’hui (le 8 Mars) », promet Samy Gemayel sur un ton déterminé.


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BONNES PROPOSITIONS DE SAMI GEMAYEL !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 58, le 04 octobre 2018

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Commentaires (1)

  • BONNES PROPOSITIONS DE SAMI GEMAYEL !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 58, le 04 octobre 2018

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