Il y a 14 ans, le 1er octobre 2004, Marwan Hamadé, député du bloc démocratique (joumblattiste), faisait l’objet d’une terrible tentative d’assassinat à la voiture piégée, près de son domicile, à Aïn el-Mreissé, devenant la première cible d’une longue série noire de crimes perpétrés pendant de nombreuses années contre plusieurs personnalités de la révolution du Cèdre. Grièvement blessé par l’explosion, ce pionnier du 14 Mars, fondé un mois après l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, a ainsi payé cher le prix de son positionnement en faveur de la souveraineté et de l’indépendance du Liban et contre le régime policier libano-syrien. Son compagnon, Ghazi Bou Karroum, un soldat de l’armée rattaché à son service, a péri dans l’attentat.
« Avec le temps, le choc et la douleur finissent par s’estomper », indique à L’Orient-Le Jour M. Hamadé, en réponse à la question de savoir comment il vit aujourd’hui le souvenir de cette agression. À titre individuel, le député du Chouf n’est plus attaché à l’application de sanctions à l’encontre du coupable que chaque victime est en droit de réclamer pour compenser quelque peu les dommages physiques et moraux. S’il est convaincu que le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé du dossier de l’assassinat de M. Hariri, « rendra bientôt son verdict », et note que le dossier de l’attentat auquel lui-même a survécu « est considéré par le TSL comme lié à celui de l’assassinat de Rafic Hariri et se trouve sous étude auprès de la juridiction internationale », M. Hamadé estime que lui-même, ainsi d’ailleurs que l’ancien secrétaire général du Parti communiste Georges Haoui (assassiné le 21 juin 2005) et l’ancien ministre de la Défense Élias Murr (qui a réchappé à un attentat le 12 juillet de la même année), dont les dossiers ont un lien établi avec l’affaire Hariri, « ne sont que des détails en comparaison de l’importance que revêt la nécessité de remédier à la situation au Liban ». « L’heure n’est plus à la recherche de verdicts et de sentences », indique-t-il, soulignant que « l’impunité n’est pas importante si elle se répercute seulement sur les justiciables mais devient toutefois très grave lorsqu’elle permet de commettre des actes dangereux pour le pays ». « En raison de cette impunité qui règne depuis des années, le Liban se trouve actuellement dans une spirale descendante qui le dirige vers la décomposition de la société et la déliquescence de l’État », lance Marwan Hamadé, estimant que « la principale victime est le pays du Cèdre, atteint dans ses valeurs ». « Il suffit de regarder autour de soi pour constater qu’exception faite de la résilience des Libanais, il n’y a pratiquement plus rien qui fonctionne », fait-il observer, évoquant « l’incapacité de la classe dirigeante d’imposer la justice ou encore de former le gouvernement, en raison des compromis et compromissions qui se multiplient de mandat en mandat ». Et M. Hamadé d’appeler à « arrêter cette dégringolade ». Par quels moyens ? « Il faudrait sanctionner ceux qui tiennent les rênes de l’État pour non-assistance à pays en danger », prône-t-il, appelant les responsables à « prendre conscience ». « Quand bien même j’estime que certains parmi eux sont incapables de cette conscientisation, j’ai la certitude que tôt ou tard, je ne sais ni quand ni comment, le pays pourra bénéficier d’un sursaut de ces responsables et secouer tous les déchets qui l’envahissent pour que s’établisse un État dans lequel les lois et les citoyens seraient respectés », conclut M. Hamadé avec une note quelque peu optimiste.
Lire aussi
Comment représenter les victimes dans les tribunaux internationaux...
TSL : Clôture formelle – et tendue – des audiences
TSL : Wissam el-Hassan dans le collimateur de la défense
TSL : justice sans châtiment ?
« Nous avons senti que nous avons, enfin, une valeur humaine », disent des victimes, au TSL
commentaires (8)
Pourquoi dégringolade? Le hezb nous promet une remontée fulgurante sur fusées made in Asphahan et environ!
Wlek Sanferlou
20 h 52, le 03 octobre 2018