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À La Une - Essai

Jihadisme sans frontières

Selon Toufic Hindi, nous vivons « une troisième guerre mondiale » dont le protagoniste n’est autre que l’islamisme.

Photo D.R.

L’intensification des opérations terroristes dans le monde en général et en Occident en particulier, loin d’être une série d’actes isolés et disparates, est révélatrice d’un « processus violent en marche inexorable ». Il s’agit bel et bien d’une « guerre globale » que livre l’islamisme « à tout ce qui n’est pas conforme à sa vue de l’Islam ». Cette troisième guerre mondiale est multiforme et inédite, d’une part en raison de la nature même de l’islam et, d’autre part, en raison de la mondialisation.

Toufic Hindi y consacre son dernier ouvrage Une Troisième Guerre mondiale pas comme les autres. Il déclare vouloir « cerner le problème, le définir de façon précise et prendre conscience de son ampleur et du danger qu’il représente. C’est en posant les bonnes questions qu’on obtient les bonnes réponses ». Un ouvrage en deux parties très disproportionnées. Mathématicien de formation, il intitule la première « L’énoncé du théorème » et y expose sa conclusion ; la seconde, beaucoup plus longue, étant naturellement intitulée « La démonstration ».

L’auteur souligne que c’est dans le cadre d’un monde bipolaire (avant la chute de l’URSS) que la première impulsion fut donnée au mouvement islamiste ; par l’instauration de la République islamique d’Iran, « sanctuaire du jihadisme chiite », laquelle fut suivie de près par « l’envol du jihadisme sunnite » en Afghanistan. Cette concomitance des deux jihadismes préfigurait « la dangereuse dialectique de leur évolution, menant inexorablement à leur lutte fratricide ».

Hindi revient sur les raisons et les conséquences de l’immuabilité de l’islam. Il précise également que le fait « d’édifier un État islamique régi par la Charia et imposé à l’ensemble des habitants musulmans ou non musulmans du monde » est le but commun de tous les mouvements islamistes sunnites ou chiites ; mais qu’ils diffèrent cependant du point de vue de la stratégie et des tactiques utilisées pour atteindre ce but.

D’emblée, la distinction entre l’Iran et le Royaume d’Arabie saoudite est très claire. La République iranienne est théocratique. Le Guide suprême y détient le pouvoir absolu et choisit ses collaborateurs soit en les nommant soit en les faisant élire par des « simulacres d’élections ». Sciences et Charia peuvent, paradoxalement, cohabiter en Iran. « Le chiisme, souple dans sa rigueur islamique peut, sans se dévoyer, s’accommoder d’une certaine technicité qui pourrait être mise au service de l’Islam. »

En revanche, en ce qui concerne le Royaume d’Arabie saoudite, nous observons une « modération politique harmonisée avec l’extrémisme religieux et sociétal ». Cet État est lui-même un « ami de l’Occident », contrairement à l’Iran qui en est « l’ennemi juré idéologique et stratégique ».

L’auteur expose les nombreux paradoxes qui sous-tendent ces deux États mais aussi les « dérapages » qui ont abouti à la production d’un Oussama Ben Laden et à la création d’el-Qaëda puis, par la suite, de son frère ennemi Daech, « avec toutes leurs succursales et franchises dans le monde ». Le fait est que le recrutement des jihadistes à un niveau international est une « stratégie de peau de léopard » qui se complèterait, d’abord dans le Moyen-Orient, le monde arabe et le monde musulman « pour tendre à se généraliser en fin de processus au monde entier qui s’écroulerait comme un château de cartes ».

Bien que les causes de la montée en puissance du mouvement jihadiste en général et de l’EI en particulier soient multiples, Hindi rappelle que la responsabilité de Barack Obama est fortement engagée. Encore aujourd’hui, la plus grande faiblesse de la communauté internationale « réside principalement dans la faiblesse du leadership américain ».

Quant à la Russie, près de 12% de sa population est musulmane. Elle est, de plus, entourée par les républiques musulmanes de l’ex URSS. Ceci explique en partie le radicalisme de Poutine dans la lutte contre l’islamisme, à l’exception de l’islamisme iranien, ainsi que son intervention en Syrie.

L’auteur dénonce surtout « le cafouillage mortel de la communauté internationale qui manque de stratégie globale » et persiste à proposer des solutions isolées, spécifiques à chaque pays ; l’Europe étant « totalement inconséquente » et, par ailleurs, laxiste parce qu’« empêtrée dans ses valeurs ».

Toufic Hindi aborde ici un sujet qui lui est familier depuis bien longtemps. Son ouvrage consiste, en grande partie, en une compilation d’articles qu’il a publiés, au fil des ans, dans diverses revues. Homme politique dont la réputation n’est plus à faire, il révèle, par la pertinence de ses analyses et la fluidité de sa plume, un vrai talent d’auteur et de journaliste.


BIBLIOGRAPHIE

Une Troisième Guerre mondiale pas comme les autres de Toufic Hindi, éditions du Panthéon, 2018, 256 p.


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L’intensification des opérations terroristes dans le monde en général et en Occident en particulier, loin d’être une série d’actes isolés et disparates, est révélatrice d’un « processus violent en marche inexorable ». Il s’agit bel et bien d’une « guerre globale » que livre l’islamisme « à tout ce qui n’est pas conforme à sa vue de l’Islam ». Cette...

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Depuis la nuit des temps, depuis la création de l'univers, les forces du mal de battent contre les forces du bien. L'ignorance contre la lumière, la lune contre le soleil.... Etc Et c'est de ce chaos destructeur que la construction est née ! La lumière soit pour la fin des temps. Vive la liberte, le savoir et la connaissance.

Sarkis Serge Tateossian

14 h 50, le 30 septembre 2018

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Commentaires (1)

  • Depuis la nuit des temps, depuis la création de l'univers, les forces du mal de battent contre les forces du bien. L'ignorance contre la lumière, la lune contre le soleil.... Etc Et c'est de ce chaos destructeur que la construction est née ! La lumière soit pour la fin des temps. Vive la liberte, le savoir et la connaissance.

    Sarkis Serge Tateossian

    14 h 50, le 30 septembre 2018

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