« Jérusalem n’est pas à vendre. Et les droits des Palestiniens ne sont pas à vendre. » C’est ainsi que le président palestinien Mahmoud Abbas a ouvert son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies hier à New York, dans un contexte très difficile pour lui et pour son gouvernement. M. Abbas fait face à des pressions liées, d’une part, à la remise en cause de sa légitimité en tant que président par une partie du peuple palestinien, et d’autre part à son état de santé incertain qui pose la question difficile de sa succession.
Alors que l’Autorité palestinienne est largement discréditée auprès de son opinion donc, ses rivaux islamistes du Hamas, qui contrôlent depuis 2007 la bande de Gaza, persistent dans le refus de reconnaître Israël et ont lancé une campagne contre M. Abbas à la veille de son intervention à l’Assemblée générale, remettant en question sa légitimité de représentant du peuple palestinien. L’interlocuteur israélien est, en outre, incarné par un gouvernement d’extrême droite qui poursuit inlassablement une colonisation rampante. Par ailleurs, Washington a reconnu Jérusalem comme capitale de l’État hébreu, et y a transféré son ambassade. En réponse, le président Abbas a gelé les relations avec l’administration Trump qui, à son tour, a répliqué en ordonnant la fermeture du bureau de la représentation permanente de l’OLP, ouvert depuis 1994, et annoncé l’arrêt du soutien financier à l’Autorité palestinienne et à l’Unrwa, l’agence onusienne dédiée à l’aide aux Palestiniens.
(Repère : Les décisions clés de Trump sur le conflit israélo-palestinien)
Que reste-t-il sur la table des négociations ?
C’est dans ce contexte que le président Abbas, 83 ans, s’est présenté devant l’Assemblée générale de l’ONU. Le dirigeant palestinien n’a plus rien à perdre et tout à gagner. Isolé de toutes parts, le rassemblement de plus de 130 chefs d’État à l’occasion de l’Assemblée générale fournit une opportunité de redorer son blason et de revigorer le soutien international à la « cause palestinienne ». Occasion que Mahmoud Abbas ne semble clairement pas vouloir laisser passer.
Hier, il s’est adressé à l’Assemblée générale en tant qu’institution. « L’année dernière, j’ai appelé à plus de soutien pour mon peuple opprimé. L’occupation continue de porter préjudice à l’édification des institutions de notre État, reconnu par ailleurs par cette organisation », a-t-il martelé, avant d’appeler « tous les pays du monde qui n’ont pas encore reconnu l’État de Palestine à le faire ». M. Abbas a rappelé qu’Israël « n’a respecté aucune des 505 résolutions de l’Assemblée générale et des 86 résolutions du Conseil de sécurité depuis 1948 ». Il a affirmé que les Palestiniens ne sont « pas en mesure » de se défendre seuls, et que « l’Assemblée générale doit respecter et faire respecter les résolutions » de l’ONU. « Aidez-nous, a-t-il lancé, dites-nous, comment pouvons-nous faire pour appliquer ces résolutions ? »
Dans son discours, il a rappelé au monde entier et à ses détracteurs que « l’OLP est le seul représentant légitime du peuple palestinien ». Mettant au défi « quiconque d’apporter une preuve » qu’il a « refusé de négocier ne serait-ce qu’une fois », il a fustigé les décisions et déclarations de l’administration Trump, telles que l’affirmation du gouvernement américain estimant que « le nombre de réfugiés palestiniens est de 40 000 ». « Donnez-nous la formule qui vous a permis de calculer ce chiffre. Sur 13 millions de Palestiniens dans le monde, 6 millions sont des réfugiés, et l’Unrwa ne doit disparaître que quand le problème israélo-palestinien sera réglé. » Il a dénoncé « le gouvernement américain qui est revenu sur toutes les décisions antérieures de son pays. Il a montré au grand jour ce qu’il pense des Palestiniens. Qu’a-t-il à offrir ? S’ils ont retiré la question de Jérusalem », comme l’a laissé entendre le président américain Donald Trump, ainsi que celle « des colons, que reste-t-il sur la table (des négociations) ? » exhortant le président Trump à « revenir sur ses décisions concernant Jérusalem et les colonies ».
(Lire aussi : Gilbert Achcar : Les accords d’Oslo ont accéléré la colonisation israélienne)
« Je vous prie de m’apporter une carte et de me montrer les frontières d’Israël »
Désireux d’adopter un langage universel adapté à l’audience, M. Abbas a insisté longuement sur la « loi raciste adoptée par Israël en juillet dernier », en référence à la loi sur l’État-nation du « peuple juif ». Cette loi « réfute le lien des Palestiniens avec leur terre historique », a-t-il martelé, avant de rappeler les « manifestations de centaines de milliers d’Israéliens contre cette loi ». Le président palestinien a considéré que cette loi va « aboutir à la création d’un État raciste et à une situation d’apartheid rendant caduque la solution à deux États ». Rappelant que « dans cette loi, il est fait mention des frontières d’Israël », M. Abbas a solennellement demandé : « Quelles sont les frontières d’Israël ? Je vous prie de m’apporter une carte et de me montrer les frontières d’Israël. » Le leader palestinien a, alors, réitéré la position inchangée de l’OLP qui demande un « État palestinien dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale ».
Fait intéressant, M. Abbas a affirmé que la capitale d’un futur État palestinien est Jérusalem-Est « dans son ensemble ». « N’essayez pas de jouer au plus malin. On ne peut pas grappiller certains lieux à Jérusalem », a-t-il lancé, avant d’ajouter que « la paix ne saurait régner avec un État aux frontières temporaires. Vous nous dites ça, et Israël est un État avec des frontières inconnues ». Sans préciser à qui il s’adressait, ces mots laissent entrevoir quelques éléments du plan de paix américain, notamment sur la question de la capitale de l’État de Palestine et ses frontières. Le président Trump a affirmé cette semaine vouloir présenter d’ici à « deux, trois ou quatre mois » le plan de paix concocté par son gendre Jared Kushner.
Pour finir, le chef de l’OLP a assuré que « quiconque peut devenir médiateur entre nous et les Israéliens », et que les États-Unis, désormais perçus « sous un œil neuf (…), ne peuvent être un médiateur unique car ils font preuve de trop de partialité ». Dans la lancée d’une réunion tenue un jour plus tôt pour inclure de nouveaux médiateurs et trouver de nouvelles sources d’aides financières, M. Abbas a insisté sur le fait que, désormais, c’est le « quartet » (États-Unis, Nations unies, Russie, Union européenne) qui doit jouer le rôle de médiateur, et que « tout pays peut » le rejoindre.
Lire aussi
Palestine : la politique de Trump est vouée à l’échec
L’administration Trump accentue la pression sur l’OLP
Washington a proposé aux Palestiniens une confédération avec la Jordanie, selon une ONG
Abbas à Moscou, entre Trump et Netanyahu
PAUVRES PALESTINIENS... MAIS TOUT AUSSI RESPONSABLES AVEC LEURS CONFLITS INTESTINS... AVEC LES ARABES ET LES AUTRES PAYS TROMPEURS DU SUPPOSE SAUVETAGE AU NOM DE JERUSALEM... DE LEUR DESTINEE !
20 h 17, le 28 septembre 2018