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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Abbas à Moscou, entre Trump et Netanyahu

Le président de l’Autorité palestinienne doit s’interposer entre le Kremlin et le Hamas et mobiliser la communauté internationale contre l’« ultimate deal » de l’administration américaine.

Le président russe Vladimir Poutine et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Photo Reuters

Mahmoud Abbas aura presque frôlé Benjamin Netanyahu. Le président de l’Autorité palestinienne (AP) atterrit aujourd’hui en Russie, 24 heures après le départ du Premier ministre israélien, en visite à Moscou mercredi et jeudi. Ce chassé-croisé précède la rencontre entre Vladimir Poutine et le président américain Donald Trump à Helsinki, le 16 juillet. D’après al-Monitor, le Kremlin aurait initialement convié Abou Mazen et M. Netanyahu pour la finale de la Coupe du monde de football dimanche soir, saisissant l’occasion d’édulcorer grâce au sport la perspective d’un face-à-face. M. Abbas aurait confirmé la date du 15. Aucune information n’est venue préciser la raison de ce changement d’agenda. Que le Kremlin ait prémédité une rencontre « fortuite » dans les gradins du stade Loujniki de Moscou laisse cependant peu de doutes sur ses intentions de se tailler la part du lion dans le processus de paix israélo-palestinien.


(Lire aussi : Jared Kushner doute de la volonté d'Abbas de parvenir à un accord avec Israël)


Hamas à la manœuvre
La réactivité de Mahmoud Abbas peut s’expliquer par la volonté de ne pas se laisser déborder par le Hamas, la faction palestinienne dissidente qui gouverne la bande de Gaza. Un accord de réconciliation entre Gaza et Ramallah a certes été signé le 12 octobre 2017 sous les auspices du médiateur égyptien, prévoyant le retour du gouvernement de l’AP dans l’enclave palestinienne. Mais le processus est poussif, sérieusement compromis depuis l’attentat survenu le 13 mars contre un convoi du Premier ministre palestinien Rami Hamdallah et le chef des renseignements Majid Faraj, lors d’une rare visite dans la bande de Gaza.

Le 26 juin dernier, une délégation du Hamas, présidée par le numéro 2 de son bureau politique Moussa Abou Marzouk, s’est entretenue avec l’émissaire spécial du président russe pour le Proche-Orient, Mikhaïl Bogdanov sur les rives de la Volga. Ce genre d’initiative irrite l’AP, qui voit dans la politique étrangère du Hamas une façon de concurrencer le gouvernement de Ramallah dans ses compétences « régaliennes ». Dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour, Bassem Naïm, à la tête du Conseil du Hamas des relations internationales, insiste néanmoins sur le fait que la valeur ajoutée d’une médiation russe pour son organisation est la recherche d’une entente avec l’AP. « À plusieurs reprises, les Russes ont envoyé un message clair que l’unité et la réconciliation sont une précondition pour neutraliser les efforts consistant à dévaster la cause palestinienne. Cet engagement, les Russes l’ont démontré avec le Hamas et le Fateh, déclare M. Naïm. Les Russes ont souvent brisé les murs et rassemblé les Palestiniens. Mais je ne peux pas parler d’un effort russe central et très actif pour l’instant, parce que l’effort principal a été fait par les Égyptiens, les Qataris et d’autres. » Des représentants de l’Autorité palestinienne à Paris n’ont pas répondu aux demandes d’entretien de L’OLJ.

Lors de l’ascension du Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza en 2007, un « quartette » composé de l’Organisation des Nations unies, de l’Union européenne (UE), des États-Unis et de la Russie s’était accordé sur un mantra : « Pas de reconnaissance, pas de dialogue et pas d’aide financière » jusqu’à ce que le Hamas reconnaisse Israël, renonce à l’action violente et accepte tous les précédents accords signés entre Israël et l’AP. Moscou avait été le premier à sortir du rang le 6 mars 2006, brisant l’« état de siège » dans lequel se trouvait l’organisation islamiste, en recevant Abou Marzouk à Moscou. « La Russie est un des grands pays qui ont des relations ouvertes avec le Hamas, à un moment où l’Europe et les États-Unis boycottent notre organisation. Ils ont compris que soutenir tous les Palestiniens est le bon chemin vers la stabilité et la paix », explique M. Naïm.


(Lire aussi : Stéphanie Latte Abdallah : La carrière politique de Mahmoud Abbas est « déjà terminée »)


Rempart contre l’« ultimate deal »
Autre motivation derrière la visite de Mahmoud Abbas : les dirigeants palestiniens s’affichent aux côtés du Kremlin, alors que l’administration américaine multiplie les effets d’annonce autour d’un plan de paix à venir, que ses partisans désignent comme l’« accord du siècle », ou l’« accord ultime ». L’équipe en charge du plan, conduite par Jared Kushner et Jason Greenblatt, respectivement gendre et proche conseiller du président américain, et émissaire de la Maison-Blanche pour le Moyen-Orient, n’a pas divulgué de détails à son sujet.

L’AP boycotte l’administration américaine depuis la reconnaissance par Washington de la souveraineté israélienne sur Jérusalem-Ouest. La Maison-Blanche a clairement fait comprendre à Ramallah que l’accord est à prendre ou à laisser, éludant la principale interrogation, à savoir comment conclure un accord de paix israélo-palestinien sans les Palestiniens ? La filière russe peut se comprendre comme une manière de se placer sous le parapluie de Moscou, perçu comme la puissance la plus active au Moyen-Orient et qui évolue dans une approche de confrontation avec les États-Unis. 

« Les Russes ne sont pas seuls dans ce problème. La majorité de la communauté internationale est du même côté contre le plan Trump. Moscou a plus ou moins la même position que les Européens », souligne M. Naïm. L’implication russe dans le conflit israélo-palestinien a été pour l’instant trop ponctuelle, comparée aux autres acteurs, pour être consistante. Ce sont principalement les « lacunes » américaines qui lui permettent d’arrimer sa présence en Terre sainte. « Les Russes ont leur propre intérêt en Palestine, comme l’Église orthodoxe à Jérusalem, qui est aussi menacée par les offensives israéliennes. Je pense que Moscou est voué à faire davantage en Palestine », conclut M. Naïm.



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PAUVRE ABBAS. IL COURT APRES LES RESTES SI RESTES IL Y AURAIT POUR LUI !

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08 h 35, le 14 juillet 2018

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Commentaires (1)

  • PAUVRE ABBAS. IL COURT APRES LES RESTES SI RESTES IL Y AURAIT POUR LUI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 35, le 14 juillet 2018

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