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Moyen Orient et Monde - Censure

L’Iran veut façonner le discours politique sur les réseaux sociaux

Zarif accuse Twitter d’avoir fermé les comptes de « vrais Iraniens » et non des bots « qui soutiennent le changement de régime ».

Les logos des réseaux sociaux Twitter et Facebook. Nicolas Asfouri/AFP/Getty Images

Le contrôle accru de comptes Twitter iraniens par les modérateurs du réseau social a provoqué l’ire du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Dans un tweet publié dimanche sur son compte, ce dernier n’a pas hésité à interpeller directement le fondateur du site, Jack Fowler, estimant que le réseau social effectue un tri sélectif dans sa gestion des profils au profit des détracteurs de Téhéran. « Bonjour Jack. Twitter a fermé des comptes de vrais Iraniens, incluant des présentateurs de télévision et des étudiants, pour avoir soi-disant fait partie d’une “opération d’influence” », a-t-il écrit. « Que diriez-vous de regarder les bots réels de (la capitale albanaise de) Tirana utilisés pour soutenir la propagande du “changement de régime” qui émane de (Washington) DC ? #VousEtesdesBots », a-t-il poursuivi. Pour appuyer ses propos, M. Zarif a partagé les liens d’un article et d’un reportage de la chaîne qatarie al-Jazeera portant sur une « usine » en Albanie regroupant des membres du mouvement de résistance armée, l’Organisation des moudjahidine du peuple iranien, et dédiée à la création de faux comptes sur Twitter contre Téhéran.

Les déclarations du chef de la diplomatie iranienne font suite à la fermeture d’une centaine de comptes aux comportements suspects le 21 août dernier. « En travaillant avec nos pairs de l’industrie, nous avons suspendu 284 comptes Twitter pour avoir participé à des manipulations coordonnées. D’après notre analyse, il semble que beaucoup de ces comptes proviennent d’Iran », s’est expliqué le site depuis le compte Safety. Le même jour, Google faisait de même et Facebook fermait 652 pages liées à la Russie et à l’Iran pour des « comportements coordonnés inauthentiques ». Selon le réseau social, un groupe nommé Liberty Front Press serait lié à un certain nombre de ces comptes tout en étant proche des médias d’État iraniens.

À ce sujet, Alireza Miryousefi, le porte-parole de la mission iranienne aux Nations unies, a affirmé que « de telles allégations sont ridicules, font partie intégrante des appels publics américains à un changement de régime en Iran et constituent un abus des plateformes des réseaux sociaux ».

FireEye, l’entreprise américaine de sécurité informatique qui a d’abord relevé les activités de Liberty Front Press, explique sur son site que le terme « inauthentique » est utilisé « pour décrire des sites qui ne sont pas transparents dans leurs origines et leurs affiliations, entreprennent des efforts concertés pour masquer leurs origines et utilisent souvent des fausses personnalités sur les réseaux sociaux pour promouvoir leur contenu ». « FireEye a identifié une opération d’influence présumée qui semble provenir d’Iran et visant des publics aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Amérique latine et au Moyen-Orient », est-il indiqué. Selon l’entreprise, l’opération regroupe différents groupes à travers plusieurs réseaux sociaux tels qu’Instagram, Facebook, Twitter ou YouTube pour mettre en avant une narrative pro-iranienne et « des thèmes antisaoudiens, anti-israéliens et propalestiniens, ainsi que le soutien à des politiques américaines favorables à l’Iran, telles que l’accord nucléaire américano-iranien (JCPOA) ».


(Lire aussi : Désinformation : après Facebook et Twitter, Google aussi épingle l'Iran)


Étouffer la dissidence
Certains internautes ont rapidement souligné l’ironie des protestations de M. Zarif alors que Twitter est bloqué dans le pays. Les utilisateurs iraniens doivent se tourner vers des réseaux privés virtuels (VPN) pour pouvoir accéder à Twitter ou Facebook, tous deux bloqués depuis les manifestations de 2009 où les réseaux sociaux ont joué un rôle crucial dans leur organisation et leur coordination. « On dirait que M. Zarif s’inquiète de l’utilisation de Twitter par l’opposition démocratique iranienne », a écrit un utilisateur, estimant que l’objectif est d’« étouffer la dissidence ». Une autre a dénoncé la « mise en scène » faite par le ministre iranien des Affaires étrangères et que le but est de « détourner l’attention de ses propres scandales dans l’actualité récente sur sa cyberarmée ».

À la fin du mois d’août, l’agence de presse Reuters a rapporté que « l’apparente opération d’influence iranienne ciblant les internautes du monde entier est nettement plus importante que ce qui a été identifié précédemment (...), englobant un vaste réseau de sites web anonymes et de comptes sur les réseaux sociaux en 11 langues différentes ».

La bataille entre la République islamique et les réseaux sociaux se joue sur tous les fronts alors que la République islamique cherche à contrôler son image tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays et à partager son discours pour contrecarrer ses détracteurs. En début d’année, la très populaire application Telegram s’était déjà retrouvée sous les feux des projecteurs de Téhéran. Messagerie sécurisée permettant de contourner la surveillance du régime et de diffuser des messages en masse, elle a été accusée de permettre l’« action contre la sécurité nationale par des groupes terroristes », d’« espionnage » ou encore de « perturbation de l’unité nationale ». À l’instar de la Russie, l’application a fini par être interdite par la justice iranienne en mai dernier et tout accès à l’application par le biais d’un VPN expose l’utilisateur à des poursuites judiciaires.


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LORSQU,ON A MAUVAISE REPUTATION ON SE TIENT TRANQUILLE !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 05, le 18 septembre 2018

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Commentaires (1)

  • LORSQU,ON A MAUVAISE REPUTATION ON SE TIENT TRANQUILLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 05, le 18 septembre 2018

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