Le président du Parlement libanais et chef du Mouvement Amal, Nabih Berry, a transmis vendredi aux commissions parlementaires mixtes une proposition de loi pour la légalisation du haschich "à des fins médicales et industrielles", une question revenue récemment sur le tapis, alors qu'elle divise les experts et les dirigeants.
En juillet, M. Berry avait chargé une commission d'experts d'élaborer cette proposition de loi. Il avait alors déclaré que le Liban pourrait légaliser la culture du haschisch et son utilisation à des fins médicales. Il s'agit là d'une des propositions faites par le cabinet de conseil international McKinsey dans son plan pour réformer l’économie libanaise et la diversifier, en renforçant notamment les secteurs de l'agriculture, de l'industrie, du tourisme et de la finance.
La semaine dernière, le leader chiite avait de nouveau réitéré son soutien à la légalisation de la culture du haschich pour des fins médicales et industrielles, estimant qu'"en plus d’un plan de sécurité, la Békaa avait besoin d’un plan de développement".
La culture du haschich dans la Békaa est courante et, malgré son interdiction par la loi, reste tolérée en pratique par les autorités. En 2015, le chef de la brigade des stupéfiants au sein des Forces de sécurité intérieure, le général Ghassan Chamseddine, avait indiqué qu'environ 35 000 dounoums de haschich (3 500 hectares) sont plantés chaque année dans la Békaa centre et nord, dans les cazas de Baalbeck et Hermel, et dans une partie des cazas de Bécharré et Denniyé. "La production annuelle moyenne est d'une centaine de tonnes et le marché annuel de 60 millions de dollars environ", avait-il estimé.
Selon des cultivateurs de cannabis au Liban, le conflit en Syrie voisine a détourné l'attention de l’Etat et dopé le trafic avec une frontière devenue beaucoup moins contrôlée. L'armée détruisait auparavant chaque année quelques milliers d'hectares de cannabis dans la Békaa.
L’Etat avait mené des campagnes d'éradication, promettant des cultures alternatives. Mais depuis l'échec d'un programme de l'ONU, il y a plus de quinze ans, un bras de fer l'oppose aux cultivateurs qui réclament la légalisation de cette culture ancestrale. Selon les agriculteurs, la demande a augmenté de plus de 50% depuis 2012, et la majorité du haschich est écoulée vers la Syrie.
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16 h 59, le 08 septembre 2018