Dans une résolution adoptée hier à l’unanimité, le Conseil de sécurité de l’ONU « décide de proroger le mandat de la Finul jusqu’au 31 août 2019 » affirmant ainsi « son ferme attachement » à son mandat actuel tout en « demandant la pleine mise en œuvre de la résolution 1701 ». Parmi les inflexions du texte, le Conseil de sécurité réclame que la Finul améliore encore son efficacité dans sa zone de déploiement au Liban-Sud. Sur l’embargo sur les armes, il insiste sur l’obligation faite à « tous les Etats de prendre toutes mesures pour empêcher que leurs ressortissants, ou leurs territoires, en utilisant navires ou avions, vendent ou fournissent des armes à toute entité ou individu au Liban autres que ceux autorisés par le gouvernement ou la Finul ».
Parrainée par la France, cette résolution « est agréée à l’unanimité », a indiqué hier à la presse Mme Anne Guéguen, l’ambassadrice adjointe de la France auprès des Nations unies.
« La Finul joue un rôle essentiel de stabilisation pour le Liban et la région. La France, qui parraine cette résolution, s’est efforcée cette année, comme les années précédentes, de tout faire pour que le Conseil préserve son unité, qui est absolument essentielle, pour permettre à la force d’accomplir son mandat au mieux et avec tous les moyens nécessaires. Nous pensons que c’est un bon résultat et que nous pourrons collectivement réaffirmer cette unanimité grâce également à l’esprit constructif qui a prévalu durant toutes ces négociations », a encore souligné Mme Guéguen.
Cette résolution répond ainsi à la demande du gouvernement libanais de « proroger le mandat de la Finul pour une période d’un an sans amendement ». Dans cette résolution, le Conseil rappelle toutes les résolutions antérieures sur le Liban, ainsi que les déclarations de son président sur la situation au Liban et les déclarations de presse du 19 décembre 2016, du 27 mars 2018 et du 9 août 2018. Il se « félicite » des progrès réalisés en vue de la réactivation des institutions de l’État et de la tenue récente des élections législatives, les premières depuis 2009, tout en appelant « sans plus tarder à la formation d’un nouveau gouvernement ».
Le Conseil exprime aussi son ferme soutien à l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance politique du Liban ; il « réaffirme son attachement à la mise en œuvre intégrale de toutes les dispositions de la résolution 1701 (2006); condamne avec la plus grande fermeté toutes les tentatives visant à menacer la sécurité et la stabilité du Liban », et met en garde en « soulignant » que les violations de la cessation des hostilités pourraient conduire à un nouveau conflit qu’aucune des parties ou la région ne peut se permettre.
(Pour mémoire : Le Conseil de sécurité condamne l’attaque contre une patrouille de la Finul)
« Progrès limités » de la 1701
Le Conseil se déclare toutefois « préoccupé » par les progrès limités accomplis dans la mise en place d’un cessez-le-feu permanent et d’une solution à long terme, comme prévu dans la résolution 1701. Il « appelle » toutes les parties concernées à redoubler d’efforts notamment en recherchant des solutions concrètes avec le coordinateur spécial du secrétaire général et avec le nouveau commandant de la Finul. Le Conseil exprime toutefois « sa profonde préoccupation » face à toutes les violations de ladite résolution, rappelant l’importance du contrôle que le gouvernement libanais devrait exercer sur tout son territoire. Le Conseil rappelle aussi l’importance pour toutes les parties concernées de respecter la ligne bleue dans son intégralité, tout en se félicitant des progrès constants réalisés par son marquage, comme le recommande l’examen stratégique.
« Rôle crucial » de l’armée
Le Conseil de sécurité « rappelle » aussi la nécessité pour toutes les parties de veiller à la sécurité du personnel de la Finul et sa liberté de mouvement sans entrave, tout en exprimant « sa préoccupation » concernant les visites de chefs de milices non libanaises le long de la ligne bleue. Le Conseil « se félicite » aussi du « rôle crucial » joué par l’armée libanaise et par les Forces de sécurité, en tant que seules forces armées légitimes au Liban, dans l’extension et le maintien de l’autorité du gouvernement libanais, en particulier dans le sud du Liban et dans la réponse aux autres défis sécuritaires, notamment la menace terroriste. Le Conseil demande un soutien international accru aux forces armées libanaises et à toutes les institutions sécuritaires de l’État, en réponse au plan de développement des capacités de l’armée libanaise, ainsi que dans le cadre de l’appui du Groupe international pour le Liban.
Le Conseil réaffirme la nécessité d’un déploiement efficace et durable de l’armée libanaise dans le sud du Liban et dans les eaux territoriales libanaises à un rythme accéléré afin de mettre pleinement en œuvre les dispositions de la 1701. Il demande aussi au gouvernement libanais d’élaborer un plan visant à accroître ses capacités navales, y compris avec le soutien de la communauté internationale, dans le but de réduire à terme le groupe de travail maritime de la Finul et de transférer ses responsabilités aux forces armées libanaises en liaison étroite avec le renforcement effectif des capacités maritimes.
Parvenir à la paix
Tout en « saluant » les changements opérationnels de la Finul, le Conseil demande au secrétaire général d’accroître la présence visible de la force, notamment par des patrouilles et des inspections, dans le cadre de son mandat et de ses capacités, et rappelle la décision d’aider le gouvernement libanais à appliquer la résolution 1701. Le Conseil prie le secrétaire général de continuer à faire un rapport tous les quatre mois sur l’application de ladite résolution, d’y inclure toutes les violations détaillées de la souveraineté du Liban, ainsi que les rapports de recommandations de l’examen stratégique et les gains d’efficacité supplémentaires identifiés pour remplir ses tâches. Le Conseil souligne enfin l’importance et la nécessité de parvenir à une paix globale, juste et durable au Proche-Orient sur la base de toutes ses résolutions pertinentes, y compris les résolutions 242 du 22 novembre 1967, 338 du 22 octobre 1973, 1515 du 19 novembre 2003, et 1850.
La Finul, qui compte actuellement 11 400 soldats, a été mise en place en 1978 par le Conseil de sécurité pour confirmer le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban. Après la guerre de l’été 2006, opposant Israël au Hezbollah, son mandat a été renforcé. Le Conseil l’a chargée de contrôler la cessation des hostilités.
Pour mémoire
Aoun réitère son appel à un renouvellement, sans modifications, du mandat de la Finul
Hariri réitère le soutien du Liban à la Finul
IL Y EUT QUAND MEME DES CHANGEMENTS !
08 h 28, le 31 août 2018