Le dossier de l’électricité a servi de prétexte à un règlement de compte par tweets interposés entre ministres du gouvernement sortant affiliés au Courant patriotique libre (CPL) et aux Forces libanaises (FL). C’est le vice-Premier ministre et ministre de la Santé du gouvernement intérimaire, Ghassan Hasbani (Forces libanaises), qui a ouvert les hostilités dès jeudi dans une attaque à peine voilée contre ses collègues de l’Économie et du Commerce, Raëd Khoury, et de l’Énergie et de l’Eau, César Abi Khalil.
M. Hasbani a notamment reproché aux deux ministres de privilégier des « solutions temporaires » comme « les générateurs privés et les navires-centrales » au détriment des mesures s’inscrivant dans la durée, pour apporter une réponse aux carences d’Électricité du Liban (EDL), l’établissement public qui détient le monopole de la production dans le pays depuis les années 1960. « Pourquoi ne vous précipitez-vous pas vers une solution permanente (de construction de nouvelles centrales électriques) au lieu de perdre du temps », a-t-il martelé à l’adresse de ses interlocuteurs.
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Véhémence
Des griefs auxquels les deux ministres ont répliqué avec autant de véhémence. « Fournir l’électricité 24h sur 24 est une décision qui nécessite un accord politique, prise par le Conseil des ministres, lequel est aujourd’hui soumis à des bouleversements politiques, dont vous êtes le mieux informé », a ainsi rétorqué hier M. Khoury sur son compte Twitter, emboîtant le pas au ministre de l’Énergie qui avait adressé une réponse sur un ton similaire la veille.
Le premier dossier ouvert par le vice-Premier ministre concerne la location de barges pouvant déployer 850 mégawatts (MW) supplémentaires, une mesure proposée par M. Abi Khalil en mars 2017 dans le cadre d’un plan « de sauvetage » du secteur de l’électricité et adopté par le gouvernement dans la foulée.
Un premier appel d’offres avait été lancé un mois plus tard avant que les modalités de sa mise en œuvre ne soient contestées par une partie du gouvernement, dont M. Hasbani, ce dernier considérant que le cahier des charges n’assurait pas le libre jeu de la concurrence. La procédure avait en outre été jugée non conforme par la direction des adjudications (DDA), tandis que plusieurs voix avaient accusé M. Abi Khalil de chercher à favoriser l’opérateur turc Karadeniz à qui l’État loue déjà plusieurs barges. En mai, le Conseil des ministres a finalement décidé d’enterrer cet appel d’offres pour lancer une nouvelle procédure tenant compte de ces remarques. Dans la foulée, le gouvernement approuvait également la prolongation pour trois ans des contrats de location des deux barges Orhan Bey et le Fatmagül Sultan, en place depuis 2013 et qui déploient 370 MW, permettant à M. Abi Khalil de négocier l’arrivée d’une troisième barge de 235 MW (Esra Sultan) louée gratuitement pour trois mois (hors carburant).
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Pérenniser les générateurs
Si M. Hasbani a concentré ses récentes critiques sur les manquements soulevés par la DDA, le ministre de l’Énergie a, lui, reproché aux FL d’avoir « approuvé (en mai) un cahier des charges identique à celui qu’ils avaient rejeté en août 2017 ». Il les a en outre accusées de chercher à imposer une forme de décentralisation de la production d’électricité, via la gestion de « grands générateurs » gérés localement et qui leur permettraient « d’avoir des sources de financement locales à l’instar d’autres partis politiques », sans citer lesquels.
M. Hasbani a également critiqué le ministre de l’Économie qui essaye depuis l’été 2017 d’imposer aux propriétaires de générateurs – des exploitants illégaux mais qui se sont inscrits dans le paysage depuis la fin de la guerre civile (en 1990) pour pallier les insuffisances d’EDL – d’installer des compteurs individuels chez leurs abonnés et de les facturer en fonction de leur consommation. La mesure a été mal accueillie par les intéressés qui avaient tenu tête une première fois au ministre en 2017. Relancée après les élections législatives de mai, la mesure bénéficie cette fois du soutien public du président Michel Aoun et de plusieurs ministères dont celui de l’Intérieur et des Municipalités – dont dépendent les Forces de sécurité intérieure (FSI).
Si M. Hasbani a considéré que cette initiative était une « perte de temps », qui risquait en outre de pérenniser un peu plus la présence des propriétaires de générateurs, M. Khoury a évoqué une « mesure temporaire » visant à « contrôler les irrégularités » jusqu’à ce qu’EDL puisse fournir du courant à plein temps.
La réforme du secteur fait partie des engagements majeurs que le gouvernement d’expédition des affaires courantes a pris lors de la conférence de Paris (CEDRE) le 6 avril dernier. EDL ne parvient en effet qu’à assurer difficilement moins de deux tiers des besoins du pays en électricité, dont la consommation grimpe au-delà de la barre des 3 000 MW, notamment en été. Une situation qui oblige les Libanais à payer deux factures de courant, l’une à l’établissement public, l’autre aux propriétaires de générateurs.
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Depuis la nuit des temps le Bateau/navire/embarcation et même le radeau(pas celui de Brassens) ont donné au Liban les horizons nouveaux avec le Phéniciens, les nouveaux pays aux immigrés, le poisson aux pêcheurs de sultan Brahim, les vacances aux touristes, wa halouma jarra... seule fausse note: l'électricité...car les bateaux, après tout, ne sont pas faits pour ça, c'est des centrales en bonne et dûe forme dont on a besoin... Yallah, bassita, aal chams ya tannébils...
00 h 58, le 26 août 2018