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Culture - Dessins

Comment essayer de changer les mentalités arabes grâce à Instagram

Les réseaux sociaux voient fleurir nombre d’illustrations corrosives, féministes ou en faveur des personnes LGBT, à l’image du travail de trois artistes libanais : Boo, Christina Atik et Queer Habibi*.

Un dessin de Queer Habibi sous-titré « Amour ».

Comme souvent en 2018, tout a commencé avec un hashtag. En janvier dernier, Twitter et Instagram ont vu apparaître Queer Habibi. Ces deux mots-clés, du nom du dessinateur, étaient accompagnés d’illustrations pop mettant en lumière le quotidien de personnes LGBT dans la péninsule Arabique. L’artiste, qui veut rester anonyme pour des raisons de sécurité, dit vouloir parler de la vie quotidienne des couples gays, et particulièrement de Beyrouth, ville qui l’inspire le plus. Il représente par exemple un couple d’hommes dans un lit au Caire, d’autres en train de se maquiller à Beyrouth, ou encore deux femmes amoureuses au volant de leur voiture en Arabie saoudite. L’artiste ose tout, même un jeu de mot affiché sur le débardeur d’un de ces personnages, gay et musclé, où on peut lire « Baghdaddy ».

 « Je veux montrer au monde que l’on peut vivre dans des pays arabes, être queer, sans qu’il n’y ait aucun mal à cela », a déclaré Queer Habibi au magazine Pink News. Son projet, c’est de sensibiliser sur internet : « J’aimerais briser la stigmatisation actuelle, informer et éduquer mes followers. » 

Clichés en série sur « la femme arabe »
Christina Atik, elle aussi, en est sûre : « Instagram a un impact dans la société et peut faire bouger les lignes. » Libanaise et graphic designer, elle expose depuis le mois de juin ses illustrations féministes sur la plate-forme et le compte « Retrieving Beyrouth ». 

Sa première série, Takeover, interroge sur les tabous liés à la sexualité et les standards de beauté dans le pays. « Depuis notre plus jeune âge, on nous inculque que la femme arabe n’est pas belle, qu’elle n’est pas assez occidentale, déplore la jeune femme de 25 ans. Nos cheveux sont trop crépus, nos nez trop gros et notre peau trop bronzée. Cela doit changer. » L’un de ses dessins représente une chèvre, broutant les tétons d’une femme avec l’inscription suivante « Ce n’est pas correct pour une fille d’avoir des poils sur le corps. » L’œuvre a suscité le débat entre les internautes… Pour ou contre les poils ? Mais ce qui étonne le plus la Beyrouthine, c’est le nombre de messages reçus depuis quelques semaines. « Des Saoudiennes, des Palestiniennes, des Jordaniennes et, bien sûr, des Libanaises m’envoient des messages d’encouragement et de remerciements. » 

Menaces des internautes et crainte des autorités
À la frontière entre l’activisme, l’art et la communication, Instagram offre une bouffée d’air frais à la liberté d’expression… Mais est-ce vraiment sans danger ? Bernard Hage, alias « boo », assure le contraire. « Je reçois des menaces de mort sur Instagram, des messages très violents de divers partisans. » À l’heure actuelle, il est l’un des rares caricaturistes du pays, l’un des seuls peut-être, à oser se moquer ouvertement de Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah, ou encore du gouvernement Hariri. Ses dessins sont autant insolents que d’une simplicité enfantine. Sa première série appelée Prozac use d’un redoutable humour noir, assez rare au Liban. Mais les militants ne sont pas les seuls dont se méfie l’artiste : « Je n’autorise pas n’importe quel média à reprendre mes illustrations. Le propos de mon dernier dessin concerne le ministre sortant des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Il pourrait me valoir d’être arrêté, de passer quelques heures ou une nuit en prison, selon l’humeur des autorités. » 

Au Liban, la diffamation, la calomnie ou l’insulte à l’égard de responsables officiels relèvent du pénal et les personnes jugées coupables d’avoir insulté le président, le drapeau ou l’emblème de la nation risquent jusqu’à deux ans de prison… De quoi faire réfléchir avant d’appuyer sur le bouton « poster ». 

*Queer Habibi, cartes postales disponibles sur REDUBUBBLE.com, Christina Atik, « Retrieving Beirut », Bernard Hage, « The Art of Boo ».



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Comme souvent en 2018, tout a commencé avec un hashtag. En janvier dernier, Twitter et Instagram ont vu apparaître Queer Habibi. Ces deux mots-clés, du nom du dessinateur, étaient accompagnés d’illustrations pop mettant en lumière le quotidien de personnes LGBT dans la péninsule Arabique. L’artiste, qui veut rester anonyme pour des raisons de sécurité, dit vouloir parler de la vie...

commentaires (2)

Il y a un sousentendu dans cet article qui parle de 'pays arabes' mais je ne trouve pas évident à définir l'arabité du Liban ou de l'Egypte ... peut-être on pourrait parler de pays de l'orient ou moyen-orient. Historiquement l'occident semble considérer l'orient Syrie, Perse, Grèce, Egypte les pays 'décadents'; je crains qu'il s'agit de malentendus profonds et orient occident s'accusent entre eux de corrompre les uns et les autres.

Stes David

22 h 16, le 22 août 2018

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Commentaires (2)

  • Il y a un sousentendu dans cet article qui parle de 'pays arabes' mais je ne trouve pas évident à définir l'arabité du Liban ou de l'Egypte ... peut-être on pourrait parler de pays de l'orient ou moyen-orient. Historiquement l'occident semble considérer l'orient Syrie, Perse, Grèce, Egypte les pays 'décadents'; je crains qu'il s'agit de malentendus profonds et orient occident s'accusent entre eux de corrompre les uns et les autres.

    Stes David

    22 h 16, le 22 août 2018

  • FAUSSE ROUTE POUR LE MOYEN ORIENT ET SURTOUT POUR LES PAYS ARABES ET LA PERSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 05, le 21 août 2018

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