L’attente aura été longue pour les fans d’Elissa qui attendaient son dernier album studio, depuis l’annonce de sa sortie imminente il y a quelques semaines. Fidèle à sa tradition de proposer un nouvel opus tous les deux ans, elle a confirmé être pratiquement l’unique artiste de la pop arabe à créer un véritable sentiment d’impatience avant chaque projet. Elle est l’artiste qu’on attend du Maghreb jusqu’au Machrek pour savoir impatiemment quel sera le premier single dévoilé, les auteurs et compositeurs avec lesquels elle a collaboré, et les détails de la couverture de l’album.
Sur ce dernier opus, intitulé « Ila Kol Elli Bihebouni » (A tous ceux qui m’aiment), la star propose 16 titres inédits qui ont déjà été entendus plus de 60 millions de fois en deux semaines sur Youtube seulement. Parmi ceux-ci, le titre qui a donné son nom à l’album, et dont le clip révélé mardi raconte sa bataille contre le cancer qui l’a frappée en 2017. L’album, quant à lui, s’écoule également comme des petits pains et se classe en tête des ventes dans plus de dix pays.
« J’aborde chaque album avec la même approche, raconte Elissa. Je suis toujours en quête de belles chansons, de sujets nouveaux et d’arrangements musicaux originaux. Pour ce onzième album, j’ai pris davantage mon temps. J’ai écouté plus de chansons que pour n’importe quel autre auparavant. Comme je suis arrivée à un moment où mes chansons réussissent à tous les coups, je ne voulais pas sortir un album juste pour le faire. Je voulais un travail meilleur que les précédents. »
«“Krahni” est le hit libanais de ma carrière»
Le pari est en tout cas réussi pour « la reine des sentiments ». Si elle a toujours placé la barre très haut, Ila kol elli bihebouni produit par le label Rotana est sûrement son meilleur album depuis Assaad wahda, en 2012. Égale à elle-même au niveau des ballades en dialecte égyptien, Elissa propose des collaborations avec de grands noms comme Amir Teaima et Ramy Gamal, qui signent Mafich asbab, Nader Abdallah qui a écrit le tube instantané Nefsi aoullou sur une musique turque de Brahim Tatlises, et Walid Saad sur Ertah weiich et Ana wahida. Sans oublier des titres plus dansants comme Lessa fiha kalam et Benna neechak, et un remake de la chanson Wahashtouni de Warda, son idole.
Mais c’est surtout au niveau des chansons en dialecte libanais qu’Elissa s’est le plus épanouie avec quatre titres aux sujets dramatiques, dont un signé Salim Assaf et qui relate l’histoire d’un adultère, et Krahni (Hais-moi), véritable coup de cœur et qui a créé un tsunami de commentaires sur les réseaux sociaux à sa sortie. La chanson relate l’histoire d’une femme qui ne veut plus aimer, mais qui refuse que son ancien amoureux soit heureux avec une autre qu’elle ou qu’il lui soit indifférent. « Oui, il y a un gros changement au niveau des chansons libanaises, surtout avec Krahni, explique Elissa. J’étais à peine réveillée lorsque j’ai reçu le texte écrit par Ali Mawla sur la musique de Fadl Sleiman. À la première écoute, je me suis dit: “Oh My God”, le sujet est tellement audacieux, et je l’ai immédiatement choisi. Il y avait juste la musique sur les paragraphes chantés ; j’ai donc pris mon temps pour la finir. La chanson a d’abord été arrangée une première fois avant que mon frère Kamil ne refasse l’arrangement. On sent que le public a soif de sujets dramatiques qui soient traités en profondeur comme celui-là, explique-t-elle encore. Que leurs chansons disent des choses qu’ils ne savent pas exprimer en amour. Mais je ne m’attendais pas à ce que Krahni ait autant d’effet. C’est la chanson libanaise qui, à ce jour, a eu le plus grand impact sur les gens dans ma carrière. Elle ressemble à tout le monde, en fait, et me représente beaucoup en matière d’ego. Parfois, l’égoïsme nous attache aux personnes plus que l’amour même. Dès qu’on abandonne quelqu’un et qu’on le voit avec un autre, on l’aime à nouveau. »
Si Krahni apporte une plus-value incontestable à l’album, le lead single Ila kol elli bihebouni n’est peut-être pas le tube qu’était Assaad wahda en 2012, mais apporte à Elissa un style nouveau, qui rappelle les chansons de Dalida, et dans lequel elle a voulu remercier ses fans et ses amis qui l’entourent dans les moments heureux mais aussi difficiles. « L’amour des gens qui aiment ma musique, c’est un don du ciel que je ne saurais expliquer, car je sais que je ne suis pas la seule à avoir une belle voix, un physique acceptable et un feeling, dit-elle. Et je suis heureuse que l’album leur plaise autant, surtout qu’il a été réalisé dans les conditions les plus difficiles que j’ai jamais vécues. »
« Oui, je le dis, j’ai eu un cancer »
Hésitante d’abord à se confier sur le sujet, Elissa révèle, émue, avoir été diagnostiquée d’un cancer du sein en décembre 2017. « Je fais chaque année des tests de dépistage et j’ai découvert cela durant la période de création de l’album, confie-t-elle. Je n’ai pas voulu abandonner le travail entamé et j’ai continué à faire des concerts et des tournages, et à enregistrer mes chansons. Fort heureusement, le cancer a été détecté à un stade peu avancé. J’ai subi une opération et un traitement radiologique, et j’ai pu échapper à la chimiothérapie. Je suis guérie aujourd’hui.»
Sur le clip de la chanson Ila kol elli bihebouni, sorti mardi et réalisé par Angy Jammal, Elissa raconte sa bataille contre le cancer, images réelles à l’appui. « J’ai reçu cette chanson après l’opération et c’est la première fois qu’une de mes chansons s’adresse aux gens. J’ai immédiatement pensé à tous ceux que j’aime, ceux que j’ai eu peur de perdre. Oui, c’était la période la plus dure de ma vie. Mais ce clip ne vise pas à m’attirer la sympathie des gens, ou me faire du marketing. Mon album connaît déjà un grand succès. Si je m’exprime aujourd’hui, c’est simplement pour sensibiliser les gens sur l’importance des tests de dépistage afin de détecter tôt les cancers, et pour dire qu’il est possible de vaincre cette maladie. » « Mon papa est mort d’un cancer, avoue aussi Elissa, qui sera en concert demain soir dans le cadre de Beirut Holidays. Parfois on n’ose même pas prononcer le nom de cette maladie par peur et moi-même je ne le faisais pas. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de le dire: Oui, j’ai eu un cancer. »
L’avenir, Elissa l’aborde avec « positivité, comme toujours », en pensant surtout « à ceux qui l’aiment », car « its’ OK si certains ne m’aiment pas ! » « Je ne pense pas trop au futur, dit-elle. Je travaille au jour le jour et j’espère que Dieu me donnera le temps et la santé de faire d’autres albums. Le choc que j’ai eu cette année était immense, et j’arrive à une étape de ma vie où je sais que la santé, c’est tout. Je me sens plus vivante que jamais et capable de donner au monde encore et encore. » Qui voudrait vivre dans un monde sans Elissa ?
Pour mémoire
Elissa, éternellement amoureuse et inlassablement adorée
ALLAH I KHALLIHA BI SEHTA !
08 h 56, le 09 août 2018