Depuis plusieurs jours, des dizaines d'Iraniens, hommes et femmes, postent des vidéos d'eux-mêmes en train de danser. Le but? Afficher leur solidarité avec Maedeh Hojabri, la jeune Iranienne de 18 ans arrêtée pour avoir posté des vidéos sur son compte Instagram la montrant en train de danser sans voile dans sa chambre.
La jeune fille, détenue pendant plusieurs semaines, a été libérée après des excuses publiques mardi, qu'elle aurait été forcée de faire, sur la chaîne de télévision publique iranienne IRIB. La jeune femme a confessé avoir brisé la morale, tout en assurant que tel n’était pas son but et qu’elle voulait simplement récolter davantage de followers. Selon le New York Times, la jeune fille, apparue à la télévision en train de pleurer, a reconnu que danser est un crime. La mise en scène laisse penser que ses "aveux" en public ont été fabriqués en amont sous la pression.
En soutien à Maedeh Hojabri, des femmes et des hommes ont posté des vidéos d'eux-mêmes en train de danser en public et les ont partagées avec les hashtags #Dancingisnotacrime (le mot-dièse danser n'est pas un crime) et #برقص_تا_برقصیم (je danse pour que tu danses).
"Si tu es une femme en Iran et que tu danses, chantes ou montres tes cheveux, tu es une criminelle. Si tu veux être toi-même tu dois briser les lois tous les jours", a écrit Alinejad Masih, activiste iranienne sur son compte twitter.
Les publications de Maedeh Hojabri partagées sur plusieurs comptes à son nom ont totalisé entre 12.000 et 66.000 followers. La jeune gymnaste a été libérée sous caution et ses profils Instagram auraient été fermés par la police.
"Des gens en Iran et dans le monde postent des vidéo d'eux en solidartié avec Maedeh", écrit Samira Ghaderi sur twitter.
Yasamin Alttahir qui travaille avec Amnesty international a posté le 9 juillet une vidéo de femmes en train de danser dans une rue de Londres en solidarité avec Maedeh Hojabri. La vidéo accompagnée du commentaire "Maedeh est une des Iraniens qui se battent pour leurs droits humains" a été vue 168 000 fois.
"Quand je vivais en Iran, mes amis et moi nous filmions en train de danser. Si nous étions des adolescents aujourd'hui, nous aurions posté nos vidéos sur instagram", a écrit Holly Dagres, Américano-Iranienne, spécialiste de l'Iran.
Le centre de droits de l'homme en Iran a également relayé sur son compte twitter des vidéos d'Iraniens en train de danser pour "montrer à l'Iran que danser n'est pas un crime".
"On se moquera de vous si vous dites aux gens du monde entier que des jeunes filles de 17 et 18 ans sont arrêtées pour leur danse, leur bonheur et leur beauté (et qu'elles ont été accusées d'avoir) répandu l'indécence, alors que les violeurs d'enfants et autres sont libres", a écrit le blogueur iranien Hossein Ronaghi-Maleki, selon des propos rapportés par Reuters.
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19 h 20, le 10 juillet 2018