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Santé - Gastro-entérologie

Les maladies inflammatoires du côlon, encore mal connues

Les spécialistes mettent l’accent sur la nécessité de créer des centres d’excellence pour la prise en charge de ces maladies, comme sur l’importance d’intégrer dans le système de santé des mesures de soutien financier aux patients.

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) entraînent des douleurs abdominales, une fatigue, une diarrhée accompagnée souvent de sang dans les selles. Photo Bigstock

Douleurs abdominales, fatigue, diarrhée, sang dans les selles… les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) englobent deux troubles digestifs, la maladie de Crohn et la rectocolite ulcéro-hémorragique. « Elles se caractérisent par une inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif due à une réaction immunitaire de l’appareil digestif aux bactéries intestinales et à certains facteurs environnementaux », explique le Dr Ala’ Sharara, gastro-entérologue à l’hôpital du Centre médical de l’Université américaine de Beyrouth (AUBMC).

La maladie de Crohn peut toucher n’importe quelle partie du tube digestif allant de la bouche à l’anus. L’iléon, qui est la partie située à l’extrême de l’intestin grêle à sa jonction avec le côlon, reste la partie la plus touchée par ce trouble. Celui-ci se traduit par une douleur abdominale, une diarrhée, une émission de sang par l’anus, une perte de poids et parfois une fièvre. Touchant les hommes et les femmes de manière égale, la maladie de Crohn se manifeste, dans la majorité des cas, chez les personnes âgées de 13 à 30 ans.
La rectocolite ulcéro-hémorragique est une inflammation de la muqueuse intestinale touchant essentiellement une petite partie du côlon (le rectum) ou même le côlon tout entier. Évoluant par poussées, elle se manifeste principalement chez les personnes âgées entre 20 et 40 ans et se traduit par des douleurs abdominales, des diarrhées et la présence de sang dans les selles.

Les causes de ces troubles restent toujours inconnues. Les chercheurs estiment toutefois que le facteur héréditaire et les facteurs environnementaux jouent un rôle dans leur apparition. « Le tabac est un facteur qui favorise la maladie de Crohn, insiste le Dr Sharara. De plus, il réduit l’efficacité du traitement. »


(Lire aussi : Le cancer colorectal peut être prévenu, traité et vaincu)



Ne pas ignorer les symptômes
Si les MICI ne sont pas diagnostiquées et traitées, elles peuvent « sur le court terme causer des abcès et des ulcères dans l’intestin », souligne le spécialiste. « Les saignements causés par ces troubles peuvent entraîner une anémie », poursuit-il. Et d’insister : « Le patient ne doit pas ignorer les symptômes lorsqu’ils se présentent pour éviter les complications qui pourraient nécessiter, dans certains cas, une intervention chirurgicale dans l’urgence. Sur le long terme, une rectocolite ulcéro-hémorragique mal prise en charge peut évoluer et causer un cancer du côlon. »
Les MICI ne peuvent pas être prévenues. Certaines mesures de précaution peuvent toutefois être prises. Aussi, en cas de la maladie de Crohn, « il est conseillé d’arrêter la consommation de toute forme de tabac, au cas où on est fumeur ». Il est également recommandé de manger sain et de faire une activité sportive. « Paradoxalement, dans le cas de la rectocolite ulcéro-hémorragique, certaines études ont montré que le tabac pourrait avoir un effet protecteur, avance le Dr Sharara. Il reste toutefois mineur. De plus, aucun médecin ne va encourager son patient à fumer, en raison de tous les effets néfastes du tabac que nous connaissons. »

Le traitement est administré selon le stade de la maladie. « Dans certains cas, le patient n’a pas besoin de médicaments, précise le Dr Sharara. Dans d’autres cas, ceux-ci doivent être pris à vie. Malheureusement, à ce jour, il n’y a pas de traitement curatif. Nous disposons toutefois d’une panoplie de médicaments qui permettent de guérir l’inflammation, tant qu’ils sont pris d’une manière chronique. Ces médicaments sont efficaces chez la majorité des patients. Par ailleurs, il est nécessaire que les MICI, surtout les cas sévères d’entre elles, soient prises en charge par une équipe multidisciplinaire qui compte parmi ses membres essentiellement un gastro-entérologue, un chirurgien, un psychologue, une nutritionniste, un dermatologue et un rhumatologue. »


(Pour mémoire : Découverte d’un gène-clé de la maladie de Crohn)


Vers un groupe de support
Les MICI touchent plus de quatre millions de personnes dans le monde, selon le Centre pour le contrôle des maladies (Center for Disease Control – CDC) aux États-Unis. Traditionnellement considérée comme une maladie des pays industrialisés, la maladie prend de l’ampleur dans les pays du Moyen-Orient, selon une étude datant de 2015 et publiée dans la revue spécialisée International Journal of Clinical and Experimental Medicine. Selon cette étude, la maladie de Crohn et la rectocolite ulcéro-hémorragique touchent respectivement 5 et 6,3 individus sur 100 000 personnes dans le Moyen-Orient.

Au Liban, une étude publiée dans le magazine Inflammatory Bowel Diseases en 2007 montre que la prévalence des MICI est similaire à celle observée en Europe du Sud et inférieure à celle observée en Europe du Nord et en Amérique du Nord. Menée par une équipe de chercheurs présidée par le Dr Ala’ Sharara, elle montre que l’incidence annuelle des MICI est de 5,5 sur 100 000 personnes (4,1 sur 100 000 personnes sont diagnostiquées annuellement avec une rectocolite ulcéro-hémorragique et 1,1 sur 100 000 personnes avec la maladie de Crohn).

Les MICI affectent largement la qualité de vie du patient sur le plan personnel, social et professionnel. « Nous œuvrons pour créer un groupe de soutien aux patients, annonce le Dr Sharara. Cela est d’autant plus important que ces maladies touchent des personnes à un âge jeune. Dans plusieurs pays d’Europe et en Amérique du Nord, de tels groupes existent et accompagnent les patients. Nous espérons créer un groupe similaire au Liban. » Et de conclure : « Nous devons œuvrer davantage pour la sensibilisation à ces maladies. Sur le plan médical, il est important de mettre en place des centres d’excellence, puisque c’est une maladie qui nécessite une prise en charge multidisciplinaire, et d’assurer une formation continue dans ce cadre aux médecins généralistes et gastro-entérologues. Enfin, comme les médicaments restent chers, il est important que des mesures de soutien financier aux patients soient intégrées dans le système
de santé. »


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