Née à Tripoli, au Liban, en 1953, Randa Chahal Sabbag disparaît trop tôt à Paris en 2008. Ses parents, militants au sein de la mouvance communiste, s’étaient rencontrés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à Damas. À l’adolescence, elle quitte Tripoli pour Paris, au début des années 1970, où elle poursuit des études de cinéma à la prestigieuse École Louis-Lumière.
Lorsque la guerre éclate en 1975, la jeune cinéaste retourne au Liban à de nombreuses reprises et commence son travail méthodique de documentation et d’archivage de la guerre et des rues désertées de Beyrouth. Ses documentaires qui conjuguent avec lucidité engagement sans faille et critique politique en témoignent. Ainsi, Pas à Pas décrit les ramifications de la guerre civile libanaise et Nos guerres imprudentes, que Jean-Luc Godard citera dans son encyclopédie Histoire(s) du cinéma, explore crûment l’implication de la famille de la réalisatrice dans la guerre.
La guerre civile a donc imposé à Randa Chahal Sabbag le documentaire. Cela ne l’empêchera pas de se lancer rapidement dans la réalisation de fictions. La cinéaste engagée traitera aussi bien de l’absurdité d’une guerre civile et de ses laissés-pour-compte que d’histoires uniques de personnages profondément humains. Ses films de fiction sont teintés d’un humour féroce et d’une incroyable liberté où la sincérité se mêle à la critique radicale. Ainsi son œuvre ne laisse place ni à la tristesse ni au désespoir. Elle est dans la construction d’une réalité irrévérencieuse. Elle réalise ainsi son premier long-métrage, Écrans de sable, puis le cinglant et célèbre Civilisées et, enfin, Le Cerf-volant, récompensé par le Grand Prix du jury (Lion d’argent) au Festival international du film de Venise en 2003, et par l’ordre des Chevaliers du cèdre du Liban. Faisant la navette entre Paris et Beyrouth, Randa Chahal Sabbag ne cessera de filmer, écrivant et développant de nombreux scripts et projets. Ces films n’étaient que l’amorce d’une œuvre amputée très vite par la mort. En 2008, à la disparition de la cinéaste, Olivia Snaije écrit dans le quotidien britannique The Guardian : « (Sa) mort prématurée (...) laisse un vide dans le monde du cinéma du Proche-Orient, où la liberté d’expression nécessite un courage débordant et une ténacité féroce. »
Il était nécessaire que cette rétrospective s’inscrive aujourd’hui dans cet autre événement qu’est le lancement de la cinémathèque, pour le besoin d’une transmission cinématographique, et surtout pour les traces perceptibles de la cinéaste dans un mouvement « nouvelle vague » qui a donné ses « contours » au cinéma libanais.
Programme de la rétrospective
Ce soir, lundi, 19h30 : ouverture suivie du long-métrage Civilisées.
Mardi 26 juin, 18h00 : table ronde.
20h00 : Liban d’autrefois (11 minutes), suivi du long-métrage Pas à Pas.
Mercredi 27 juin, 20h00 : Les Infidèles.
Jeudi 28 juin, 20h00 : le moyen-métrage Souha, survivre à l’enfer.
Vendredi 29 juin, 20h00 : Écrans de sable.
Samedi 30 juin, 20h00 : Le Cerf-volant.
Dimanche 1er juillet, 20h00 : Nos guerres imprudentes.
Pour mémoire
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