À peine commencée, la Coupe du monde est déjà pleine, c’est le cas de le dire.
Bien sûr, on connaît la mode « cinq fruits et légumes par jour » pour garder la ligne et sauver la planète, la mode « société civile » où il faut s’indigner de tout et de n’importe quoi, puis la mode « réseaux sociaux », qui fait que des ados les plus décérébrés jusqu’aux ancêtres les plus décrépis, chacun y va de son laïus, pensant marquer l’histoire de ses doigts poisseux… Puis, comme tous les quatre ans, revoilà l’hystérie collective du Mondial.
Faut voir la furie ! Les télés branchées à tue-tête sur les vérandas, les dégaines vautrées en maillot de corps en train de s’empiffrer de pistaches arrosées de bière, les cris de gorge à chaque fois que le ballon rentre dans le filet, le commentaire débile du présentateur qui se croit obligé d’aboyer « goooaaaallllll ! » à chaque but, estimant sans doute que son public est trop taré pour comprendre…
Et vas-y que j’enfile les reportages interminables sur les différentes équipes et leurs champions ! Des heures de direct pour admirer des façades d’hôtels anonymes en Russie, puis des bus aux vitres fumées filant à toute allure avec des joueurs invisibles dedans. Sans oublier les scoops frémissants servis avec force trémolos dans la voix. Saviez-vous par exemple que les Allemands prennent un petit déjeuner tous les matins? Incroyable ! Que Ronaldo ne voyage jamais sans son smartphone ? Rien que des révélations !
Et puis, cette orgie de drapeaux ! Pas besoin d’une fête du foot pour noter cette propension des Libanais à vouloir toujours s’exciter pour une idée, un pays, un personnage… à défaut de palpiter pour les tromblons qui les gouvernent. Ces derniers devraient d’ailleurs en profiter. Pendant que les Koullouna sont scotchés à leurs écrans, ils pourraient faire passer par grappes entières taxes, impôts et autres décrets de naturalisation. Personne ne pipera mot, ni vu ni connu.
On oublie aussi cette furieuse tendance à exploiter le Mondial pour faire de la récup politique. Saoudiens et Égyptiens se sont fait rétamer par les Russes ? Qu’à cela ne tienne, il faut toujours qu’il y ait des ahuris au bord de l’AVC qui tirent une mine ravagée, comme si leur vie en dépendait, ou des tordus hilares qui vont incendier les terrasses à coups de feux d’artifice. Encore heureux! Il n’y a pas si longtemps, ils festoyaient aux roquettes antichars… Sans compter les jus de crâne diplomatiques selon lesquels les matches étaient bidon et qu’ils servaient de prétexte à un rapprochement entre… Washington et Téhéran. Le délire à l’état brut !
Si, comme on le prétend, le football est le sport des pauvres, la politique est en tout cas leur luxe. Alors forcément, lorsque certains mélangent les deux, ils deviennent carrément pauvres d’esprit…
N’en jetez plus !
OLJ / Par Gaby NASR, le 22 juin 2018 à 00h00
commentaires (9)
voir le foot c'est quand meme plus rafraichissant que de voir a la tele TOUS nos politiciens vouloir lutter contre la corruption dans ce pays sans vouloir evidement ouvrir leur comptes en banque et leurs proprietes et leur fiche d'impot au grand jour PAS DE CUMUL DE DEPUTES AVEC MINISTRES CAR ON NE PEUT PAS POUVOIR SE CONTROLER SOIT MEME
LA VERITE
17 h 41, le 22 juin 2018