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Les Etats-Unis sont redevenus le premier pays de demande d'asile dans l'OCDE en 2017

Donald Trump n'est plus le "leader moral" de la planète et "ne peut plus parler au nom du monde libre", a estimé le secrétaire général du Conseil de l'Europe.

Le président américain, Donald Trump. Photo d'archives REUTERS/Kevin Lamarque

Les Etats-Unis sont redevenus l'an dernier le premier pays de demandes d'asile dans l'OCDE, a annoncé l'organisation mercredi, le jour où Donald Trump a finalement signé un décret pour mettre fin à la séparation des familles de migrants, à l'origine d'un déluge de critiques.
Les demandes d'asile ont augmenté de 26% aux Etats-Unis l'an dernier, à 330.000 au total, affirme dans un rapport l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Dans un spectaculaire retournement, le président américain a signé mercredi un décret pour éviter la séparation des familles de migrants ayant franchi illégalement la frontière avec le Mexique. L'administration Trump était sous le feu des critiques, tant au niveau national qu'international, alors que plus de 2.300 mineurs ont été séparés de leurs parents en cinq semaines.
"La séparation n'est certainement pas dans le meilleur intérêt de l'enfant", avait affirmé plus tôt Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE, lors d'une conférence de presse à Paris, siège de l'organisation.

Donald Trump n'est plus le "leader moral" de la planète et "ne peut plus parler au nom du monde libre", avait également estimé le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjørn Jagland, lors d'un déplacement à Moscou.
Ces demandeurs sont à 40% des Salvadoriens, Vénézueliens et Guatemaltèques, donc des profils très différents de ce que connaît l'Europe (Syriens, Afghans et Irakiens notamment), où la crise migratoire déchire actuellement les pays membres, souligne l'OCDE.

L'Allemagne, qui recevait le plus de demandes d'asile depuis 2013, a enregistré une chute de 73% des demandes d'asile par rapport au record de 2016, à 198.000 au total. Viennent ensuite l'Italie (127.000 demandes), la Turquie (124.000) et la France (91.000).
Au total, la quarantaine de pays développés formant l'OCDE ont reçu 1,23 million de demandes en 2017, une "baisse sensible" par rapport à l'année précédente (1,64 million), selon l'organisation, qui précise qu'il faut ajouter à ces chiffres les 550.000 Syriens installés en Turquie sans avoir à demander l'asile.

"Nous nous éloignons du pic de la crise des réfugiés" où le défi était l'aide d'urgence, pour entrer dans une "phase complexe" où l'intégration est la priorité, affirme dans son introduction Stefano Scarpetta, directeur des affaires sociales à l'OCDE.


(Pour mémoire : Allemagne : une réforme du droit d'asile sème la zizanie dans la coalition)


"Soutien de l'opinion"
Or, cela ne va pas sans "défis", note-t-il, car "la crise des réfugiés a accru les préoccupations de l'opinion publique quant aux avantages supposés des migrations", avec des inquiétudes sur "les salaires ou l'emploi". D'autant que les flux sont intervenus alors que "de nombreux pays européens se remettaient de la crise financière" avec "des taux de chômage élevés".
Pour la première fois, l'OCDE tente d'évaluer les conséquences sur l'emploi de ces arrivées de réfugiés, en rappelant que les études antérieures ont conclu à un effet "modeste" à long terme sur le marché du travail, qui "exclut probablement tout risque d'impact négatif".
Mais, à court terme, la population active pourrait progresser "de 0,4% d'ici décembre 2020". Plus délicat: en Allemagne le nombre de chômeurs pourrait "augmenter d'environ 6%", et dans certains pays "où l'afflux de réfugiés est important" (Suède, Allemagne, Autriche) l'impact sur le marché de l'emploi sera "plus marqué" pour les catégories les plus en concurrence avec les réfugiés, notamment les hommes au faible niveau de formation.
Il faut donc "des mesures en faveur de ce groupe", et des politiques "maximisant l'accès à l'emploi" des réfugiés, gage de leur intégration, plaide l'OCDE.
Car "même si ce sous-groupe de population est relativement restreint, une nouvelle détérioration de ses résultats sur le marché de l'emploi, liée à la concurrence avec les réfugiés (...), pourrait entraîner une forte dégradation de l'opinion publique relative à l'impact moyen des réfugiés sur l'économie".



Quoique préparé depuis des mois, le rapport vient éclairer les questionnements qui déchirent actuellement l'Europe, alors que les mouvements populistes multiplient les déclarations anti-migrants et que le refus de l'Italie d'accueillir le navire Aquarius et ses migrants a déclenché une crise européenne.
Ce durcissement des politiques migratoires en Europe s'est à nouveau illustré ce mercredi par l'adoption en Hongrie d'un ensemble de lois dénommé "Stop-Soros" rendant passible de poursuites pénales l'aide aux migrants opérée par des ONG, à l'initiative du Premier ministre national-conservateur, Viktor Orban.

Mercredi soir, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a rendu publique une étude concluant que "les demandeurs d'asile ne sont pas un +fardeau+ pour les économies européennes", n'entraînant pas de "dégradation des finances publiques ni des performances économiques". "Au contraire, l'impact économique tend à être positif lorsqu'une partie d'entre eux deviennent résidents permanents", ajoute cette étude publiée dans Science Advances.


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