Allemagne : une réforme du droit d'asile sème la zizanie dans la coalition

Un désaccord a éclaté lundi sur la politique migratoire au sein de la coalition de la chancelière allemande Angela Merkel, contraignant son ministre de l'Intérieur à reporter l'annonce d'une réforme du droit d'asile, a annoncé ce ministère.

"La présentation du plan général (prévue mardi) a été reportée. Quelques points doivent encore être validés. Aucune nouvelle date n'a été fixée", a indiqué dans un communiqué laconique une porte-parole du ministère de l'Intérieur.

La raison de ce report sine die, selon le quotidien populaire Bild : "une grosse querelle" entre Mme Merkel et son ministre conservateur bavarois Horst Seehofer autour du catalogue de 63 mesures du ministre, qui vise à une refonte de la politique d'asile de l'Allemagne, pays qui a accueilli depuis 2015 sous l'impulsion de Mme Merkel plus d'un million de réfugiés.

Président de la très conservatrice CSU bavaroise, grand contempteur de la politique migratoire de la chancelière, M. Seehofer a notamment imposé au gouvernement de coalition conservateurs/sociaux-démocrates un nombre maximal de 200.000 réfugiés pouvant être accueillis par an. Vanté par M. Seehofer comme un véritable "plan directeur", les mesures qu'il devait annoncer mardi doivent permettre de déboucher sur "des procédures d'asile plus rapides et des expulsions plus cohérentes".

Parmi les points envisagés, celle prévoyant de rejeter immédiatement à la frontière allemande les migrants ne disposant pas de papiers est particulièrement controversée. La chancelière Merkel l'a catégoriquement rejetée : "je souhaite que le droit européen soit prioritaire sur le droit national", a-t-elle insisté dimanche lors d'un talk-show, mettant en garde contre un action "unilatérale" de l'Allemagne.

Vice-président du parti social-démocrate SPD, Ralf Stegner a accusé M. Seehofer de visées électoralistes, alors qu'un scrutin régional est prévu en Bavière à l'automne : "tout cela n'est dû qu'à la campagne électorale en Bavière", a-t-il estimé.

Très critique avec la chancelière et sa politique migratoire, la CSU ne cesse de durcir ses positions dans la perspective de ces élections, où le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) est en embuscade, après avoir fait une entrée fracassante à la chambre des députés aux législatives de septembre dernier.

Selon l'édition en ligne de l'hebdomadaire Der Spiegel, l'absence d'accord entre Mme Merkel et M. Seehofer sur cette réforme du droit d'asile pourrait se solder par la démission du ministre, "ce qui pourrait déclencher une crise gouvernementale".