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Lifestyle - La Mode

Hermès a dit « jouons » !

« Jouons ! » est le délicieux mot d’ordre lancé le 14 juin dernier lors de l’événement du thème, dans le cadre Grand Siècle de l’hôtel Salomon de Rothschild à Paris.

« Jouons ! », vues de l’événement du thème Hermès. Photo DR

Chaque année, selon une tradition instaurée par Jean-Louis Dumas, son ancien PDG disparu en 2010, Hermès révèle dans le cadre d’une grande fête le thème sous lequel devront être développées la vision et la mission des créateurs et artisans pour les mois à venir.

De toutes les maisons dites de luxe, Hermès possède clairement une culture à part qui l’a protégée de maintes tentatives d’anschluss et contribué à sa belle prospérité. Cette culture se traduit par un esprit ludique, une rafraîchissante excentricité, un sens de l’autodérision que seuls peuvent se permettre les plus inébranlables. Pour comprendre la philosophie de la maison, une visite s’impose au musée secret d’Hermès, le fabuleux grenier du 24, rue du Faubourg Saint-Honoré, où se nichent le bureau d’Émile-Maurice Hermès, fondateur de la maison, et son cabinet de curiosités. Sellier, mais surtout harnacheur, Émile-Maurice Hermès, décédé en 1951, a vu s’effondrer l’empire du cheval avec la montée de l’industrialisation et l’avènement de l’automobile. Sublimant la nostalgie, le fondateur crée ses premiers carrés de soie et continue à ancrer la maison dans la beauté de l’univers équestre, collectionnant tout ce qui peut l’être autour de ce thème et d’un temps révolu. Aucun objet Hermès dans cette soupente claire obscure. Rien que des reliques de la Belle Époque, mais aussi d’autres temps et lieux, le plus souvent achetées à Drouot. Des selles, dont une d’amazone avec une poche à mouchoirs, des harnais, des calèches d’enfant jadis tirées par des chèvres, un petit carrosse en paperoles d’une exquise précision, des boîtes à secrets, des nécessaires de voyage, des mécanismes ingénieux, des jeux de société dont un domino d’ivoire miniature en pendentif, des lunettes de théâtre dites « indiscrètes », permettant de voir des deux côtés sans se retourner, de somptueux chevaux à bascule, d’énormes « bottes de sept lieues » dans lesquelles les postillons calaient leurs jambes pour parcourir la distance administrative de sept lieues d’un bureau de poste à un autre, autant d’objets qui témoignent d’un art de vivre cultivé à travers les siècles envers et contre tout. 

« Là où il y a du jeu, il y a de l’espoir »
 « Jouons ! » a donc proposé Axel Dumas, l’actuel PDG d’Hermès. « Oui, jouons », a enchaîné son cousin Pierre Alexis, directeur artistique de la maison et fils de Jean-Louis Dumas : « Jouons parce que jouer signifie être ensemble, parce que c’est un moyen d’apprendre des choses sur nous-mêmes et les autres, de donner sa chance à la chance, de prendre le contrôle tout en se laissant aller. Parce que c’est joyeux et même jubilatoire. (…) Parce que le jeu est mouvement, liberté, imagination, fantaisie, séduction, légèreté. Là où il y a du jeu, il y a de l’espoir. Mais oui, les joueurs ne forment-ils pas une sorte de société alternative ? Le jeu ne trace-t-il pas en lui-même les contours de l’utopie ? Pourrions-nous créer, inventer, pourrions-nous seulement imaginer si nous ne jouions pas ? » Avec le cheval pour premier camarade de jeu, Hermès est une maison bâtie sur l’esprit ludique et sans doute, poursuit Pierre-Alexis Dumas, est-ce la raison de sa longévité.

Une fête onirique
Paris, hôtel Salomon de Rothschild, au crépuscule tardif de ce 14 juin, on était accueilli dans la cour par un aboyeur assis à un bureau Louis XVI et équipé d’un vieux téléphone en bakélite et d’un porte-voix en plastique. Aux fenêtres, une soprano et deux ténors poussaient de temps en temps quelques trilles. L’intérieur de la vénérable maison où fut assassiné le président Paul Doumer avait été entièrement retapissé d’une moquette à motifs géométriques. À l’entrée, une roue de la fortune burlesque. À l’extérieur, une joute pseudo-médiévale tout aussi folle, animée par une troupe de comédiens franco-britanniques, s’est tenue inlassablement toute la soirée. Le jeune écrivain Arthur Dreyfus (Je ne sais rien de la Corée, Gallimard, 2017) circulait parmi les invités qu’il surprenait par d’incroyables tours de magie, faisant apparaître, entre autres, des roses naturelles d’un mouchoir en papier. Ici, un jeu de chaises musicales, là un salon entier transformé en Scalextric où se bousculait une équipe de Hongkongais mordus au jeu. Là encore, un karaoké animé par un expert revêtu de paillettes qui invitait les participants à deviner des morceaux à partir des premières notes. Dans un couloir surréaliste aux murs duquel se tendaient des bras et des jambes de mannequins, une hôtesse habillée en soubrette vous donnait des anneaux de mousse à lancer vers les membres suspendus. On croisait dans la foule une Juliette éthérée cherchant son Roméo, ainsi qu’une femme aux cheveux roux montés en volume, égarée d’un rêve, portant une petite pousse qui à la fin de la soirée était devenue buisson… 

Obéissant au code overdressed, les invités avaient rivalisé d’excentricité, les uns portant des pyjamas pailletés, d’autres des capes de vampire. On a vu des femmes coiffées de manèges miniatures ou de petites voitures. Un billet de loterie portait sur le cadeau suprême de l’événement. Tiré par « une main innocente » d’un vieux téléviseur orné d’un napperon et transformé en aquarium éclairé de bleu, le numéro gagnant a permis à son titulaire d’emporter un magnifique skateboard en bois peint, exemplaire d’une série limitée créée par Hermès. 

Dans cette fête totalement onirique résidait l’âme d’une maison qui, avec 180 ans au compteur, entend poursuivre sa route vitaminée par la liberté, la créativité et l’imagination, sérieusement mais sans jamais se prendre au sérieux. 


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