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Lifestyle - Mode

La « sockrunner », basket ou chaussette ?

Les « sockrunners » déclinées par les marques de luxe. Photo DR

Après les Ugg qui, elles, se savaient ugly, bottes en peau molle retournée et intérieur mouton, héritées des surfeurs australiens dont elles réchauffaient les petits pieds rescapés des requins ; après les Birkenstock, version souple du rustique sabot que certains ont osée même au bureau, même au collège ; on a eu les mules Gucci tapissées de poils dépassant en gerbe, qui donnaient l’impression d’avoir écrasé une bête dont le pauvre cadavre serait resté collé à la semelle. On a eu ensuite les claquettes en fourrure, acrylique, vison ou lapin, version gentrifiée de la claquette de piscine Adidas qui tombait en disgrâce après avoir fait fureur, assorties de chaussettes, dans les milieux stylés. Et puis les sabots en plastique Crocks à plateformes surdimensionnées, alors qu’à l’état brut ils écorchaient déjà la vue. Ah, et aussi les sneakers Golden Goose dont une grande partie du prix exorbitant est cachée dans le pigment sale qui laisse soupçonner qu’on a payé un salaire à quelqu’un pour les porter avant vous. Décidément, la chaussure, depuis la poulaine médiévale et les talons rouges de Louis XIV, demeure pour les créateurs la principale source d’inspirations monstrueuses.
Dès cet été et pour quelques saisons à venir, préparons-nous à enfiler les nouvelles « sock runners », baskets-chaussettes en maille de polyuréthane et semelle en mousse de vinyle moulée. L’objet s’inspire de la pantoufle-chaussette à picots inventée il y a 50 ans pour empêcher les enfants de se salir les pieds après le bain, mais aussi de la chaussette de plongée hybridée en version parterre des vaches et croisée avec une chaussure japonaise à deux (gros) orteils. Plus on craindra l’apesanteur, plus la semelle sera épaisse et lourde.
Encore une invention issue de la tendance dominante du chic nonchalant, la « sock runner » donne en plus, avec ses semelles à motifs sculptés, l’impression d’avoir à ses pieds quelque œuvre d’art conceptuelle. Elle répond aussi aux critères de vitesse (sinon de paresse) du geek pressé qui déteste par-dessus tout l’idée si XXe siècle des chaussures à lacets et de la double corvée d’enfilage des chaussettes. Elle donne en plus cet ineffable sentiment de sécurité quand il faut, dès le matin, alors qu’une partie de soi n’est même pas réveillée, plonger en apnée dans l’hystérie urbaine. Une chose est sure, elle permettra de dater plus tard, sur les photos, nos soirées de l’été 2018 en riant nerveusement de nos goût de cette époque.

Après les Ugg qui, elles, se savaient ugly, bottes en peau molle retournée et intérieur mouton, héritées des surfeurs australiens dont elles réchauffaient les petits pieds rescapés des requins ; après les Birkenstock, version souple du rustique sabot que certains ont osée même au bureau, même au collège ; on a eu les mules Gucci tapissées de poils dépassant en gerbe, qui donnaient...

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