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Lifestyle - Quelqu’un m’a dit

Une clôture en beauté pour le 150e anniversaire du musée de l’AUB

Leila Badre élevée au rang d’officier de l’ordre du Cèdre par le chef de l’État Michel Aoun.

La récompense est certainement méritée. Leila Badre est heureuse. Très fière même, à juste titre. Rares sont les personnes, et de surcroît les femmes, honorées de leur vivant par l’État. Il faut attendre d’être six pieds sous terre pour prétendre rejoindre la nomenclature des honorés. Cependant, Mme Badre, qui affiche un demi-siècle de fouilles archéologiques au compteur et quatre décennies à la tête du musée de l’Université américaine de Beyrouth (AUB), a bénéficié d’un privilège rare. Elle a été élevée au rang d’officier de l’ordre du Cèdre par le chef de l’État Michel Aoun. Cette consécration constitue l’apogée des cérémonies qui clôturent les célébrations du 150e anniversaire du musée de l’AUB (1868-2018). Le plus ancien du Proche-Orient après ceux du Caire et de Constantinople. Et un musée dont les collections, provenant de monuments civils, religieux ou funéraires, tissent la riche mémoire des cultures moyen-orientales depuis la préhistoire jusqu’à la période islamique. La cérémonie a eu lieu au palais de Baabda en présence du ministre de la Culture Ghattas Khoury, du métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audi, de la directrice des musées du Liban Anne-Marie Afeiche, du président de la Société des amis du musée de l’AUB Nabil Nahas (avec Michèle) et des membres de cette société, Chérine Daouk et Amal Saab. Parmi les présents également Chadia Tuéni, Nour Majdalani, le cinéaste Philippe Aractingi, l’ancienne responsable du département des antiquités orientales du musée du Louvre et conservatrice générale honoraire du patrimoine Annie Caubet, Éric Gubel, conservateur en chef du département des antiquités des musées royaux de Bruxelles, Martha Sharp Joukowsky, ancienne présidente de l’Institut américain d’archéologie (basée à l’université de Boston) et professeure émérite à Brown University, qui a à son actif les fouilles de Petra. Le grand absent fut le président de l’AUB Fadlo Khuri, pour cause de voyage.

Nagi dans son élément
À la tombée de la nuit, le musée ouvrait ses portes pour la soirée de gala organisée par la Société des amis. Cent quatre-vingts convives ont occupé les tables dressées autour de la mosaïque byzantine, dans la salle d’art islamique et celle des Palmyriens. Un préambule de rigueur : les discours prononcés en hommage à Leila Badre par le président Nabil Nahas et l’archéologue américaine Martha Sharp Joukowsky, la déambulation des mimes, la prestation de Vanessa au violon, et un délicieux dîner servi par Cat & Mouth. Organisatrices de la soirée, Chérine Daouk et Amal Saab avaient fait très bien les choses, à tel point que tout le monde était ravi. Dans l’assemblée, Ghattas Khoury, représentant le Premier ministre Saad Hariri, Tarek et Éliane Mitri, Mouna Hraoui, Michèle Nahas et un nombre de responsables de musée étrangers et d’archéologues, dont Amélie Beyhum. Il y avait aussi Mutaz et Ghada Sawwaf, Marwan et Mouna Sehnaoui, Samir et Laura Lahoud, Béchara et Rita Nammour, Vivianne Debbas, Mona Issa el-Khoury, Hélène Badaro, Hind Sehnaoui, Ricardo et Youmna Karam, Nadine Begdache, Maguy Habib, Georges et Maya Doumet.
Robert Mikaëlian trônait à une table, entouré de Nayla Bassili, Dolly Kassir, Maureen Ali, Nour Majdalani et Marie-Claude Bitar. L’antiquaire Nagi Asfar, hyper bien dans son élément parmi les reliquats du passé, avait convié ses amis Michèle de Freige, Nancy Haddad, Rafic Meouchy, Jean et Nayla de Freige. Plus loin, Bernard et Aline Fattal, Antoine et Samia Meguerdiche partageaient leur repas avec Razek et Maya Maamarbachi. Assis à la même table, Toufic et Lydia Ghargour, Raymond et May Abou Adal, Claude Issa, Joseph et Siham Neaïem. Quand à Marco et Jacqueline Ayoub, ils avaient investi la petite salle palmyrienne en compagnie de Nadia Sawabini, Maya Germanos, Nabil et Joumana Azar, Oussama Daouk, Khaled Saab et Ibrahim Khoury, porte-parole de l’AUB.

Le Levant dans les musées occidentaux
Point d’orgue des célébrations, le colloque qui a réuni la veille du dîner des spécialistes du Proche- Orient, conservateurs des départements de musées archéologiques du Louvre, du MET, du British Museum, de Bruxelles, de Chypre, du Caire, d’Athènes et d’Istanbul. Sur le thème « From Collection to Museum », ces gardiens des temples racontent comment est née leur collection. « Le noyau de la collection du Levant a été acquis au XIXe et au début du XIX siècles par des moyens éthiques, sans recours au marché de l’art et des antiquités, grâce aux fouilles des missions archéologiques en Palestine, en Syrie, en Irak et en Iran », indique Jonathan N. Tubb, chef du département Moyen-Orient au British Museum.
 « À quelques exceptions près, tels le “caillou Michaux”, stèle babylonienne avec inscription cunéiforme, acquise au XVIIe siècle, ou la stèle gréco-phénicienne de Malte (collection de Louis XIV) qui servit à l’abbé Barthélémy pour déchiffrer l’écriture phénicienne, l’intérêt pour les antiquités du Proche-Orient en France ne s’est confirmé qu’après la Révolution française », relate pour sa part Annie Caubet, conservatrice générale chargée du département des antiquités orientales du musée du Louvre de 1988 à 2006. La découverte par Paul-Émile Botta du site assyrien de Khorsabad, près de Mossoul, en 1843, suivie des explorations en Phénicie par Ernest Renan, et dans le pays de Sumer par Ernest de Sarzec, ont établi « le Louvre comme principal destinataire des antiquités du Proche-Orient ».
Edhem Eldem, professeur à l’université Boğaziçi, Istanbul, titulaire de la chaire internationale d’histoire turque et ottomane au Collège de France, et arrière-petit-neveu d’Osman Hamdi Bey, père fondateur du Musée archéologique d’Istanbul, révèle que les historiens ne disposent pas d’informations sur les circonstances exactes de la création de cette institution, qui a vécu des moments pionniers, telle la découverte de la nécropole de Sidon en 1887. « Ce n’est que récemment que nous avons commencé à combler ce vide historiographique en réévaluant les dynamiques qui ont conduit à son inauguration, les politiques qui définissaient son rôle et sa mission et, surtout, en tentant de réduire les lacunes concernant la provenance des premières collections. »
D’autre part, « la première pensionnaire du Musée national archéologique d’Athènes a été la statue en bronze de Poséidon de Livadostra, découverte en 1897 », signale Georgianna Moraitou, chef du département conservation, physico-chimie et archéométrie du musée. Des statues monumentales en bronze suivront, telles les Jeunes d’Anticythère et le Poséidon du cap Artémission, trouvées dans les sites côtiers sous-marins.

La caméra au service de la culture
Sabah Abdel Razek, directrice générale du Musée égyptien du Caire, a dévoilé pour sa part ses projets à foison, dont l’exposition de la tombe de Toutankhamon, qui sera présentée dans son intégralité pour la première fois début 2019.
Ont pris également la parole le conservateur en chef du département des antiquités des musées royaux de Bruxelles, Éric Gubel, Joan Aruz, responsable du département art ancien du Proche-Orient, du Metropolitan Museum of Art de New York (MET), et Beate Salje, qui a dirigé le Musée du Proche-Orient à Berlin de 1998 à 2014 et qui a mené des fouilles à Tell Schech Hamad en Syrie et à Uruk.
Last but not least, une rétrospective éblouissante d’un siècle et demi du musée de l’AUB a été ensuite offerte aux conférenciers par Philippe Aractingi. Sur un écran panoramique, image après image, avec l’illusion d’une scène animée, le cinéaste fait défiler les temps forts des conservateurs qui se sont succédé, et fait (re)découvrir les objets illustrant la mémoire de la région. « La magie a voulu que ces artéfacts soient préservés afin qu’ils puissent raconter leurs histoires, je leur ai alors donné une voix » pour qu’ils exposent leur aventure millénaire. On connaît Aractingi en tant que cinéaste et documentariste. Aujourd’hui, on découvre une autre facette de son intarissable créativité mise au service des entreprises commerciales et culturelles. Le film est projeté au musée jusqu’à la fin de cette semaine. À voir absolument.

ditavonbliss@hotmail.com

La récompense est certainement méritée. Leila Badre est heureuse. Très fière même, à juste titre. Rares sont les personnes, et de surcroît les femmes, honorées de leur vivant par l’État. Il faut attendre d’être six pieds sous terre pour prétendre rejoindre la nomenclature des honorés. Cependant, Mme Badre, qui affiche un demi-siècle de fouilles archéologiques au compteur et...

commentaires (1)

L'AUB est une des fiertés de notre pays. Sa contribution au rayonnement de notre peuple est immense.

Sarkis Serge Tateossian

11 h 24, le 19 juin 2018

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Commentaires (1)

  • L'AUB est une des fiertés de notre pays. Sa contribution au rayonnement de notre peuple est immense.

    Sarkis Serge Tateossian

    11 h 24, le 19 juin 2018

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