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Commerce: Trump fait ce qu'il a promis

Désormais, "le président a de plus en plus confiance dans son propre jugement sur les questions" commerciales, affirme un expert.

Le président américain, Donald Trump. Photo AFP / NICHOLAS KAMM

En infligeant coup sur coup des taxes sur l'acier de ses alliés et des droits de douane sur 50 milliards de dollars d'importations chinoises, Donald Trump est passé aux actes et applique la politique commerciale intransigeante promise pendant sa campagne.
Au cours de sa première année de mandat, l'administration Trump avait multiplié les menaces verbales et les communiqués annonçant des ouvertures d'enquêtes préliminaires sur des marchandises importées suspectées d'être subventionnées sans toutefois prendre des mesures très concrètes.
Mais depuis mars, le président américain, qui a promis de faire passer "l'Amérique d'abord", est passé à l'offensive.
Dernière mesure en date, la Maison Blanche a annoncé vendredi l'imposition de taxes douanières de 25% sur 50 milliards de dollars d'importations chinoises afin de compenser le vol de propriété intellectuelle et de technologies américaines. Elles s'ajoutent aux taxes sur l'acier et l'aluminium chinois effectives depuis fin mars.
Depuis le 1er juin, les importations d'acier et d'aluminium en provenance de l'Union européenne, du Canada et du Mexique sont, de leurs côtés, frappées de droits de douane de 25% et 10% respectivement.
"Pendant un certain temps, le président a été limité (dans ses velléités) par différents conseillers" et ministres, analyse Edward Alden, expert en commerce international au Council on Foreign Relations. Désormais, "le président a de plus en plus confiance dans son propre jugement sur ces questions" commerciales, avance-t-il. Et "il est disposé à prendre des mesures radicales qu'il avait promises pendant sa campagne et bien des années auparavant", ajoute Edward Alden.



Ainsi, de même qu'il a ignoré les mises en garde de son ancien conseiller économique Gary Cohn, qui s'est résolu à quitter avec fracas début mars la Maison Blanche, Donald Trump n'a pas hésité vendredi à piétiner le "consensus" avec Pékin arraché de haute lutte par son secrétaire au Trésor Steven Mnuchin il y a moins d'un mois.
C'est que la Chine n'avait consenti à mettre sur la table que 70 milliards d'achats supplémentaires de biens américains pour rééquilibrer les échanges quand Donald Trump exige 200 milliards. Et faute d'obtenir gain de cause, le président déroule les mesures punitives qu'il a exposées quelques semaines plus tôt.


(Lire aussi : Guerre commerciale : la croissance mondiale pourrait payer les pots cassés)


"Stratégie provocatrice"
En outre, le président américain et ses conseillers économiques les plus intransigeants, à l'instar de Peter Navarro, ouvertement hostile à la Chine, sont convaincus que dans la bataille commerciale, les Etats-Unis seront les vainqueurs.
Leur argument: les partenaires commerciaux et Pékin en particulier, qui écoule des centaines de millions de marchandises chaque année sur le marché américain, ont beaucoup plus à perdre que les Etats-Unis.
Donald Trump l'a même répété vendredi, il n'a pas peur d'une guerre commerciale qui pour lui est déjà perdue quand un pays affiche des centaines de milliards de déficit commercial.
En 2017, les Etats-Unis ont exporté pour 130,4 milliards de dollars de marchandises vers le géant asiatique, deuxième puissance économique mondiale. Ils ont importé dans le même temps 505,6 milliards de biens chinois, selon les statistiques du département du Commerce.

"C'est une stratégie extrêmement dangereuse et provocatrice", note toutefois Edward Alden.
"Bien que l'impact général d'une guerre commerciale ouverte sur les deux économies devrait être modeste, il pourrait y avoir des dommages très importants pour des entreprises et industries dont l'activité est essentiellement à l'export", observe ainsi Eswar Prasad, spécialiste de la Chine et professeur de politique commerciale à l'Université de Cornell.
Il note aussi que de nombreux pans de l'économie américaine, de l'agriculture à l'aéronautique, pourraient être affectés "par des dommages collatéraux".

Cette semaine, la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a elle-même mis en garde Washington contre sa politique protectionniste en présentant sa dernière évaluation de la première économie mondiale.
"En cas de guerre commerciale, nourrie par la hausse réciproque de droits de douane sur les importations, il n'y a pas de vainqueur. On voit généralement des perdants des deux côtés", a-t-elle réagi.
L'institution de Washington répète constamment depuis des mois que le spectre d'une guerre commerciale à l'échelle planétaire pourrait faire "dérailler" la croissance de l'économie mondiale qui a eu tant de peine à redémarrer après la crise financière de 2008 et qui est aujourd'hui dopée par les échanges de biens et services à travers la planète.


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