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Moyen Orient et Monde - Iran

UE, Russie et Chine contre-attaquent face aux sanctions américaines

Macron exclut « une guerre commerciale » avec les États-Unis.

« Les conséquences indirectes de la décision américaine vont favoriser les entreprises russes et chinoises (…). (Mais) on ne va pas devenir les alliés de l’Iran contre les États-Unis. Nous n’allons pas enclencher une guerre commerciale avec Washington », a déclaré hier le président français Emmanuel Macron, à l’issue d’un sommet des dirigeants européens avec leurs homologues des Balkans à Sofia. Ludovic Marin/AFP

Les Européens ont annoncé hier leur première réplique concrète aux tentatives des États-Unis de Donald Trump d’isoler économiquement l’Iran, dans le sillage des pions avancés par les Russes et les Chinois pour maintenir leurs liens avec Téhéran.
Le retrait américain de l’accord sur le programme nucléaire iranien, accompagné du retour des sanctions américaines tant redoutées, fait brusquement planer des risques financiers considérables sur les entreprises voulant investir en Iran depuis la signature de ce document historique en 2015. « Nous devons maintenant agir », a déclaré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, à l’issue d’un sommet des dirigeants européens avec leurs homologues des Balkans à Sofia, éclipsé par le « front uni » que les Européens ont voulu afficher face à Washington. « C’est la raison pour laquelle nous lançons le processus de la loi de blocage, le “blocking status” de 1996, qui vise à neutraliser les effets extraterritoriaux des sanctions américaines », a-t-il ajouté. « Nous devons le faire et nous le ferons demain matin (aujourd’hui) à 10h30 », a-t-il précisé.
L’outil évoqué par M. Juncker est un règlement européen créé à l’origine pour contourner l’embargo sur Cuba et qu’il s’agit désormais d’adapter. Il permet aux entreprises et aux tribunaux européens de ne pas se soumettre à des sanctions prises par des pays tiers. Le désaccord avec les États-Unis sur l’embargo cubain avait toutefois été réglé au niveau politique et, donc, l’efficacité de ce règlement n’a jamais été éprouvée. Son effet pourrait être plus symbolique qu’économique, selon une source européenne. « Les conséquences indirectes de la décision américaine vont favoriser les positions russes et chinoises dans la région et avantager leurs entreprises », a relevé le président français Emmanuel Macron à Sofia, illustrant les craintes des Européens. « Nous avons collectivement confirmé la volonté européenne de préserver les bénéfices de l’accord, y compris pour l’Iran, et de protéger les intérêts légitimes de nos entreprises », a-t-il ajouté. Pour autant, « on ne va pas devenir les alliés de l’Iran contre les États-Unis. Nous n’allons pas enclencher une guerre commerciale avec Washington, a poursuivi M. Macron. On ne va pas sanctionner ou contre-sanctionner des entreprises américaines (…), ça n’aurait pas de sens, (…) parce que l’objectif final est quand même d’avoir cet accord large et d’obtenir une signature américaine ». « Moi, ma priorité n’est pas commerciale et financière sur le marché iranien, elle est géopolitique, elle est d’éviter une escalade et d’aider à ouvrir l’économie de la société iranienne », a-t-il encore dit. « Nous allons œuvrer pour maintenir le cadre de l’accord de 2015 quelles que soient les décisions américaines », a insisté M. Macron, tout en estimant que cela n’excluait pas « des négociations sur un accord plus large indispensable » avec Téhéran.
 « Tout le monde au sein de l’Union européenne s’accorde à dire que l’accord n’est pas parfait, mais que nous devrions rester malgré tout dans cet accord et mener des négociations supplémentaires avec l’Iran », a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel, également à Sofia.

Pékin et Moscou en embuscade
L’annonce, hier, par l’armateur danois de navires pétroliers Maersk Tankers de la cessation de ses activités en Iran semble laisser présager de retraits en cascade d’entreprises européennes craignant de lourdes représailles américaines. Les grandes entreprises allemandes restent pour l’heure sur la réserve. En première ligne, l’industriel Siemens, qui s’était relancé en Iran après la levée des sanctions avec ses turbines à gaz, s’en tient à une position d’attente, tout comme Volkswagen, Daimler et le lessivier Henkel, également présents, à plus petite échelle. Face au retrait probable du français Total d’un projet de développement du vaste champ gazier iranien Pars Sud, l’Iran a aussitôt prévenu qu’il serait remplacé par le géant énergétique chinois CNPC, partenaire de Total dans ce contrat de 4,8 milliards de dollars. « Nous n’allons pas contraindre des entreprises à rester. Le président de la République française n’est pas le PDG de Total. Lui défend les intérêts de son entreprise, regarde ce que le marché iranien lui apporte par rapport à son marché saoudien et d’autres pays », a à cet égard plaidé M. Macron.
La Chine, assoiffée d’hydrocarbures et premier partenaire commercial de Téhéran, semble effectivement avoir l’intention de passer outre les sanctions américaines afin de muscler ses investissements en Iran. Au risque d’aggraver les relations avec Washington, déjà tendues depuis l’introduction de droits de douane par les États-Unis sur l’acier et l’aluminium.
La Russie, alliée de Téhéran qui avait maintenu des liens commerciaux lorsque les sanctions occidentales étaient en place, a de son côté fait un pas important pour rapprocher l’Iran de sa zone d’influence économique. L’Union économique eurasiatique, menée par Moscou et réunissant plusieurs ex-républiques soviétiques, a signé hier, à Astana (capitale du Kazakhstan), un accord préliminaire avec l’Iran. Réduisant d’ores et déjà les droits de douane sur certains produits pour trois ans, l’objectif est de créer à terme une zone de libre-échange. Si cet accord était en préparation depuis 2016, bien avant le retrait américain, il montre que la Russie comme la Chine ont l’intention de renforcer leurs relations commerciales avec Téhéran malgré le rétablissement des sanctions économiques de Washington.

Source : AFP

Les Européens ont annoncé hier leur première réplique concrète aux tentatives des États-Unis de Donald Trump d’isoler économiquement l’Iran, dans le sillage des pions avancés par les Russes et les Chinois pour maintenir leurs liens avec Téhéran.Le retrait américain de l’accord sur le programme nucléaire iranien, accompagné du retour des sanctions américaines tant redoutées,...

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