Il est toujours fascinant d’observer les affamés ministériels sagement alignés devant la mangeoire, attendant chacun la pitance que lui consentiront Mongénéral et le patron du Futuroscope, au milieu des gloussements intermittents du tandem chiite tapi en embuscade. La souffrance avant le bifteck…
Pour calmer la piétaille, une formule-cliché façon langue de bois, débitée en tranches de pur cèdre, est née pour illustrer le tempo de la mise bas gouvernementale : « La hâte sans précipitation ». Elle a été aussitôt colportée par les médias, comme si c’était la trouvaille planétaire du siècle. On attend impatiemment « la vitesse sans rapidité », « la célérité sans vélocité », ou encore « la promptitude sans empressement ».
Au stade actuel, qui au train où vont les choses risque de traîner une ou deux décennies, le Désigné pédale dans la semoule. En même temps, doucement, bouchée après bouchée, il continue gentiment d’avaler son chapeau. Il le fait avec une telle application qu’il force l’admiration même de ses pires ennemis : un ministre sunnite, deux ministres sunnites, dix ministres sunnites… C’est sa façon à lui de compter les moutons avant de s’endormir agité de spasmes. Il lui arrive parfois d’en perdre un ou deux dans la fièvre des négociations, mais ses alter ego chrétiens et druzes connaissent les mêmes épouvantes.
Seul le parti des mille et une barbes, bien à califourchon sur son arsenal, n’a rien à cirer de tous ces papotages et se marre à gorge déployée. Que nous vaut cette débauche agressive d’émail, au centre d’un système pileux entortillé ? Pour ceux qui ne l’auraient pas encore deviné, elle a pour nom : Istiz Nabeuh. Un cache-sexe idéal pour toute revendication ministérielle valant son pesant de caviar iranien.
Reste le Basileus. Officiellement, il ne se mêle pas de la tambouille gouvernementale. Mais il a une technique imparable : une petite phrase du jour, le lendemain un démenti face à la cabale, et le surlendemain un démenti du démenti. Trois occasions de faire parler de lui.
Mais patience ! Dans quelques années, le fiston Hariri finira bien par la réussir, sa césarienne. Ce sera alors Byzance pour les imbéciles qui y croient encore, et qui ne se doutent même pas que ce ne sera rien de plus qu’un changement de transat sur le pont du Titanic.
gabynasr@lorientlejour.com
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FALLAIT INJECTER PLUS DE DOSE ATOMIQUE A VOTRE DIATRIBE CHER MONSIEUR GABY NASR !
LA LIBRE EXPRESSION
16 h 43, le 15 juin 2018