Larousse et le suicide

Les médias ont sobrement rapporté le suicide par pendaison de la styliste Kate Spade, grand nom de la mode états-unienne. Le sujet est délicat car plusieurs études ont démontré qu’une médiatisation des cas de suicide peut avoir un effet de contagion (imitation du geste).
Le suicide fascine et les éditeurs le savent. Prenez Le Petit Larousse illustré 2018, dans lequel Pierre Drieu La Rochelle, Romain Gary, Ernest Hemingway, Claude Jutra, Primo Levi, Mishima Yukio, Henry de Montherlant, Stefan Zweig, pour n’en nommer que quelques-uns, ont chacun droit à leur petite phrase lapidaire : « Il se suicida. » Quand l’espace est compté, comme dans ce type de dico, ce renseignement est-il vraiment nécessaire ? Jutra souffrait de la maladie d’alzheimer, mais cela n’est pas précisé. Le suicide par seppuku de Mishima était politique, mais cela n’est pas précisé.
Rien non plus sur le suicide de Stefan Zweig, mais voici ce qu’on peut lire dans Wikipédia : « Avec l’entrée en guerre des États-Unis en décembre 1941, Zweig perd de plus en plus espoir. (…) Hanté par l’inéluctabilité de la vieillesse, ne supportant plus l’asthme sévère de Lotte et moralement détruit par cette guerre, il décide qu’il ne peut plus continuer à assister ainsi, sans recours, à l’agonie du monde. »
Un des articles du Petit Larousse illustré me semblant aborder correctement le sujet est celui relatif à l’écrivain Gérard de Nerval, dans lequel on peut notamment lire : « Menant une vie bohème, atteint de graves troubles psychiques, il endosse les habits du mythe et trouve refuge dans l’écriture. Du Voyage en Orient (1851) jusqu’à Aurélia (1855), en passant par Les Filles du feu (1854), (…) il tente de fuir le réel dans l’ailleurs et le rêve, avant de se pendre dans une ruelle parisienne. »
 
Sylvio LE BLANC
Montréal-Québec