En 1850, le fameux écrivain états-unien Henry David Thoreau a fait un voyage d’une semaine en nos terres du Québec. Il a rendu compte de son périple de quelque 2 000 kilomètres à pied dans un texte traduit par Adrien Thério sous le titre Un Yankee au Québec et publié chez Stanké en 1996.
Il contient des passages étonnants, comme celui-ci : « Quelle sorte de français parlent les habitants de cette partie du Canada, il ne m’appartient pas de le dire. Tout ce que je sais, c’est qu’on ne l’a pas corrompu en le mélangeant avec des mots anglais. Je ne vois pas pourquoi il ne serait pas aussi bon que celui qu’on parle en Normandie. » S’il retournait aujourd’hui, le pauvre Thoreau n’en reviendrait pas.
Son carnet de voyage contient aussi des commentaires ironiques, comme celui-ci : « Le gouvernement anglais s’est montré remarquablement libéral envers ses sujets catholiques du Canada, leur permettant de rester dans leurs fers, politiques et religieux, jusqu’au point où cela était possible pour des sujets. »
Ce passage vaut aussi le détour : « Les Anglais, les Irlandais et les autres immigrants qui ont ouvert les cantons ont imité les colons américains et non les français. En ceci, ces derniers me firent penser aux Indiens qu’ils furent si lents à évincer et à leur genre de vie auquel ils se sont plus volontiers conformés eux-mêmes que les Indiens au leur. » De même que celui-ci : « Les Français, qu’on le dise à leur avantage, ont rendu aux Indiens, jusqu’à un certain point, les égards dus à un peuple indépendant et ayant son caractère propre, ont parlé d’eux et se sont comparés à eux comme les Anglais ne l’ont jamais fait. Non seulement ils firent la guerre avec eux comme alliés, mais ils les acceptèrent chez eux, comme voisins. »
Sur le sujet de l’indépendance, Thoreau a confié : « Je préfère m’asseoir sur un potiron et le posséder bien à moi que d’être plusieurs sur un coussin de velours. »
Je suggère que ce livre épuisé soit réédité.

Montréal-Québec