Rechercher
Rechercher

Liban - Décryptage

Le retour des déplacés syriens, un dossier prioritaire malgré les difficultés

Au cours des deux derniers jours, trois indices sont venus confirmer l’intention du président de la République Michel Aoun d’ouvrir sérieusement le dossier des déplacés syriens après les élections législatives. Il y a eu ainsi la rencontre du chef de l’État avec une délégation américaine au cours de laquelle il a demandé l’aide des États-Unis pour assurer le retour des déplacés syriens chez eux. Il y a eu ensuite la déclaration du patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, faite à partir de Paris au cours de laquelle il a affirmé que le Liban devrait parler avec les autorités syriennes « quelles qu’elles soient » pour assurer le retour des déplacés syriens chez eux et enfin, il y a eu la déclaration du directeur général de la Sûreté Abbas Ibrahim qui a confirmé que des contacts ont lieu avec les autorités syriennes pour régulariser les papiers de milliers de déplacés syriens – terme utilisé sciemment par les autorités libanaises – en vue de leur retour.

Ces trois signaux montrent que, pour le Liban, il s’agit désormais d’un dossier urgent et qu’il n’est plus question d’attendre le bon vouloir de la communauté internationale en faisant de temps en temps une petite percée ou une déclaration. Les craintes du Liban concernant ce dossier sont multiples. D’abord, il constitue un poids économique intolérable, même si la communauté internationale contribue à financer la présence des déplacés syriens au Liban et multiplie les projets destinés à leur trouver du travail ainsi que des structures sociales. Il y a ensuite les problèmes sociaux que cette présence massive entraîne, notamment l’augmentation de la délinquance juvénile, des crimes de droits communs et des délits en raison de la pauvreté et de la promiscuité, ainsi que de l’oisiveté. Et enfin, il y a les risques sécuritaires qu’une telle présence peut favoriser, sachant que les jeunes, dans les camps et les regroupements de réfugiés, sont des proies faciles pour les cellules terroristes ou extrémistes. La présence des déplacés syriens représente aussi des dangers sur le long terme pour le tissu social et démographique libanais, où les équilibres confessionnels et communautaires sont très délicats.


(Lire aussi : Le Liban œuvre avec Damas au retour de milliers de réfugiés)


Pour toutes ces raisons, le Liban officiel est décidé à agir, de préférence avec l’aval de la communauté internationale. Mais si celle-ci ne donne pas le feu vert, il songe sérieusement à prendre l’initiative. Deux développements rendent sa détermination plus grande, le premier concerne la Syrie où, de l’avis des Occidentaux, le régime syrien contrôle désormais plus de 70 % du territoire qui est pacifié, notamment tout le centre du pays et les principales villes. Ce qui fait qu’un bon nombre de déplacés peuvent rentrer chez eux dans des régions où il n’y a plus de conflits armés. Le deuxième développement est libanais et il consiste dans le fait que désormais toutes les communautés et les parties politiques sont d’accord pour estimer que la présence des déplacés syriens est devenue un poids intolérable pour le pays. Les frictions entre les habitants et les déplacés syriens sont devenues régulières et ne sont plus limitées à une seule région. Au point que même les parties politiques radicalement hostiles au régime syrien ne peuvent plus refuser un processus qui favoriserait le départ du Liban des déplacés syriens parce que leurs bases populaires ne le comprendraient pas. Cette unanimité interne renforce la détermination présidentielle à ouvrir le dossier du retour le plus rapidement possible.


(Lire aussi : La loi sur l'expropriation syrienne favorise les expulsions de population, selon HRW)


Toutefois, le Liban ne souhaite pas agir seul, sans l’aval de la communauté internationale. Au cours de toutes les conférences et autres réunions consacrées au dossier des réfugiés syriens, il a cherché à obtenir un appui international à sa position. Il a réussi ainsi à convaincre la communauté internationale qu’il ne faut pas lier le retour des déplacés syriens chez eux à la solution politique en Syrie qui semble encore éloignée. Mais il n’a pas encore réussi à la convaincre de lancer le processus du retour dans les régions désormais pacifiées en Syrie. Pour la communauté internationale, les risques d’un tel retour sont en effet énormes. D’abord parce que la sécurité en Syrie reste encore relative, à ses yeux, puisque les combats ne sont pas encore terminés. Ensuite parce que les destructions sont énormes et que même si les régions sont sûres, les déplacés n’ont pas de maisons pour s’y installer. Enfin, il n’est pas dit que le régime syrien sera équitable avec les déplacés de retour en Syrie et qu’il n’exercera pas de pressions sur eux, la communauté internationale n’ayant pas les moyens d’assurer leur protection sur place. Le Liban répond à cet argument en demandant à la communauté internationale d’aider les déplacés syriens chez eux, comme elle le fait au Liban, en soulignant que les structures et les bureaux existent et qu’elle n’a qu’à les renforcer. Autrement dit, les pays donateurs peuvent financer la présence des déplacés en Syrie dans des régions sûres comme ils le font au Liban, mais au moins, les déplacés seront dans leur pays et le Liban sera soulagé d’un poids. De plus, il y a plusieurs moyens de protéger les déplacés de retour chez eux, et de toute façon, ils seront mieux en Syrie qu’ils ne le sont au Liban, d’autant qu’en dépit des points communs entre les Libanais et les Syriens, les différences restent énormes entre les deux sociétés, ce qui ne peut que créer des frictions.
Entre le Liban et les pays donateurs, les positions restent donc divergentes, mais selon les officiels libanais, ce dossier ne peut plus attendre.


Pour mémoire
Merhebi craint que « les Syriens ne subissent le même sort que les réfugiés palestiniens »

Damas anéantit l’espoir de retour d’une partie des réfugiés

Comment le régime est en train de redessiner la carte de la Syrie

Au cours des deux derniers jours, trois indices sont venus confirmer l’intention du président de la République Michel Aoun d’ouvrir sérieusement le dossier des déplacés syriens après les élections législatives. Il y a eu ainsi la rencontre du chef de l’État avec une délégation américaine au cours de laquelle il a demandé l’aide des États-Unis pour assurer le retour des...

commentaires (3)

comme a chaque fois, les pro "moumanaa" omettent de poser - sais pas SI ils se la posent a eux memes - les 2 questions suivantes : 1--pourquoi Obliger le Liban a "coordonner" avec la syrie ? si c pour trouver des entrepreneurs de transports qui loueraient leur bus , pas la peine. si c pour definir les lieux ou les refugies s'installeraient en syrie : Pas de notre ressort. si c pour les filtrer pr des raisons securitaires propres au regime syrien, encore une fois Pas de notre ressort,assad a assez d'experience pour les fiche en prison eternelle une fois chez lui. 2--Pourquoi les syriens n'ont pas encore declare a ce jour-officiellement et publiquement - VOULOIR le retour de leurs citoyens normalement PAR TOUS LES MOYENS ? VISIBLEMENT 2 questions TROP embarassantes a aborder.

Gaby SIOUFI

10 h 16, le 01 juin 2018

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • comme a chaque fois, les pro "moumanaa" omettent de poser - sais pas SI ils se la posent a eux memes - les 2 questions suivantes : 1--pourquoi Obliger le Liban a "coordonner" avec la syrie ? si c pour trouver des entrepreneurs de transports qui loueraient leur bus , pas la peine. si c pour definir les lieux ou les refugies s'installeraient en syrie : Pas de notre ressort. si c pour les filtrer pr des raisons securitaires propres au regime syrien, encore une fois Pas de notre ressort,assad a assez d'experience pour les fiche en prison eternelle une fois chez lui. 2--Pourquoi les syriens n'ont pas encore declare a ce jour-officiellement et publiquement - VOULOIR le retour de leurs citoyens normalement PAR TOUS LES MOYENS ? VISIBLEMENT 2 questions TROP embarassantes a aborder.

    Gaby SIOUFI

    10 h 16, le 01 juin 2018

  • Ce dossier ne peut plus attendre...Non et NON...

    Soeur Yvette

    09 h 36, le 01 juin 2018

  • UN ARTICLE TRES OBJECTIF DE LA TRES CHERE MADAME SCARLETT HADDAD QUI DECRIT LE POUR DES LIBANAIS ET LES CONTRES INTERNATIONAUX ! LE REGIME MADAME NE CONTROLE QUE 55PCT DE SON TERRITOIRE ET NON 70PCT ! ET LE SECOND ROUND DU MATCH QUI POINTE A L,HORIZON RISQUE DE NE PAS ETRE UNIQUEMENT ISRAELO/IRANIEN MAIS REGIME/REBELLES TOUT AUSSI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 13, le 01 juin 2018

Retour en haut