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Économie - Immobilier

Affaire Sayfco Holding : accord pour une sortie de crise

L’ex-PDG de la société, Chahé Yérévanian, aurait détourné plusieurs millions de dollars, selon l’avocat de l’entreprise.

Maquette représentant le projet Saint-Thomas à Nabay (Antélias). Image tirée de la page Facebook de Sayfco Holding

Un accord a été trouvé pour résoudre une partie des difficultés financières de Sayfco Holding, la société qui assure la promotion de trois importants projets immobiliers au Liban et dont le PDG, Chahé Yérévanian, accusé d’avoir détourné des millions de dollars, se serait enfui en Thaïlande.
L’accord a été confirmé hier à L’Orient-Le Jour par l’avocat Sakhr el-Hachem en charge du dossier pour Sayfco Holding, dans la foulée d’une réunion organisée à Beyrouth entre les principales parties prenantes. « Je peux vous assurer que les clients qui ont acquis des lots dans le cadre des trois projets immobiliers concernés, à Faqra, Mar Roukoz et Nabay, vont obtenir leur dû », a déclaré Me Hachem. « Sayfco Holding n’est pas en faillite, ses actionnaires sont solvables et veulent livrer les projets encore inachevés », a-t-il ajouté.


(Lire aussi : Les prix des appartements à Beyrouth toujours en baisse)


Retards importants
Si les rumeurs sur les difficultés de Sayfco Holding courent depuis plusieurs mois, l’affaire a commencé à s’ébruiter il y a quelques jours seulement. Le 16 mai, Chahé Yérévanian annonce sur la page Facebook de la holding qu’il sera en direct le 31 mai sur le réseau social pour évoquer les derniers développements concernant la société qu’il a fondée en 2004 en restructurant une affaire familiale (Ara Yérévanian Establishment). Le lendemain, un autre message publié sur la page de Sayfco Holding indique que M. Yérévanian va en fait quitter son poste et vendre ses parts aux autres actionnaires de la holding, et fait état de difficultés internes et de retard de livraisons qui ont « nui à la réputation » de la société.
« Les retards concernent trois projets développés par des sociétés partenaires de Sayfco Holding : Panorama, pour le site de Mar Roukoz, les Suites à Faqra, et Saint-Thomas à Nabay (Antélias) », explique Me Hachem, indiquant que « 600 familles sont concernées ». Il rappelle en outre que M. Yérévanian est également l’unique propriétaire d’une société de développement immobilier, Sayfco Development, qui n’est pas une filiale de Sayfco Holding.
« Les retards étaient importants, notamment en ce qui concerne le projet à Nabay qui était de plus destiné à une clientèle aux revenus moyens », souligne le président d’honneur du syndicat des agents et consultants immobiliers au Liban (Real), Massaad Farès. Plusieurs acquéreurs séduits par ce projet ont de fait ouvert une page sur le réseau social Facebook, baptisée « Victims of Sayfco Holding », pour alerter l’opinion publique.
Ces retards sont l’arbre qui cache la forêt, car la société accumule les incidents de paiements. Pour Me Hachem, l’explication est simple : M. Yérévanian a détourné, pour son usage personnel, plusieurs millions de dollars encaissés par Sayfco Holding, en utilisant son autre société Sayfco Development comme écran. « Il devait dissimuler ces détournements avec les flux générés par les nouvelles ventes, mais sa marge de manœuvre s’est progressivement érodée avec le ralentissement du marché », expose une source anonyme proche du dossier.


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« Faillite frauduleuse »
Les événements s’accélèrent à partir du 17 mai. Plusieurs messages rédigés sur un ton radicalement différent de celui de la communication habituelle de Sayfco vont être publiés sur la page Facebook de la société. L’auteur de ces messages – qui se révèle être M. Yérévanian, selon Me Hachem – évoque la faillite de la société et tire à boulets rouges sur un homme d’affaires, Mohammad Hamdoun. Cet ancien cadre de de la Lebanese Canadian Bank accusée en 2011 par les États-Unis d’avoir financé le Hezbollah et démantelée depuis, aurait « racheté 90 % des parts de Sayfco Holding en 2015 » et serait responsable des déboires de Sayfco Holding, accuse M. Yérévanian.
« En vérité, M. Hamdoun possède des parts dans la société chargée de construire le projet immobilier à Faqra et dirigée par Mohammad Issam Abou Darwiche, mais aucune action dans Sayfco Holding dont le capital est détenu à 90 % par Gretta Ghafari qui dirige désormais la société », indique de son côté Me Hachem. M. Farès se dit pour sa part surpris de l’attitude de M. Yérévanian et juge « malheureux » qu’il se soit mis dans cette situation.


(Pour mémoire : Liban : La demande immobilière au plus bas depuis 2015)


Il reste que sentant le vent du boulet, l’intéressé a quitté le pays pour la Thaïlande, selon plusieurs sources concordantes. Me Hachem précise que plusieurs plaintes ont été déposées contre celui qui est désormais l’ancien PDG de Sayfco Holding, notamment pour faillite frauduleuse – une qualification qui le rend passible de poursuites pénales – ou encore émission de chèques sans provision pour des montants totalisant « entre 3 et 4 millions de dollars ». Les demandeurs ont également réclamé que ses accès à la page Facebook de la société soient révoqués, entre autres mesures.
Me Hachem confirme enfin que les banques qui ont participé au financement des projets immobiliers et qui sont en relation avec les sociétés chargées de les développer « sont prêtes et ont les moyens de livrer tous les lots promis, y compris pour le projet de Nabay dont la construction n’a pas commencé ».


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commentaires (2)

Il ne s'agit en aucun cas de prendre partie, d'ailleurs ce genre d'affaires sont souvent compliquées, et ce qui est dit n'est probablement qu'une infime partie de la réalité . Même dans les pays très avancés on trouve régulièrement et presque chaque jour ce genre de scandales...Il Faut-il s'en accommoder au Liban ? Bien sûr que non! L'enquête le dira (et encore...) Mais cela ressemble fort bien à une cavalerie financière, amplifiée par le ralentissement des affaires et particulièrement le secteur de l'immobilier... Espérons des jours meilleurs et une rapide prospérité à notre pays.

Sarkis Serge Tateossian

00 h 38, le 31 mai 2018

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Commentaires (2)

  • Il ne s'agit en aucun cas de prendre partie, d'ailleurs ce genre d'affaires sont souvent compliquées, et ce qui est dit n'est probablement qu'une infime partie de la réalité . Même dans les pays très avancés on trouve régulièrement et presque chaque jour ce genre de scandales...Il Faut-il s'en accommoder au Liban ? Bien sûr que non! L'enquête le dira (et encore...) Mais cela ressemble fort bien à une cavalerie financière, amplifiée par le ralentissement des affaires et particulièrement le secteur de l'immobilier... Espérons des jours meilleurs et une rapide prospérité à notre pays.

    Sarkis Serge Tateossian

    00 h 38, le 31 mai 2018

  • Encore un étoile à ajouter sur l'étendard "Liban corrompu"... Si nous avions un Etat digne de ce nom, de telles magouilles ne seraient pas possibles ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 23, le 30 mai 2018

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