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Économie - Liban

L’embellie du marché immobilier reportée à 2018 ?

En attendant la reprise, les professionnels présents au Salon Dream continuent de s'adapter à une clientèle locale de plus en plus exigeante.

Les promoteurs immobiliers restent optimistes malgré la crise. Photo Michel Sayegh

Rendez-vous annuel des promoteurs avec leurs clients, le Salon de l'immobilier Dream a ouvert ses portes hier pour une durée de cinq jours au BIEL (Beyrouth) sous les auspices du Premier ministre Saad Hariri, représenté lors de l'inauguration par le ministre des Télécoms, Jamal Jarrah. « Quelque 40 exposants sont venus présenter 200 projets totalisant plus de 2 millions de m² aux investisseurs potentiels », résume à L'Orient-Le Jour le directeur général de Promofair, l'organisateur de la manifestation, Nabil Baz. « La valeur cumulée de ces projets – principalement commerciaux et résidentiels – atteint 5 milliards de dollars », ajoute-t-il, espérant que cette édition du Salon dépasse le cap des 15 000 visiteurs.

Comme chaque année, les professionnels du secteur veulent profiter de cet événement pour afficher leur optimisme face au ralentissement du marché immobilier qui dure depuis environ six ans. « La situation politique, qui a beaucoup d'influence sur l'activité de ce secteur, a commencé à s'améliorer petit à petit. Mais il faudra encore attendre au moins six mois pour que les promoteurs commencent à réellement en profiter », tempère d'emblée le cofondateur de Rise Properties, Sélim Haddad. Même constat pour Georges Khoury, directeur d'exploitation à Sayfco, qui mise sur une potentielle reprise « dans six à neuf mois », dans le sillage de la récente adoption d'une nouvelle loi électorale, le 16 juin, qui doit conduire à l'organisation en 2018 des premières élections législatives dans le pays depuis huit ans.

 

Appétit des investisseurs
Ce discours contraste avec l'enthousiasme exprimé par plusieurs professionnels du secteur au lendemain de l'élection, le 31 octobre, de Michel Aoun à la présidence de la République. « L'amélioration attendue (suite à cette élection au terme de plus de deux ans de vacance présidentielle, NDLR) n'a pas été au rendez-vous, même si ce n'est pas uniquement lié aux récents développements politiques dans le pays », estime Élie Tahchi, directeur des ventes à Trillium. Il pointe notamment du doigt, parmi les facteurs les plus significatifs, l'impact du « ralentissement économique constaté dans plusieurs régions du monde ces derniers mois, notamment dans les pays du Golfe ». Un phénomène qui a affecté, selon lui, l'appétit des investisseurs issus de la diaspora.

La réalité du ralentissement du marché immobilier est en partie retranscrite dans les derniers chiffres du secteur immobilier, qui est, pour rappel, l'un des principaux moteurs de l'économie libanaise – il a pesé pour 14,5 % du PIB en 2015 selon les derniers comptes nationaux publiés en mars par l'Administration centrale de la statistique. Si, selon le cadastre, le nombre et la valeur des transactions immobilières ont augmenté fin avril comparé à la même période en 2017 – à respectivement 22 966 (+12,5 %) pour 3,1 milliards de dollars (+8,9 %) –, la valeur moyenne a pour sa part reculé de 3,2 % (pour atteindre 133 463 dollars). Il en est de même pour les nouveaux projets sur la même période : selon les chiffres de l'ordre des ingénieurs et des architectes de Beyrouth et de Tripoli, le nombre de permis de construire a diminué de 6,3 % (à 5 484) pour une superficie totale également en baisse (-5 % pour plus de 4,1 millions de m²). Pour rappel, le nombre de permis délivrés ne correspond pas nécessairement à celui des projets lancés à court terme.

Face à cette situation, les promoteurs continuent de s'adapter à une demande beaucoup plus exigeante. « Depuis environ deux ans, le secteur se focalise sur le développement et la vente de petites surfaces à des prix raisonnables, surtout dans Beyrouth et sa périphérie. Les logements qui font plus de 200 m² ne sont presque plus demandés », confie M. Khoury, pour qui cette tendance pourrait encore durer 4 ans. « Aujourd'hui, le budget moyen des acheteurs se situe entre 250 000 et 350 000 dollars pour ces surfaces, que ce soit pour un logement ou un bureau. Au-delà, on trouve les projets à environ 10 millions de dollars, qui forment une catégorie à part, mais les tranches intermédiaires ont disparu », renchérit M. Tahchi. « À Beyrouth, ce sont les surfaces de 80 à 120 m² qui ont la cote, y compris du côté des promoteurs qui souhaitent lancer de nouveaux projets », enchaîne enfin le PDG de Al Dar Development SAL, Moussa Charaf. « Cette tendance a été renforcée par les mesures prises par la Banque du Liban pour soutenir la demande sur le marché local, notamment à travers ses programmes de soutien au crédit privé », ajoute-t-il.

 

 

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commentaires (5)

L'histoire du marché immobilier au Liban depuis la fin de la guerre avec les projets faramineux, dont le Solidere suivi de ces mega-projets à millions de $, où on spéculait surtout sur la riche clientèle du golfe et les expatriés, en s'en foutant du jeune Libanais moyen, est le reflet typique de l'atmosphère politique et l'esprit de mercantilisme et de spéculations sans fin de magouilleurs bien introduits et qui veulent se faire des fortunes rapides au détriment de toute logique. En effet, les prix demandés au mètre carré étaient parfois plus chers que dans les centre-villes de capitales européennes, dans un pays instable, à l'économie à terre: on avait attiré une certaine clientèle richissime, ou naïve d'expatriés nostalgiques pour quelques années, mais le monde a compris et la manne à tari. Et ce qui est encore unique au Liban, c'est qu'il n'y a aucune loi de marché d'offre et de demande: on s'entête à garder des prix très élevés, même avec des dizaines de milliers d'appartements vides et invendus! Finalement, les promoteurs se tournent vers la marché local de petites surfaces plus modestes: il était temps que cette bulle spéculative absurde éclate!

Saliba Nouhad

14 h 46, le 29 juin 2017

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Commentaires (5)

  • L'histoire du marché immobilier au Liban depuis la fin de la guerre avec les projets faramineux, dont le Solidere suivi de ces mega-projets à millions de $, où on spéculait surtout sur la riche clientèle du golfe et les expatriés, en s'en foutant du jeune Libanais moyen, est le reflet typique de l'atmosphère politique et l'esprit de mercantilisme et de spéculations sans fin de magouilleurs bien introduits et qui veulent se faire des fortunes rapides au détriment de toute logique. En effet, les prix demandés au mètre carré étaient parfois plus chers que dans les centre-villes de capitales européennes, dans un pays instable, à l'économie à terre: on avait attiré une certaine clientèle richissime, ou naïve d'expatriés nostalgiques pour quelques années, mais le monde a compris et la manne à tari. Et ce qui est encore unique au Liban, c'est qu'il n'y a aucune loi de marché d'offre et de demande: on s'entête à garder des prix très élevés, même avec des dizaines de milliers d'appartements vides et invendus! Finalement, les promoteurs se tournent vers la marché local de petites surfaces plus modestes: il était temps que cette bulle spéculative absurde éclate!

    Saliba Nouhad

    14 h 46, le 29 juin 2017

  • DES REVEURS ! ATTENTION DE LAISSER LE REVE DEVENIR LE MAITRE !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 48, le 29 juin 2017

  • Il ne faut pas être expert pour constater que les 6 à 9 mois évoqués pour la reprise du marché immobilier ne sont pas crédibles. La confiance est totalement perdue à cause de la corruption et du clientélisme. Et sans un regain de cette confiance il n'y aura jamais de redécollage.

    Joseph KHOURY

    09 h 07, le 29 juin 2017

  • Les prix étant déjà très élevé, sans une amélioration significative de l'économie locale, ainsi qu'une reprise de la création d'emplois au liban, ces pauvres monsieur ce font des illusions.

    Cyril Menassa

    08 h 21, le 29 juin 2017

  • En lisant entre les lignes de cet article anormalement optimiste ...il y a lieu d'être méfiant ou pessimiste ...voir les deux....!

    M.V.

    08 h 08, le 29 juin 2017

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