La BDL et le ministère des Finances finalisent un swap de 5,5 milliards de dollars

Le ministère des Finances a annoncé dans un communiqué hier avoir finalisé avec la Banque du Liban (BDL) une opération d’échanges de titres de dette (debt swap). Le ministère affirme ainsi avoir échangé pour 5,5 milliards de dollars d’obligations du Trésor en livres détenues par la Banque centrale pour un montant équivalent d’eurobonds (obligations d’État en devises). Il ajoute que la BDL va souscrire « dans le cadre de l’accord » pour 8 250 milliards de livres (5,5 milliards de dollars) en bons du Trésor à un taux d’intérêt de 1 %.

« L’ensemble de l’opération doit permettre de réduire le service de la dette de 1,4 milliard de dollars » sur la période couvrant l’ensemble des échéances des titres concernés, a poursuivi le ministère, sans préciser clairement si cette économie était uniquement liée à l’émission de titres à 1 % (contre 8 % en moyenne selon les taux du marché) ou à la combinaison des deux transactions.

Deux opérations ?
Ce debt swap avait été annoncé par le ministre des Finances Ali Hassan Khalil en mars devant les parlementaires et évoqué par le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, dans un entretien à la chaîne Bloomberg début mai. Aucun des deux n’avait cependant détaillé le mécanisme fixé. Selon plusieurs financiers interrogés par L’Orient-Le Jour, la description qui en est faite dans le communiqué du ministère des Finances laisse penser qu’il s’agit de deux opérations distinctes : un swap et une nouvelle émission de titres en livres.

L’ensemble des transactions décrites présentent des avantages pour les deux parties. En plus de diminuer le coût de la dette, elles vont par exemple permettre au gouvernement d’assurer ses besoins de financement en dollars pour 2018, comme l’a rappelé le ministère. Pour les financiers interrogés, cela représente « l’assurance d’avoir des fonds suffisamment longtemps pour financer l’État, au cas où les consultations avec les députés élus le 6 mai ne débouchent pas rapidement sur la formation d’un nouveau gouvernement ».

Pour le directeur du département de recherche de la Byblos Bank, Nassib Ghobril, l’opération va « améliorer le profil de la dette, en plus d’augmenter les actifs en devises de la BDL via les nouveaux eurobonds qu’elle va détenir ». La dette publique libanaise a dépassé la barre des 80 milliards de dollars au début de l’année et représente 150 % du PIB.

S’agissant enfin des eurobonds détenus par la BDL, Marwan Mikhael, qui dirige le département de recherche de Blominvest, considère que « ce sera à la Banque centrale de décider d’en vendre sur le marché secondaire ou plutôt d’attendre ». Il souligne que les cours des eurobonds ont chuté à deux reprises ces dernières semaines, principalement en raison des incertitudes au niveau régional provoquées par les déclarations américaines sur l’Iran et la situation à Gaza.

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